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Commentaire de Elisa

sur Entretien avec Jacques Sapir : la sortie de l'euro nécessaire...


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Elisa 19 juillet 2013 14:49

PS : J’illustrerai mon commentaire par la conclusion passionnante d’un entretien récent entre Frédéric Lordon et Emmanuel Todd
http://www.marianne.net/Lordon-Todd-Les-intellectuels-vont-devoir-parler-au-peuple_a229828.html
La fin de cet entretien donne peut-être la meilleure synthèse sur la cohérence entre la nation et l’ouverture.

"Ne craignez vous pas que ces projets de sortie de l’euro ne vous conduisent à être taxés de "repli national" ?

F.L. : Avez-vous lu l’Etat commercial fermé, de Fichte ? Au début du XVIIIe siècle, ce philosophe invite les Allemands à être autosuffisants économiquement : on ferme tout. Evidemment, la chose ne serait plus ni possible ni souhaitable maintenant. Mais l’intérêt de le lire, c’est de voir que sa position strictement autarcique en économie ne s’accompagne pas moins du désir de la plus grande ouverture internationale sous tous les autres rapports : circulation des intellectuels, des artistes, des étudiants, des voyageurs de toutes sortes.

Pour tout ça, oui, libre circulation maximale ! C’est une lecture qui, en creux, en dit long sur l’état présent de colonisation de nos esprits par l’économicisme. Autant les internationalistes que les européistes n’envisagent plus « les échanges » qu’à travers la circulation des conteneurs et des capitaux, et ils sont incapables de penser un régime d’échanges internationaux qui se déploie dans un autre plan. Si on arrête un conteneur aux frontières ou qu’on met un contrôle des capitaux, c’est donc l’ abomination obsidionale. Voilà leur unique critère pour juger de l’internationalisme.

E.T. : Le véritable internationalisme aujourd’hui, ce serait d’accepter l’existence de toutes les nations et d’assurer leur égalité dans un système européen et mondial équilibré. Mais l’Europe a changé de nature. C’était un beau projet : des nations libres et égales acceptant le lepadership franco-allemand. La concurrence généralisée du libre-échange en a fait le champ d’un affrontement silencieux mais féroce entre nations. L’euro a fait muter le continent en un système de domination hiérarchique, avec ses inférieurs grecs, portugais, espagnols ou italiens, et un hegemon allemand.

Face à cette mutation, la France, sans en être consciente, se déshonore. Les européistes au pouvoir dénoncent la germanophobie de ceux qui décrivent la réalité. Ils se présentent comme de bons universalistes en défendant la fiction du couple franco-allemand. La vérité est que, sans la complaisance de la France, dans sa posture de brillant second qui cherche à passer à travers les gouttes, l’Allemagne ne pourrait pas imposer aux pays faibles du Sud des politiques de destruction de l’Etat social et de la démocratie. Le Parti socialiste au pouvoir devrait avoir honte. "


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