En mettant au même plan ce que vous appelez "séduction" et ce que vous appelez "violence", vous passez sous silence le caractère insidieux du marché (notez que j’emploie plutôt "marché" que "capitalisme").
Je veux dire par là que la logique marchande a percolé dans la société avant de s’établir durablement, de s’imposer et de pervertir le pouvoir. Un événement comme 1789 est l’arbre qui cache la forêt, et c’est à vous, finalement que je ferais le reproche que vous m’adressez. Vous n’avez pas parlé de 1789 ou de toute autre date, résultantes d’un processus plus que temps inauguraux. En mettant l’accent sur la violence, vous semblez condenser le changement qui s’effectue dans le temps en un centre névralgique. Or, il n’y a pas violence à proprement parler, c’est le constat actuel qui vous fait dire ça, au vu de la misère dans laquelle vivent certains à côté du faste quotidien de certains autres. Le marché s’installe et prend ses aises peu à peu, et les grenouilles que nous sommes se sont retrouvées cuites sans avoir senti le moins du monde la température de l’eau augmenter.
Voilà où je veux en venir : le marché a opéré bien plus qu’un rapport de forces, il n’a pas eu à forcer les murailles, on lui a ouvert la porte.
Qu’il y ait eu des expropriations (violentes), c’est certain, mais elles ne sont rien au regard de la propriété privée et du souci de confort généralisés dans les esprits.