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Accueil du site > Actualités > Citoyenneté > L’antidémocratisme implicite (en êtes-vous atteint ?)

L’antidémocratisme implicite (en êtes-vous atteint ?)

Voici un sujet crucial : l'antidémocratisme implicite, abordé essentiellement dans le premier chapitre du livre d'Antoine Chollet : "Défendre la démocratie directe" que j'ai associé à quelques autres sources et aménagements.

 

On peut considérer que l'antidémocratisme implicite touche les candidats aux élections (notamment celles qui approchent).

 

Certains se revendiqueront même de ce qu'on appelle "la vraie démocratie"... or, comment est-ce possible puisqu'ils cherchent à prendre le pouvoir, puisqu'ils le veulent !

 

Car si la philosophie politique nous a appris quelque chose en 2500 ans, c'est bien que le pire est toujours de donner le pouvoir à ceux qui l'ont voulu.

 


 

L’antidémocratisme implicite est archi répandu : il touche tous ces "bourgeois" (mais pas seulement) qui se disent démocrate en facade et dont le discours révèle un véritable rejet idéologique d’une vraie démocratie digne de ce nom (ce qui fait d’eux de purs : OLIGARCHISTES)

 

Allons-y avec A. Chollet :

 

« Personne aujourd’hui n’ose se dire antidémocrate, mais les arguments n’en révèlent pas moins une méfiance profonde envers la démocratie et une inquiétude face à certaines de ses conséquences. Le problème n’est pas facilité par cette ubiquité du discours démocratique : tout le monde se dit démocrate aujourd’hui, et tout projet se présente comme tel. L’antidémocratisme explicite, qu’il prenne les formes du monarchisme, de l’élitisme, du fondamentalisme religieux ou du corporatisme, est honteux, cantonné en des lieux extrêmement marginaux et ne concerne plus aujourd’hui que des groupuscules sans aucune pertinence politique ou sociale.

 

En revanche, l’antidémocratisme implicite (parfois même inconscient) est, lui, beaucoup plus répandu. Je le crois même très majoritaire parmi les élites (...). »

 

Qui sont les vrais démocrates ? : «  toutes celles et ceux qui pensent que les êtres humains sont égaux et que seule une communauté politique libre peut garantir que cette égalité ne se réduise pas à un slogan vide de sens et de contenu, toutes celles et ceux qui ne sont pas effrayés par le pouvoir du peuple mais considèrent, comme Thomas Jefferson, qu’il est en toutes circonstances le meilleur garant de la liberté. »

 

« Une brève incursion dans l’histoire de la philosophie politique montre rapidement que, depuis la Grèce ancienne, le discours antidémocratique ne s’est guère renouvelé. Une lecture même rapide de l’un des plus anciens et sans doute du plus fameux des antidémocrates — Platon — fera surgir bien des thèmes qui aujourd’hui encore irriguent les discours de ceux qui, puisqu’ils ne peuvent plus s’opposer frontalement à la démocratie, prétendent lui trouver des défauts, dénoncent ses « excès » ou ses pathologies, et veulent l’encadrer pour mieux endiguer ses passions débordantes.

 

La plupart des penseurs et des politiques (c’étaient parfois les mêmes) qui sont à l’origine des régimes constitutionnels actuels - les Etats-Unis, la France, l’Angleterre, la Suisse — avaient des sentiments pour le moins partagés à l’égard de la démocratie et ne faisaient généralement pas mystère de l’un de leurs objectifs principaux en rédigeant les constitutions qui, pour certaines, sont toujours en vigueur : tenir le peuple à l’écart de la politique, l’assigner au seul rôle de spectateur. Ces débats tout à fait essentiels sont aujourd’hui enterrés, et tout le monde identifie les régimes qu’ils ont contribué à créer à la démocratie, en oubliant que leurs « pères fondateurs » auraient trouvé cette idée bien étrange :

« Les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi ; ils n’ont pas de volonté particulière à imposer. S’ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet État représentatif ; ce serait un État démocratique. Le peuple, je le répète, dans un pays qui n’est pas une démocratie (et la France ne saurait l’être), le peuple ne peut parler, ne peut agir que par ses représentants. » 

 

Abbé SIEYÈS, discours du 7 septembre 1789.

 

Qu’on lise également Montesquieu, les Federalist Papers ou les libéraux suisses du 19e siècle pour s’en convaincre !

 

Dans ces textes comme ailleurs, on attribue au peuple toute sorte de tares : il est inconstant, irresponsable, passionné, prompt à suivre des démagogues et à s’embarquer dans des aventures déraisonnables. Il est incapable d’anticiper les conséquences de ses actes tout en méprisant toute prudence lorsqu’il en décide. Et enfin, argument qui couronne toute cette réflexion : le peuple est ignorant, il ne peut comprendre les arcanes du pouvoir et ses subtilités. La conclusion est que, contrairement à ce qu’écrivait Kant à la fin du 18e siècle, le peuple doit être maintenu dans la situation de mineur qui lui sied, sous la tutelle non plus des Lois et des seigneurs, mais d’élites désignées, sinon légitimées, par la richesse (souvent), le savoir (parfois) ou la sagesse (bien rarement).

 

Tous nos systèmes politiques constitutionnels sont construits ainsi (ndlr : parce que les constitutions ne sont jamais d’origine citoyenne et ni démocratiquement rédigées : www.le-message.org) : ce sont des régimes élitistes, ceux-là même qu’on nommait oligarchiques ou aristocratiques dans le vocabulaire politique grec. Le pouvoir appartient à un petit nombre de personnes, le peuple n’y exerçant qu’une fonction de légitimation, principalement par le biais des élections.

