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Commentaire de ffi

sur Histoire du Bien Commun


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ffi 3 décembre 2013 17:58

Disons qu’il vous faut déjà comprendre l’organisation dans l’ancien régime :
 
Après l’effondrement de l’administration carolingienne, la féodalité fut un mouvement de reconstruction de l’administration. Cette reconstruction fut pragmatique : elle s’appuya sur ceux qui avaient localement une influence. Le "marché" était : nous vous offrons des privilèges, en échange de quoi vous acceptez d’obéir au Roi et de fournir des services à la population (police, justice, archives administratives, entretien des routes et bâtiments communs,...etc).
 
Selon les lieux, cette administration était soit
- un laïque (un noble, seigneurie laïque)
- un abbé sur une terre appartenant à l’église (seigneurie ecclésiastique)
 
Avec le temps, certains nobles ont accordé à certaines zones urbaines la possibilité de s’administrer collectivement, ce fut l’essor des communes, des échevins et des bourgmestres.
 
Cependant, dans une même conurbation, certains zones pouvaient être sous l’administration d’un noble, d’autres sous l’administration d’un ecclésiastique, et d’autres sous l’administration de la commune. Voire même, bien souvent, un habitant pouvait être sous la juridiction d’un noble pour ceci, d’un ecclésiastique pour cela, de la commune pour ça.
 
Il s’ensuit que les états généraux, qui regroupaient des délégués de tous les territoires, comportaient donc 3 sortes de délégués, ceux issus des seigneuries laïques, ceux issus des seigneuries ecclésiastiques, ceux issus des communes : nobles, clercs et bourgeois.
 
Les états généraux offraient la part belle à l’Église.
En effet, l’église administrait beaucoup de territoires.
 
Bien souvent, les nobles offrait une zone de son fief à une abbaye avec mission de le cultiver et de l’administrer. Ainsi de nombreux villages furent fondés. L’abbaye défrichait les terres, construisait des moulins, construisait des maisons pour y installer des paysans, en général avec une église au milieu, ce qui a donné l’allure de nos villages actuels.
 
Les paysans étaient souvent reconnaissant à cette abbaye, car ils savait qu’elle avait de fait organisé leur survie collective, en organisant le travail, en construisant les logements, en défrichant les forêts et en assainissant les marais,..etc.
Donc l’abbé était légitime dans son rôle de représentation du territoire.
 
Pour les protestants, le poids considérable de l’Église, du fait qu’elle administrait grand nombre territoire, était une gêne. Le protestantisme était surtout présent dans les municipalités urbaines. Les conurbations étant un entremêlement de juridictions ecclésiastiques, laïques ou bourgeoises (communes), le protestantisme donnait un intérêt immédiat aux bourgeois d’élargir leur prérogatives sur toute la conurbation en marginalisant le rôles des ecclésiastiques à leur profit.
 
Ainsi, Jean Bodin, quand il affirme qu’il n’y a de richesse que d’homme, ne le fait certainement pas sans arrières-pensées. C’est à l’institution des états généraux qu’il s’en prend, car leur mode d’organisation donne un très grand poids à l’église, du fait de l’existence de nombreuses seigneuries ecclésiastiques.
 
De fait, à sa suite, les états généraux seront rarement convoqués.
 
Ayant exclu des décisions politiques tout pouvoir local, en les marginalisant, sur quoi pouvait donc s’appuyer la monarchie ? Sur rien, si ce n’est sur elle-même et elle se proclama pour l’occasion de Dieu. Elle a donc construit un corps d’officiers au service du Roi, l’État moderne.
 
À noter que cette assertion "tout pouvoir vient de Dieu" est apocryphe.
Dans l’évangile on trouve "nul pouvoir sans Dieu".
 
Ensuite quand tu dis que le peuple est "asservi" :
il faut voir que les gens sont demandeurs des bienfaits que peut leur apporter une société bien ordonnée. Ils demandent de la justice, de la police, ils demandent des règlements pour les protéger, ils demandent des routes pour commercer. C’est la raison pour laquelle c’est un bien qu’il y ait des gens qui se consacrent à la résolution de ces problèmes politiques.
 
Toute vie en société implique de laisser une place aux autres, et cela suppose donc de laisser une part de son ambition au vestiaire. Personne n’est Dieu sur terre. Mais faire passer cela pour un asservissement, c’est une erreur. L’homme est au service de la société, certes, il y tient un rôle. Mais la société lui apporte d’avantage de services que ceux qu’il pourrait jamais obtenir de lui-même. Imaginez-donc tous ce que vous avez comme Bien matériels chez vous (télé, ordi, frigo, meubles,...etc) : jamais vous n’auriez pu les produire de vous-même.
 
Donc il ne faut pas s’y tromper. Les nobles et les ecclésiastiques de la féodalité ne doivent pas être vus en général comme de méchants tyrans qui asservissaient le peuple. Ils doivent être vus comme des gens qui avaient un rôle politique dans la régulation de la société, et que ce rôle impliquaient pour eux bon nombre de devoir. Leur rôle n’était pas différent des rôles politiques que nous avons aujourd’hui : préfets, maires...etc. Ils participaient de l’administration de l’état.


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