@Mr Kout et davideduardo
"Mais il ne sont en aucun cas universalistes,alors que le message de jesus l’est,étrange pour un zélote."
Cette remarque appelle plusieurs réponses (et précisions) de ma part. Sachez au préalable, si vous ne l’avez pas compris comme tel, que je suis un anti-universaliste et que, pour répondre en même temps à davideduardo, je préfère largement un Avigdor Lieberman, qui est un identitaire pur et dur (c’est à dire un "sioniste") mais qui ne cherchera pas à m’imposer un quelconque Nouvel Ordre Mondial, à un Jacques Attali dont la vision universaliste (car inspirée en grande partie de Karl Marx) nous conduit tout droit vers un éclatement des nations et vers un gouvernement planétaire. Par ailleurs je me permets avant de répondre directement à la remarque de Mr Kout de citer les principaux courants existant dans la société juive à l’époque du Christ :
1 - Les zélotes ou les ancêtres des sionistes
- Pour rappel, le "sionisme" est avant tout le sentiment des juifs d’appartenance à un même peuple. Cette vision identitaire du judaïsme s’est traduite notamment à partir du XiXè s via Théodor Herzl, lequel estimait (je schématise) que pour le bien de tout le monde il fallait clarifier la situation inhérente aux juifs d’Europe afin qu’ils aient un état à eux, ce qui permettrait, d’après lui, de sortir de l’ambiguïté. (En gros, Herzl considérait que, soit les juifs devaient complètement s’assimiler à leur pays d’origine, soit partir pour un pays qui leur serait propre. Mais qu’il fallait sortir de " l’entre-deux". Herzl estimant pour sa part qu’il ne pouvait plus s’assimiler, il a opté pour la 2è solution)
Donc cette vision identitaire juive nécessitant une "Terre" était très exactement celle des zélotes à l’époque du Christ
C’est pour ça qu’avant d’employer le mot "sionisme" à toutes les sauces dans les débats, il faut bien réfléchir à son sens premier.
2- Les pharisiens (ou les ancêtres du "messianisme juif" universaliste)
- A l’époque du Christ, les pharisiens représentent le courant principal de la société juive. Ils se caractérisent par le strict respect et l’observance de la Torah, du Talmud et aussi de la Tradition orale qui est évolutive. La Terre d’Israël n’étant pas pour eux une nécessité absolue en regard de la Torah ou du Talmud et c’est la raison pour laquelle ils ont, historiquement, collaboré avec le pouvoir romain d’occupation. D’où les qualificatifs que j’ai employés à leur égard, à savoir "pacifistes" et ’collaborateurs".
Par ailleurs, ils sont effectivement "universalistes" car à l’origine après avoir subi l’exode, loin de leur terre, les juifs ont voulu progressivement amener les populations avec qui ils étaient en contact à leur foi. Le terme "prosélyte" désignant au départ un converti à la religion juive.
Enfin, les pharisiens sont les principaux rédacteurs du Talmud. (A ce sujet, je signale que les juifs ultra-orthodoxes, héritiers du ’pharisaïsme’ sont antisionistes ET talmudiques et ça m’amuse quand j’entends un Alain Soral parler de "talmudo-sionisme" alors qu’il s’agit en fait d’un oxymore...).
3 - Les Saduccéens
Autre courant contemporain du Christ, ils sont les principaux rivaux des pharisiens bien qu’étant assez proches d’eux, théologiquement parlant. Ils étaient moins axés sur les traditions orales et plus littéralistes
4- Les Esséniens
Courant assez marginal dont seraient issus le Christ ainsi que son cousin Jean Le Baptiste, il se caractérisait par un mode de vie d’esthètes, qui vivaient dans la pauvreté, un peu à l’image des moines.
Après ce petit tour d’horizon, j’en profite pour revenir (enfin) à votre remarque : le message du Christ se voulait universel mais pas universaliste en ce sens que le Christ n’a jamais cherché à convertir, ni à imposer quelque vision que ce soit. Le message du Christ d’amour du prochain s’inscrit dans le cadre des rapports privés (d’où la notion de "prochain") et n’est en aucun cas une volonté de collectivisme, contrairement à la vision universaliste des pharisiens.