 

Cependant, tout au long des 19e et 20e siècles (avec quelques précédents remarquables), des mouvements authentiquement démocratiques sont venus contrôler, limiter, parfois combattre les tendances oligarchiques inscrites dans les ordres constitutionnels européens et américains. Qu’il s’agisse des « sans-culottes » lors de la Révolution française, du mouvement ouvrier et des diverses révolutions qui ont marqué le 19e siècle ensuite, du féminisme, du mouvement des droits civiques aux Etats-Unis, la démocratie, quoique minoritaire et dominée, est néanmoins restée vivante durant tout ce temps.

 

Au-delà de sa force propre, elle l’est aussi restée parce que les régimes constitutionnels ont impérativement besoin d’elle, pour les raisons de légitimation que j’évoquais à l’instant. Sans « peuple » pour soutenir les institutions, plus sérieusement que par quelques plébiscites intermittents, ces régimes s’effondreraient rapidement. « La démocratie » leur est nécessaire, bien qu’ils cherchent à en limiter autant que faire se peut les effets et les conséquences. Ils ont besoin du peuple pour aussitôt lui ôter tout pouvoir, un peuple qui n’est libre « qu’un jour tous les quatre ans », comme le dit Rousseau des Anglais dans Du Contrat social, un peuple « qui règne -mais ne gouverne pas », pour reprendre la formule qui qualifie traditionnellement le monarque en régime constitutionnel... »

 

Sur cette (fausse) « démocratie » de facade nécessaire aux oligarques, observons ce que le boucher de la commune : Thiers expliqua aux royalistes en 1871, pour leur dire qu’il valait mieux faire une démocratie qu’une monarchie, ça donne : 

« La République démocratique est très supérieure à la monarchie pour le maintien de l’ordre. Sa force contraignante sur la multitude est beaucoup plus grande que celle d’un pouvoir monarchique. Dans une monarchie, en effet, c’est la volonté d’un seul qui mène tout, et cette volonté unique est vulnérable à une contestation de la " liberté ". Dans une république démocratique, le pouvoir est l’émanation de la volonté générale, laquelle, dans la réalité concrète, est celle de la majorité des citoyens. Plus d’insurrection, dès lors, qui se puisse faire, théoriquement, au nom de la liberté puisque c’est la liberté elle-même, dans une démocratie, qui fait la loi et désigne le pouvoir. Une insurrection, sous la République, est un attentat contre la République. Il suffit donc de bien mener, chose facile, le suffrage universel pour disposer, grâce à lui, d’une puissance plénière de commandement ; la voilà, la supériorité insigne, inégalable, de la république démocratique sur la monarchie, quant à l’essentiel, qui est l’obéissance du « grand nombre ». Une république démocratique est donc infiniment mieux armée et plus efficace qu’une monarchie pour la protection des biens des possédants. Jean-Jacques Rousseau disait : " Jamais, dans une monarchie, l’opulence d’un particulier ne peut le mettre au-dessus du prince ; dans une république, elle peut aisément le mettre au-dessus des lois." Rien de plus aisé donc, dans une république démocratique, que de faire de l’État la propriété des propriétaires et ce sont eux, par conséquent, qui feront les lois. »

 

« A partir de là, cela signifie qu’il faut complètement repenser ce que le terme de démocratie en est venu à signifier aujourd’hui, revenir à ses sources et comprendre dans quelle mesure les régimes dans lesquels nous vivons et qui s’en revendiquent, en réalité s’en éloignent sur certains points tout à fait fondamentaux. Il faut rappeler son principe premier : le pouvoir au peuple, avec toutes les ambiguïtés théoriques et les difficultés pratiques liées à ces deux termes. Quel pouvoir, quel peuple, et comment ce dernier peut-il prendre le premier et le conserver ? Ce sont de vieilles discussions, et les objections faites à ce pouvoir du peuple le sont tout autant.

 

On oublie généralement que le terme même de « démocratie » a été forgé en Grèce par des antidémocrates cherchant à montrer la supposée absurdité du concept puisque, selon eux, le dèmos (le peuple) était précisément une entité qui ne pouvait pas revendiquer le kratos (le pouvoir). Le pouvoir du peuple devenait alors un concept insensé visant à discréditer les pratiques qui s’en réclamaient. Une démocratie ne pouvait signifier que le chaos et le tumulte incessant, comme cela apparaît très clairement dans les pages que Platon y a consacrées dans La République.

« Démocratie est un terme inventé par les adversaires de la chose : tous ceux qui ont un "titre" à gouverner : ancienneté, naissance, richesse, vertu, savoir. Sous ce terme de dérision, ils énoncent ce renversement inouï de l’ordre des choses : le "pouvoir du dèmos", c’est le fait que commandent spécifiquement ceux qui ont pour seule spécificité commune le fait de n’avoir aucun titre à gouverner. Avant d’être le nom de la communauté, dèmos est le nom d’une partie de la communauté : les pauvres. Mais précisément "les pauvres" ne désigne pas la partie économiquement défavorisée de la population. Cela désigne simplement les gens qui ne comptent pas, ceux qui n’ont pas de titre à exercer la puissance de l’arkhè, pas de titre à être comptés. (...) Est du dèmos celui qui est hors compte, celui qui n’a pas de parole à faire entendre. (...) Est du dèmos celui qui parle alors qu’il n’a pas à parler, celui qui prend part à ce à quoi il n’a pas de part. »

 

Jacques Rancière

 

« Dèmos n’était pas un mot inventé par les démocrates, mais par les adversaires des démocrates. Cela fait une torsion dans le sens originel de la notion - dèmos est un concept polémique, litigieux d’emblée. Le dèmos, ce sont les gens de rien, ceux qui n’ont pas à être comptés et qui ont la prétention d’être tout de même de la collectivité. 

(...)

