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Commentaire de Soi même

sur De la peur d'être libre !


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Soi même 11 octobre 2013 11:44

En réponse à ces propos qui semble avoir un point de vue unilatéral et personnel de la Liberté.

 Un extrait : de

LA PHILOSOPHIE DE LA LIBERTÉ RUDOLF STEINER.
PREMIÈRE APPENDICE À LA NOUVELLE ÉDITION (1918)
Dans la seconde partie de ce livre, nous avons essayé d’établir que la liberté fait partie constitutive de la nature de l’action humaine. Pour cela, nous avons dû isoler, de la totalité des actions humaines, celles qui, soumises à un examen sincère, permettent de conclure à la réalité de la
liberté. Ces actions sont les réalisations d’intuitions idéelles. En ce qui concerne toutes les autres actions, l’examen sincère ne saurait les déclarer libres. Mais l’homme qui s’étudie lui-même, sans parti-
pris, trouve en lui une aptitude bien nette à progresser dans la conception des intuitions morales et dans leur réalisation. Certes, cet examen de la nature morale de l’homme ne constitue pas, à lui seul, une preuve de la liberté. Car, si la pensée intuitive jaillissait d’autre chose que d’elle-même, si elle ne reposait pas entièrement sur sa propre existence, la conscience de notre liberté, telle que nous la trouvons dans nos actions morales, ne serait qu’une image trompeuse. Maisla seconde partie de ce livre s’appuie tout naturellement sur la première. Dans cette première partie,nous avons décrit la pensée intuitive comme l’activité spirituelle intérieure dont l’homme a conscience. Comprendre par
expérience cette nature intuitive de la pensée, c’est en même temps
reconnaître sa liberté
. Et lorsque l’on sait que la pensée humaine est libre, il est facile de déterminer la sphère du vouloir à laquelle cette même liberté s’étend. Celui qui accorde à la nature intuitive de la pensée un caractère absolu, parce qu’il a eu l’expérience intérieure de cet absolu, celui-
là sait aussi que l’homme agit librement. Mais celui qui ne peut avoir cette expérience intérieure cherchera bien en vain des preuves irréfutables de la liberté. Par l’expérience dont nous parlons ici, l’homme
trouve la pensée intuitive dans sa conscience, mais la réalité de cette pensée intuitive n’est pas limitée à la conscience. La liberté est, au regard de l’expérience humaine, le signe distinctif des actions vraiment issues des intuitions de la pensée.

Avril 1918 RUDOLF STEINER.


La morale de la liberté n’implique donc pas que l’esprit libre soit la seule forme sous laquelle l’homme puisse exister. Elle voit seulement dans la liberté spirituelle le dernier degré de l’évolution humaine. Ceci n’empêche pas qu’à une certaine étape de cette évolution, l’action, selon des normes ait sa raison d’être. Mais elle ne saurait être reconnue comme un point de vue moral absolu. L’esprit libre triomphe des normes en ce sens que, non content de trouver ses motifs dans des commandements, il organise son action d’après ses impulsions spirituelles (intuition).
Lorsque Kant s’écrie : « Devoir ! nom sublime qui ne supporte pas le plaisir ni la flatterie,mais réclame les soumissions »... « loi qui impose une loi..., devant laquelle toutes les inclinations se taisent, même alors qu’elles la combattent secrètement »,l’homme lui répond, de par la conscience de son libre esprit : « Liberté ! nom amical, nom humain, qui contiens en toi tout mon plaisir moral tout ce qu’honore le plus mon humanité, et ne me fais serviteur de personne, et ne m’imposes pas simplement un ordre, mais attends ce que mon amour moral reconnaîtra lui-même pour son ordre, parce qu’il se sentirait esclave en regard de toute loi imposée
 ». Tel est le contraste entre la morale de l’autorité et la morale de la liberté.
Le « philistin », qui voit la morale fixée une fois pour toutes dans un ordre extérieurement établi, trouvera peut- être que l’esprit libre est un homme dangereux. Ceci, parce que son regard borné ne franchit point les limites de son époque. S’il considérait la chose de plus loin, il s’apercevrait que l’esprit libre n’a pas plus souvent besoin d’enfreindre les lois de son pays que le philistin lui-même, et que jamais il ne se trouve en véritable confit avec elles. Car les lois des États sont inspirées entièrement par les intuitions d’esprits libres ; de même pour toutes les lois objectives
de moralité. Il n’est pas, dans l’ordre de l’autorité familiale, de commandement qui n’ait été conçu, au début, par quelque ancêtre, de manière intuitive, et établi comme tel ; les conventions morales elles -
mêmes ont été, au début, fixées par des hommes, et les lois des États naissent tout d’abord dans la tête des hommes d’État. Ces esprits ont imposé leurs lois aux autres humains, et ceux-ci ne sont esclaves que lorsque, oubliant cette origine humaine des lois, ils voient en elles soit une révélation divine, soit des concepts objectifs et impératifs indépendants de l’homme, soit encore l’entité faussement mystique d’une voix « intérieure » douée d’infrangible autorité. Par contre, celui
qui connaît l’origine humaine des lois, honorera en elles des productions de ce monde spirituel auquel il puise lui-même ses intuitions morales. S’il pense que ses propres intuitions sont meilleures, il essayera de les mettre à la place de celles qui règnent actuellement ; mais s’il trouve
ces dernières légitimes, il agira d’après elles, tout comme si elles provenaient de lui. Nous ne saurions admettre la formule d’après laquelle l’homme est mis au monde pour réaliser un certain ordre moral universel, conçu en dehors de lui. Cette formule est du même ressort,
en ce qui concerne la science de l’homme, que la formule ancienne des naturalistes qui disaient : le taureau a des cornes pour pouvoir se défendre. La science moderne a heureusement fait justice de
ces croyances finalistes. L’éthique a plus de mal à s’en débarrasser. Et cependant, si le taureau n’a point de cornes pour se défendre, mais se défend grâce à ses cornes, de même l’homme n’est pas fait pour
la moralité, mais la moralité apparaît grâce à l’homme. L’homme libre agit moralement parce qu’il a une idée morale et non point pour que la moralité existe. Les individus humains, avec leur faculté intuitive, sont les premières conditions de l’ordre moral universel.
L’individu humain est la source de toute moralité, et le centre de toute vie terrestre. Les États, les sociétés, ne sont que les résultats nécessaires de la vie individuelle. Certes, les États et les sociétés réagissent ensuite sur la vie individuelle, comme l’acte de se défendre réagit sur l’évolution
des cornes du taureau, qu’il favorise, tandis que l’inaction les atrophierait. L’individu, lui aussi, s’atrophierait s’il menait sa vie isolément, hors de toutes collectivités humaines. L’ordre social se forme précisément avec le but de réagir, d’une façon aussi heureuse que possible, sur les individus.

http://www.paganisme.fr/fichiers/2008/05/Philosophie-de-la-libert%C3%A9.pdf


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