Suite et fin
« Dans les court moment de
sa liberté, l’usage qu’il en fait mérite bien qu’il la perde. »
C’est sa façon de voir, et rien
de plus. Et quoi qu’on en pense, le citoyen est mieux représenté par quelqu’un
de sa sensibilité politique qu’il a élu, que par un tiré au sort dont les idées
politiques et les valeurs sont aux antipodes des siennes.
« C’est un contrat entre le peuple et lui même, une volonté
qui émerge d’un débat conduit collectivement et rationnellement… »
A ce que j’observe, dans le débat politique, il y a bien
peu de rationnel et beaucoup de passionnel, d’affectif,
avec des interprétations tendancieuses, du caricaturage systématique et
permanent, des mensonges purs et simples. Et le citoyen tout seul au milieu de
ce foutoir cacophonique ne retiendra que ce qui va dans le sens de ce qu’il
inclinait à croire, a priori.
« …au terme duquel le
peuple confie par suffrage à une ou plusieurs personnes non pas le droit de
décider, mais le devoir d’appliquer les décisions prises. »
Je vous rappelle que ce que
vous appelez le peuple, c’est 50 % des votants + 1, ou 1000 ou 100’000, ou 3’000’000,
ce qui reste proportionnellement assez peu, par rapport à quelques dizaines de
millions d’électeurs inscrits.
« Rousseau a lui les
leçons de l’Antiquité et de la Renaissance italienne, et aussi le jugement de
Montesquieu… »
C’est-à-dire les leçons de
périodes historiques, qui ne diffèrent pas de leur temps dans des proportions
considérables. Les contemporains de Rousseau construisent en pierres et en bois
comme les Anciens, ils voyagent à cheval ou en véhicules hippomobiles comme les
Anciens, ils se chauffent au bois comme les Anciens, leur médecine comme celle
des Anciens est rudimentaire, leur espérance de vie était du même ordre que
celle des Anciens, comme chez les Anciens, la législation est limitée et les
messages circulent à la vitesse de l’homme qui les transporte, et on pourrait
multiplier les aspects de la vie quotidienne communs du Ve siècle av, J.-C. et
du XVIIIe siècle après J.-C.
Conclusion : aujourd’hui,
nos pays industrialisés ne sont plus sur la même planète que celle qui servait
de champ d’observation et de réflexion à Rousseau, à Montesquieu... et à Marx.
Je vous invite à consulter de façon
régulière le « Journal officiel » afin de voir à quelle jungle de
lois, de règlements, d’arrêtés, de décrets, sont confrontés les députés, et
dans laquelle vous préconisez de plonger des citoyens lambda, à charge pour eux
de se démer…, alors que les parlementaires se fondent bien souvent sur les
conclusions de commissions qui défrichent le terrain pour eux, parce qu’ils n’ont
pas les connaissances, notamment juridiques et techniques, qui leur
permettraient de se prononcer en connaissance de cause.
« Cette simple idée de la non représentativité du peuple
fait s’écrouler la thèse : "Rousseau père du totalitarisme".
J’aime à interpréter Rousseau comme le père de la démocratie à venir,
sous peu je l’espère... »
Rousseau est le père du totalitarisme en cela qu’il ne connaît
qu’une seule expression du bien commun – c’était peut-être concevable à son
époque, mais plus de nos jours - et qu’il prétend forcer les réfractaires, non
pas à s’y soumettre, mais à y adhérer. Staline, Hitler, Mao et Pol Pot, par
ordre d’entrée en scène pensaient exactement pareil. Kim Jong-un continue…
P.S. – Je ne cherche pas du tout à vous convaincre, j’exprime
ma façon de voir les choses en général et Rousseau en particulier.