 

 Si l’on parle de démocratie, essayons de saisir ce qu’il y a de puissance dans ce mot, de puissance non banale, littéralement extraordinaire, originairement scandaleuse. Il me semble plus fécond de parler de la démocratie du point de vue de Platon, pour lequel c’est une, monstruosité, plutôt que du point de vue de Clinton ou Chirac, pour lesquels c’est la soupe ordinaire... »

 

Jacques Rancière

 

Or la cité d’Athènes a montré, bien au contraire, qu’une vraie démocratie pouvait fonctionner sur une longue durée – environ deux siècles –, qu’un nombre très important de citoyens pouvait participer régulièrement au pouvoir en tant qu’égaux, et que, bien loin d’amener le chaos, la décadence ou la médiocrité, cette expérience avait produit quelques-unes des plus belles réalisations de la civilisation grecque.

 

On aurait tort bien sûr de se perdre dans la contemplation de ce passé révolu, car il l’est bien. Il ne s’agit pas de l’imiter ; ON SAIT toutes les insuffisances de la démocratie athénienne qui nous paraissent aujourd’hui singulièrement antidémocratiques : exclusion des femmes de la sphère politique, présence d’une forte population d’esclaves, cruauté envers les autres cités, pratique de l’ostracisme, etc. Ces éléments nous interdisent de considérer Athènes comme un modèle duquel il faudrait se rapprocher autant que possible ; il faut donc penser différemment notre rapport avec elle. Cette expérience extraordinaire peut aujourd’hui encore nous informer, montrer les vraies alternatives et les faux dilemmes d’une démocratie en actes, et par dessus tout nous enjoindre à l’action.

 

Le projet de vraie démocratie se fonde sur quatre valeurs fondamentales, partiellement convergentes sans toutefois être identiques : liberté, égalité, autonomie et émancipation.

 

« Une bonne façon de percevoir l’antidémocratisme implicite est lorsqu’on franchit le point au-delà duquel les élites n’acceptent plus que les décisions populaires les contredisent. Ce ne sont plus les décisions elles-mêmes qui sont attaquées, mais la compétence des citoyens, la légitimité des référendums et des initiatives et fondamentalement, même si ce n’est jamais exprimé ainsi, l’assomption d’égalité politique qui devrait pourtant prévaloir dans toute société démocratique. D’étranges arguments réapparaissent en ces occasions, démontrant que le tempérament aristocratique n’a pas vraiment abandonné nos élites, certaines que les « meilleurs » (c’est-à-dire : elles) doivent gouverner sans trop d’entraves de la part du populaire, et tout particulièrement dans ces domaines de la « haute politique » qu’elles ont toujours cru légitime de se réserver : la diplomatie, l’économie, le commerce, la finance, etc. Que les gens ordinaires décident de l’emplacement des éoliennes ou de la réfection des trottoirs, nous nous chargeons du reste (comprenez : de ce qui est vraiment important). »

 

Aristote disait pourtant :

« A dépense égale, on mange mieux dans les repas à frais communs où chacun paie son écot. Il doit en aller de même dans l’ordre de la délibération politique : l’apport de ce que chaque petite intelligence athénienne possède de capacité délibérante excédera toujours ce que peut offrir la réunion des capacités savantes. » Aristote 

 

Cléon :

« Allons-nous oublier [...] qu’en général les cités sont mieux gouvernées par les gens ordinaires que par les hommes d’esprit plus subtil ? Ces derniers veulent toujours paraître plus intelligents que les lois [...] Les gens ordinaires

au contraire [...] ne prétendent pas avoir plus de discernement que les lois. Moins habiles à critiquer l’argumentation d’un orateur éloquent, ils se laissent guider, quand ils jugent des affaires, par le sens commun et non par l’esprit de compétition. C’est ainsi que leur politique a généralement des effets heureux . » Cléon

 

Castoriadis :

Qui élisait-on à Athènes ? On n’élisait pas les magistrats. 

Les magistrats étaient désignés par tirage au sort ou par rotation. Pour Aristote, souvenez-vous, un citoyen est celui qui est capable de gouverner et d’être gouverné. Tout le monde est capable de gouverner, donc on tire au sort. Pourquoi ? Parce que la politique n’est pas une affaire de spécialistes. Il n’y a pas de science de la politique. Je vous fais remarquer d’ailleurs que l’idée qu’il n’y a pas de spécialistes de la politique et que les opinions se valent est la seule justification raisonnable du principe majoritaire. »

 

Cornélius Castoriadis,

 

« On a pu assister depuis quelques années à la montée d’une critique moins convenue, provenant de mouvements ou partis plutôt situés à gauche, fustigeant volontiers les « passions basses » du peuple (...).

 

On arrive donc à une situation dans laquelle une partie de la gauche s’est mise à critiquer non pas certaines décisions du peuple, mais sa capacité même à prendre des décisions ou l’étendue de ses compétences (ce sur quoi il est habilité à prendre des décisions). Elle accuse alors, par un formidable contresens, la droite nationaliste d’être « populiste », commettant ainsi une double erreur : d’analyse tout d’abord puisque le discours et les actes de cette droite ne sont en rien populistes, et sémantique ensuite puisque, plutôt que de vouer le populisme aux gémonies, il serait grand temps d’en revendiquer à nouveau l’usage car c’est bien à la gauche qu’il appartient, comme l’histoire du terme et de son utilisation le montre de manière exemplaire. En ce sens, le populisme est le contraire de l’élitisme, et non la pratique consistant à « flatter le peuple dans ce qu’il a de plus bas », comme on essaie de le faire croire aujourd’hui. Cette seule expression appartient déjà à une tradition antidémocratique, qui postule qu’il y a une partie de la population qui a des sentiments bas, qui « n’obéit qu’à ses tripes » plutôt qu’à sa tête, qui est émotive et non réfléchie, et qu’il serait dangereux de lui confier trop de pouvoir.

 

C’est pourquoi la gauche doit être populiste, et j’ajouterais même que c’est sans doute ce qui la distingue le plus fondamentalement de la droite.

 

De nos jours les aristocrates ne portent plus perruque, chemise à jabot et souliers à boucle comme autrefois. Ils ne pensent plus vraiment que la seule naissance fait le titre, mais l’argument de fond est resté le même, tout du moins si on prend la peine de le considérer d’un point de vue démocratique. Ils affirment que toute société est irrémédiablement divisée entre des gouvernés et des gouvernants, ces derniers étant nécessairement en nombre restreint et distincts des premiers. Or rien n’est plus éloigné de l’une des valeurs les plus importantes de la pensée et de la pratique démocratiques, qui correspond à la définition qu’Aristote avait donnée du citoyen dans La politique. Rappelons-la : le citoyen démocratique est celui qui est « tour à tour gouverné et gouvernant ». La démocratie n’admet aucune distinction principielle, de naissance, de compétence ou de capacités, entre les citoyens pour tout ce qui relève des affaires politiques. C’est contre ces séparations entre ceux qui s’occupent de politique et les autres que la démocratie s’élève, et contre tout ce qui pourrait les faire passer pour légitimes, raisonnables ou efficaces, ce qui signifie évidemment que toute démocratie s’appuie sur une égalité non seulement politique (droits de parole, de vote, de participation, etc.), mais également économique, sociale et éducative.

 

Par conséquent, la réduction drastique des inégalités économiques et l’universalisation de l’éducation en vue des affaire commune sont deux conditions sine qua non de la démocratie.

 

Toute la tradition de la pensée démocratique insiste sur l’incompatibilité entre la richesse excessive de certains individus et le fonctionnement d’institutions démocratiques.

 

La richesse provoque les inégalités que la démocratie se donne précisément pour objectif de supprimer. »

 

----------------------------------

 

[Concernant les outils référendaires :]

 

Si, comme moi, l’on ne désespère pas complètement de la possible démocratisation des institutions politiques contemporaines, il faut reconnaître que les procédures référendaires sont l’un des lieux possibles – sans être le seul bien entendu – de cette démocratisation. Cela signifie que ces dernières doivent être étendues, augmentées et intensifiées, mais cela requiert dans le même temps qu’on les comprenne comme des institutions démocratiques, et non comme quelque correctif ou élément de stabilisation d’un système représentatif sinon très largement autosuffisant. Les outils référendaires doivent ouvrir à une activité politique intensifiée. Ils sont l’un des chemins conduisant à une démocratie véritablement participative, dans laquelle les citoyens sont des acteurs politiques et non des spectateurs passifs, des zoôn politikon (des animaux politiques, pour reprendre la célèbre formule d’Aristote) et non des sujets. Cette participation permet d’inverser le processus de privatisation et d’apathie que décrivait déjà Tocqueville au 19e siècle, puisque chacun s’occupe alors des affaires de la communauté, qu’elle soit locale, nationale ou mondiale.

 

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« Etre citoyen, cela requiert une activité à la fois permanente et partagée. On ne cesse pas d’être citoyen en franchissant les portes d’une entreprise, de son appartement ou de l’école. On ne se contente pas d’être citoyen les dimanches de vote, car le citoyen et la démocratie ne font qu’un, le premier fait la seconde et celle-ci, en retour, rend possible et sensée l’existence du premier.

 

Aujourd’hui en France et ailleurs, les citoyens en ce sens véritable sont trop rares, (...)

 

Il est temps qu’un réveil civique vienne grossir leurs rangs, que l’on rappelle que, dans une démocratie, personne ne « délègue » ses affaires politiques à des « représentants », que puisque les décisions politiques affectent tout le monde, chacun doit pouvoir y prendre part concrètement et de manière décisive (c’est la définition même de la liberté), et que, pour finir, nous devons collectivement réveiller notre imagination politique afin de transformer notre action et nos institutions, ne pas rester prisonniers du passé et des traditions mais savoir leur emprunter ce qu’ils ont créé de meilleur et le faire fructifier. »

 

Tags : Démocratie




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16 réactions à cet article    


  • vote
    Ilaperdulesud Prosper PaleNord 31 janvier 2014 17:27

    Finalement je trouve que les propos gagnent plus en crédibilité avec le masque, et puis cette barbe d’intégriste extrémiste négligé du babacoolisme le plus débridé donne l’impression d’être gouroutisé au LSD et au THC à notre insuline.


    • 5 votes
      Emile 31 janvier 2014 20:16

      Vous avez raison, continuez à croire en vos maîtres... Vous êtes ridicule à critiquer quelqu’un qui croit en ce qu’il fait ; c’est toujours ce genre de personne qui font changer les choses et non les planqués. Derrière un pseudo c’est plus facile : prenez votre caméra et argumentez un peu, au lieu de cracher votre venin, qui n’a au final aucune porté constructive et est donc totalement inutile.


    • 1 vote
      Dream974 Dream974 3 février 2014 10:29

      Et tu oses porter un Ying et un Yang dérivés par l’eau et le feu, tout en tenant des propos injurieux envers quelqu’un qui essaye juste de faire ce que l’on veut tous, à sa manière, des fois un peu maladroit, mais assez intelligent pour mériter qu’on tende l’oreille. Pfff, bref, change ta photo ou tes propos ....


    • 5 votes
      Aldo Berman Aldo Berman 31 janvier 2014 17:30

      La déclaration de Thiers explique ainsi que l’anti-jeu démocratique, auquel se livre avec beaucoup de plaisir et de zèle nos chers représentants élus et nos chers journalistes de la presse fière et indépendante, est bien huilé.

      C’est d’la mécanique de précision !

      • 2 votes
        Schweizer.ch 31 janvier 2014 18:54

        "Or la cité d’Athènes a montré, bien au contraire, qu’une vraie démocratie pouvait fonctionner sur une longue durée – environ deux siècles..."


        Et quel rapport y a-t-il entre une cité "élémentaire" comme Athènes, et une société "hypertechnicisée" comme la nôtre ?

         Il y a une question que je me pose souvent lorsque j’écoute Etienne Chouard : - Au bout de combien de temps, une assemblée tirée au sort pourra casser une décision d’une assemblée précédemment tirée au sort ? 

        A propos du mariage pour tous, par exemple et pour se situer dans le concret, qui est mon domaine de prédilection... 

        • 4 votes
          Emile 31 janvier 2014 20:45

          Pour être en démocratie il faut respecter le principe de subsidiarité, en gros tout ce qui peut être décidé au plus petit niveau doit l’être. Cela couplé, bien évidemment, aux assemblées populaires ; figurez-vous que ça existe déjà.

          Pour le mariage pour tous, je pense tous simplement que l’on n’impose pas une idée à un peuple qui n’est pas prêt de l’accepter. C’est un choix de société, on fait un référendum et on voit... Votre question montre, il me semble, que vous n’avez pas lu Rousseau - mais je peut me tromper -, dans tous les cas, je vous conseil ce bouquin pour commencer et cette petite interview de l’auteur. 


          • 3 votes
            Emile 31 janvier 2014 20:47

            Ce message est pour Schweizer.ch


          • 2 votes
            bourne 31 janvier 2014 21:11

            Ce message est pour machiavel


          • vote
            Schweizer.ch 1er février 2014 11:17

            « ...aux assemblées populaires ; figurez-vous que ça existe déjà. »

             

            Je connais, et si vous allez au 15 janvier à 16:48, vous y lirez ceci, que j’avais découvert en creusant un peu le sujet : "...il y avait moins de 200 personnes - env. 3,5 % des électeurs inscrits - pour voter le Budget participatif 2014." Au chapitre des assemblées populaires, c’est à rapprocher de l’indifférence dont les Islandais ont fait preuve à l’égard de la rédaction de leur nouvelle constitution.

             

            « Votre question montre, il me semble, que vous n’avez pas lu Rousseau - mais je peut me tromper. »

             

            Vous ne pouviez évidemment pas connaître la calamiteuse opinion que j’ai du citoyen en question.

             

            Vous dites que je ne l’ai peut-être pas lu, mais ce n’est pas faute d’avoir essayé. Le "Contrat social" m’est pratiquement tombé des mains, dès les premiers mots de la première phrase du premier chapitre du Livre 1 : « L’homme est né libre... », ce que je ne crois pas une seule seconde.

             

            L’homme naît dans la dépendance complète de son entourage, et par la suite tous ses jugements et toutes ses actions ont leur origine dans son système nerveux central, sans interférence de la raison. Je suis obligé de schématiser, et c’est pourquoi je ne saurais trop vous conseiller, à mon tour, la lecture de l’"Eloge de la fuite", du Pr Henri Laborit, chirurgien, neurologiste, éthologue et philosophe.

             

            La même faiblesse m’a frappé au début de la deuxième partie du "Discours sur l’origine de l’inégalité...". Rousseau écrit : « Le premier qui, ayant enclos un terrain, s’avisa de dire « Ceci est à moi », et trouva des gens assez simples pour le croire... », alors qu’il est évident que c’était un chef de clan soucieux de préserver les siens de la pénurie, et qu’il ne trouva personne d’assez balèze pour lui disputer son "garde-manger".

            Une version, la mienne, n’ayant rien à voir avec la suite, qui est particulièrement stupide  : « Gardez-vous d’écouter cet imposteur ; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n’est à personne. », parce que la terre est à ceux qui ont les capacités et la force morale de la défendre.

            Pour avoir omis d’en tenir compte, les Soviétiques en Finlande et en Afghanistan, les Américains au Vietnam, en Afghanistan et en Irak, ainsi que les Français en Algérie, pour s’en tenir à quelques exemples, ont payé très cher leur négligence. Les Indiens d’Amérique aussi, qui l’ont compris beaucoup trop tard…

             

            Mais c’est à la fin du chapitre 7 du Livre 1, que se trouve le pompon, si j’ose direr : "...quiconque refusera d’obéir à la volonté générale, y sera contraint par tout le corps ; ce qui ne signifie autre chose sinon qu’on le forcera à être libre...", et cela fait de Rousseau le père de tous les totalitarismes du XXe siècle.

             

            Triste... sire, en vérité !


          • 1 vote
            Emile 1er février 2014 11:40

            Je me suis trompé vous avez lu Rousseau et en avez fait votre interprétation. Je pense que l’on retient bien ce que l’on veut dans l’oeuvre de Rousseau. Il ne reste qu’un homme et a surement dit des bêtises, mais, indéniablement selon moi, il nous donne des clés d’émancipations. J’aimerais vous citer un passage du bouquin de Mr Jouary que je vous ai conseillé :

             "C’est bien à nous, humains du XXIe siècle, que s’adresse Rousseau :


            << Sitôt que le service public cesse d’être la principale affaire des citoyen, et qu’ils aiment mieux servir leur bourse que leur personne, l’Etat est déjà près de sa ruine. Faut-il marcher au combat  ? ils payent des troupes et restent chez eux ; faut-il aller au conseil ? ils nomment des députés et restent chez eux. À force de paresse et d’argent ils ont enfin des soldats pour asservir la patrie et des représentants pour la vendre.
            [...] Donnez de l’argent, et bientôt vous aurez des fers. Ce mot de finance est un mot d’esclave, il est inconnu dans la Cité. Dans un Etat vraiment libre les citoyens font tout avec leurs bras et rien avec de l’argent. Loin de payer pour s’exempter de leurs devoirs, ils payeront pour les remplir eux-mêmes. >>

            N’est-on pas là au cœur des enjeux de notre époque ? Rousseau souligne comme une évidence qu’il ne saurait y avoir de souveraineté et de liberté politique sans l’intervention consciente et active de l’ensemble des citoyens. Cela suppose que la volonté d’un peuple ne puisse jamais être représentée. Ce qui re-présente est supposé rendre présent ce qui ne l’est pas, et rend donc possible toutes les distorsion, les dépossession, donc les pertes de souveraineté et de liberté. Rousseau le dit pour la représentation politique, et il le dit pour la représentation monétaire. La première peut se retourner contre la volonté réelle du peuple, la seconde peut se retourner contre sont économie réelle. Examinons ces deux questions qui sont intimement liées dans sa pensée comme dans notre réalité présente.

            Première idée : Le peuple ne peut être représenté.
            Rousseau n’ignore pas qu’il y a différentes formes de gouvernement comme la monarchie, l’aristocratie ou la démocratie. Mais il ni voit pas la distinction essentielle de la politique. Résumons en quelques mots. Rousseau prend ces trois mots au sens propre, et non au sens ou nous les entendons trop souvent aujourd’hui. Monarchie signifie prédominance d’un seul gouvernement (mono) et non pas la royauté. Ainsi l’actuelle Angleterre a-t-elle une reine sans aucun pouvoir et un parlement qui peut renverser l’exécutif, le premier ministre : il s’agit donc d’un régime parlementaire ; la France actuelle n’a pas de rois mais sont président peut dissoudre l’Assemblée et même supprimer les libertés publiques : il s’agit au sens propre d’une monarchie élective. Rousseau évoque donc la monarchie comme un système où le peuple confie le gouvernement à une personne qui se détache des autre dans sa considération, qu’elle soit ou non élue au suffrage universel. Il évoque aussi l’aristocratie, c’est à dire non pas le pouvoir de la noblesse mais, au sens propre, le pouvoir des meilleurs. En ce sens l’Angleterre est ainsi, comme les états unis ou l’Allemagne, une aristocratie élective puisque pour l’essentiel les pouvoirs sont confiés à un groupe de personnes. Il évoque enfin la démocratie au sens propre, c’est à dire le pouvoir exercé en totalité par l’ensemble du peuple. Et en ce sens il n’existe aujourd’hui que très peu de régimes démocratiques : ce fut le cas de la plupart des tribus qui palabraient avant de décider, comme c’est le seul cas de la suisse parmi les pays développés, puisque les élus y sont toujours soumis à la possibilité de référendums (les fameuses votation) imposés par un groupe de citoyens. Rousseau, ne n’oublions pas, était citoyen de Genève. En ce sens propre du mot démocratie la France, par exemple, n’en est pas une, puisqu’il est courant d’entendre ses gouvernants expliquer qu’ils ne veulent pas organiser de référendum auquel les citoyens risqueraient de répondre "non".

            Rousseau évoque ces trois systèmes, mais l’essentiel se trouve pour lui ailleurs : la question décisive à ses yeux concerne la possibilité pour le peuple de conserver ou non sa pleine souveraineté. Écoutons ce qu’il disait du peu de suffrage qui existait alors de l’autre coté de la Manche : 

            <<Le peuple anglais pense être libre il se trompe fort ; il ne l’est que durant l’élection des membres du parlement : sitôt qu’ils sont élus, il est esclave, il n’est rien.>>

            Et Rousseau ajoute sobrement : 

            <<Dans les court moment de sa liberté, l’usage qu’il en fait mérite bien qu’il la perde.>>

            C’est que, pour lui, la liberté ne saurait consister à confier par le suffrage tout le pouvoir à un ou plusieurs hommes. Ce prétendu contrat est un marché de dupe car dans un contrat, commercial par exemple, si la liberté de dénoncer le non-respect du contrat ne fait pas partie de l’échange, tout les vols sont possibles. C’est pourquoi il est liberticide d’élire des gouvernements de sorte qu’ils puissent après le vote considérer qu’ils peuvent décider ce que bon leurs semble sans que le peuple puisse se prononcer. Le "contrat social" de Rousseau n’est donc pas un contrat entre le peuple et le pouvoir, auquel on déléguerait le droit de diriger. C’est un contrat entre le peuple et lui même, une volonté qui émerge d’un débat conduit collectivement et rationnellement, et au terme duquel le peuple confie par suffrage à une ou plusieurs personnes non pas le droit de décider, mais le devoir d’appliquer les décisions prises. Gouverner c’est tenir le gouvernail, cela n’a rien à voir avec la définition du cap à suivre !
            Pas de possibilité donc de re-présenter le peuple.

            << L’attiédissement de l’amour de la patrie, l’activité de l’intérêt privé, l’immensité des Etats, les conquêtes, l’abus du gouvernement ont fait imaginer la voie de députés ou représentant du peuple dans les assemblés de la nation.C’est ce qu’en certains pays on ose appeler le tiers état. ainsi l’intérêt particulier de deux ordre est mis au premier et au second rang, l’intérêt public n’est qu’au troisième.
            La souveraineté ne peut être représentée par la même raison qu’elle ne peut être aliénée ; elle consiste essentiellement dans la volonté générale, et la volonté ne se représente point, elle est la même ou elle est autre ; il n’y a point de milieu. Les députés du peuple ne sont donc ni ne peuvent être ses représentants, ils ne sont que ses commissaire ; ils ne peuvent rein conclure définitivement. Toute loi que le peuple en personne n’a pas ratifiée est nulle ; ce n’est point une loi. [...]
            L’idée des représentants est moderne : elle nous vient du gouvernement féodale, de cet inique et absurde gouvernement dans le quel l’espèce humaine est dégradée, et où le nom d’homme est en déshonneur. Dans les anciennes républiques et même dans les monarchies, jamais le peuple n’eut de représentants ; on ne connaissait pas ce mot-là.>>

            Ces paroles résonnent sans doute curieusement à nos oreilles de démocrates habitués à chercher des bergers providentiels pour leurs confier tous les pouvoirs. Mais Rousseau a lui les leçons de l’Antiquité et de la Renaissance italienne, et aussi le jugement de Montesquieu : 

            << À l’égard des élections du prince et des magistrats, qui sont, comme je l’ai dit, des actes complexes, il y a deux voies pour y procéder ; savoir, le choix et le sort. L’une et l’autre ont été employées en diverses républiques, et l’on voit encore actuellement un mélange très compliqué des deux dans l’élection du doge de Venise.
            "Le suffrage par le sort, dit Montesquieu, est de la nature de la démocratie." J’en conviens, mais comment cela ? "Le sort, continue-t-il, est une façon d’élire qui n’afflige personne ; il laisse à chaque citoyen une espérance raisonnable de servir la patrie." Ce sont là des raisons.
            Si l’on fait attention que l’élection des chefs est une fonction du gouvernement et non de la souveraineté, on verra pourquoi la voie du sort est plus dans la nature de la démocratie, où l’administration est d’autant meilleure que les actes en sont moins multipliés.
            Dans toute véritable démocratie la magistrature n’est pas un avantage, mais une charge onéreuse qu’on ne peut justement imposer à un particulier plutôt qu’à un autre. La lois seule peut imposer cette charge à celui sur qui le sort tombera. car alors la condition étant également pour tous, et le chois ne dépendant d’aucune volonté humaine, il n’y a point d’application particulière qui altère l’universalité de la lois. >> 

            La cause est entendue, le peuple ne peut être représenté : dès que le peuple considère qu’un gouvernant le représente, il cesse d’être gouverné pour être dirigé, dominé. C’est cette écart entre représentant et représenté qui rend possible la servitude, et c’est pourquoi dans la tradition démocratique, depuis l’antiquité, on s’est méfié de l’élection des gouvernants au suffrage universel et on lui a préféré le système du tirage au sort. Si je suis élu, j’aurais forcément tendance à considérer que l’on m’a choisi pour mes qualité et idées personnelles, et non pour appliquer les idées du peuple lui même. Au lieu de considérer la responsabilité de gouverner comme un devoir, je finirais vite par la considérer comme un pouvoir. Et le peuple des citoyens lui-même finira par considérer qu’il m’a choisi pour le diriger, et non pour lui obéir. C’est pourquoi l’idée même de re-présentation porte en elle le risque d’un transfert de pouvoir qui transforme les gouvernants en maîtres : une fois re-présenté, le peuple lui-même cesse d’être présent. La prétendue représentation du peuple a pour conséquence l’absence politique du peuple, auquel se substitue le pouvoir de l’Etat."
            ...


            Cette simple idée de la non représentativité du peuple fait s’écrouler la thèse : "Rousseau père du totalitarisme". J’aime à interpréter Rousseau comme le père de la démocratie à venir, sous peu je l’espère...


          • 1 vote
            Emile 1er février 2014 12:24

            Pour la démocratie de Grigny, je n’étais pas au courant de ces chiffres. En effet c’est dommage. Mais 3,5% de citoyen c’est toujours mieux que 0,00001%. Je pense qu’avec les institutions adéquate et la dynamique propice nous pourrons facilement atteindre 10% de citoyen, c’est un minimum pour ce dire en démocratie. Je rappel qu’il y avait 10% de citoyen à Athènes. Et qu’un citoyen est celui qui vote les lois, ce n’est pas un électeur.


          • vote
            Schweizer.ch 2 février 2014 12:40

            Suite et fin


            « Dans les court moment de sa liberté, l’usage qu’il en fait mérite bien qu’il la perde. »

             

             

            C’est sa façon de voir, et rien de plus. Et quoi qu’on en pense, le citoyen est mieux représenté par quelqu’un de sa sensibilité politique qu’il a élu, que par un tiré au sort dont les idées politiques et les valeurs sont aux antipodes des siennes.



            « C’est un contrat entre le peuple et lui même, une volonté qui émerge d’un débat conduit collectivement et rationnellement…  »

             

             

            A ce que j’observe, dans le débat politique, il y a bien peu de rationnel et beaucoup de passionnel, d’affectif, avec des interprétations tendancieuses, du caricaturage systématique et permanent, des mensonges purs et simples. Et le citoyen tout seul au milieu de ce foutoir cacophonique ne retiendra que ce qui va dans le sens de ce qu’il inclinait à croire, a priori.

             

             

            « …au terme duquel le peuple confie par suffrage à une ou plusieurs personnes non pas le droit de décider, mais le devoir d’appliquer les décisions prises. »

             

             

            Je vous rappelle que ce que vous appelez le peuple, c’est 50 % des votants + 1, ou 1000 ou 100’000, ou 3’000’000, ce qui reste proportionnellement assez peu, par rapport à quelques dizaines de millions d’électeurs inscrits.

             

             

            « Rousseau a lui les leçons de l’Antiquité et de la Renaissance italienne, et aussi le jugement de Montesquieu… »

             

             

            C’est-à-dire les leçons de périodes historiques, qui ne diffèrent pas de leur temps dans des proportions considérables. Les contemporains de Rousseau construisent en pierres et en bois comme les Anciens, ils voyagent à cheval ou en véhicules hippomobiles comme les Anciens, ils se chauffent au bois comme les Anciens, leur médecine comme celle des Anciens est rudimentaire, leur espérance de vie était du même ordre que celle des Anciens, comme chez les Anciens, la législation est limitée et les messages circulent à la vitesse de l’homme qui les transporte, et on pourrait multiplier les aspects de la vie quotidienne communs du Ve siècle av, J.-C. et du XVIIIe siècle après J.-C.

             

             

            Conclusion : aujourd’hui, nos pays industrialisés ne sont plus sur la même planète que celle qui servait de champ d’observation et de réflexion à Rousseau, à Montesquieu... et à Marx.

             

             

            Je vous invite à consulter de façon régulière le « Journal officiel » afin de voir à quelle jungle de lois, de règlements, d’arrêtés, de décrets, sont confrontés les députés, et dans laquelle vous préconisez de plonger des citoyens lambda, à charge pour eux de se démer…, alors que les parlementaires se fondent bien souvent sur les conclusions de commissions qui défrichent le terrain pour eux, parce qu’ils n’ont pas les connaissances, notamment juridiques et techniques, qui leur permettraient de se prononcer en connaissance de cause.

             

            « Cette simple idée de la non représentativité du peuple fait s’écrouler la thèse : "Rousseau père du totalitarisme". J’aime à interpréter Rousseau comme le père de la démocratie à venir, sous peu je l’espère... »

             

             

            Rousseau est le père du totalitarisme en cela qu’il ne connaît qu’une seule expression du bien commun – c’était peut-être concevable à son époque, mais plus de nos jours - et qu’il prétend forcer les réfractaires, non pas à s’y soumettre, mais à y adhérer. Staline, Hitler, Mao et Pol Pot, par ordre d’entrée en scène pensaient exactement pareil. Kim Jong-un continue…

             

             

            P.S. – Je ne cherche pas du tout à vous convaincre, j’exprime ma façon de voir les choses en général et Rousseau en particulier.


          • vote
            Schweizer.ch 2 février 2014 12:42

             « C’est bien à nous, humains du XXIe siècle, que s’adresse Rousseau… »

             

             

            On peut certes écrire cela, mais les propos de Rousseau me paraissent intemporels dans la mesure où je ne vois pas d’exemple historique se rapportant à la cité idéale qu’il entrevoit.

             


            « Sitôt que le service public cesse d’être la principale affaire des citoyen, et qu’ils aiment mieux servir leur bourse que leur personne, l’Etat est déjà près de sa ruine. »

             

             

            A Athènes, le pouvoir était aux mains d’une aristocratie de citoyens (30’000 sur 150’000 habitants sauf erreur) et le quorum de l’Ecclesia était fixé à 20 % d’entre eux, ce qui fait qu’on reconnaissait implicitement le droit aux 80 % reszants le droit de n’avoir pas le service public pour principale affaire.

             

             

             « Dans un Etat vraiment libre les citoyens font tout avec leurs bras et rien avec de l’argent. Loin de payer pour s’exempter de leurs devoirs, ils payeront pour les remplir eux-mêmes. »

             

             

            Son Etat vraiment libre semble tirer du même tonneau fantasmatique que son bon sauvage.



            « N’est-on pas là au cœur des enjeux de notre époque ? Rousseau souligne comme une évidence qu’il ne saurait y avoir de souveraineté et de liberté politique sans l’intervention consciente et active de l’ensemble des citoyens. »

             

             

            Où allez-vous chercher que l’ensemble des citoyens est intéressé par la gestion de la cité ? C’est toujours le fait d’une minorité. En Suisse, il est très rare que les référendums et les initiatives déplacent  50 % et plus des électeurs inscrits, et cela en dépit de la généralisation du vote par correspondance qui n’oblige même plus à se déplacer justement. En règle générale, la participation se tient entre 35 et 45 %. Et ici, nous parlons de vote, pas de gestion proprement dite.

             

             

            « Cela suppose que la volonté d’un peuple ne puisse jamais être représentée. »

             

             

            Pour que la volonté du peuple, comme le bien commun, puisse être représentée, il faudrait que le peuple et le bien commun existassent. Or, ce n’est pas le cas. Il y a des volontés de segments du peuple, tout comme il y a des perceptions très différentes, voire antagonistes, du bien commun.

             

             

            Ainsi, les végétaliens et –riens démontrent, statistiques à l’appui, que l’élevage d’animaux de boucherie et la consommation de viande sont aussi néfastes pour l’environnement que pour la santé publique. Par conséquent, leur vision du bien commun est étayée de solides raisons de préconiser l’interdiction de l’un et de l’autre. Aux Etats-Unis, c’est une certaine conception du bien commun qui incite à publier sur Internet, les noms, adresses et photos des délinquants sexuels http://www.icrimewatch.net/offenderdetails.php?OfndrID=1571841&AgencyID=55149

             

             

            D’autres encore vous diront que le bien commun exige que la mère de famille reste à la maison pour s’occuper de ses enfants et pour accomplir toute une série de travaux permettant de se passer de produits fabriqués industriellement en matière d’alimentation et d’habillement, par exemple



            « Le peuple ne peut être représenté. »

             

             

            Cela ne veut pas dire que le peuple est apte à gouverner dans la cohérence et la constance. La violence en même temps que la brièveté de ses réactions émotionnelles inclinent à répondre par la négative. Et le web n’arrange rien. Dois-je vous rappeler les deux millions de « like » recueilli, en quelques jours,par le bijoutier de Nice qui a abattu un de ses agresseurs en lui tirant dans le dos ? Sur la page Facebook que « Liébration » lui a consacrée pour cause de banane, Taubira en a obtenu 40’000 en un mois.


            A suivre 


          • 1 vote
            Emile 2 février 2014 15:33

            Votre raisonnement est plein de bon sens, mais dsl je n’ai pas le temps de reprendre point par point tout votre argumentaire. J’aimerais tout de même vous dire que je pense que ce sont les bonnes institutions politiques qui font le bon citoyen. Autrement dit il ne faut pas s’étonner de la médiocrité des actions du peuple au sein d’une oligarchie vielle de 200 ans.
            L’école ne nous a pas appris à être un citoyen, mais nous a inculqué le comportement du bon électeur. L’école de la république est tous sauf démocratique. Elle est là pour nous apprendre la résignassions, l’obéissance, le respect des bien autrui, mais surtout l’espoir : "si tu travail bien tu sera heureux"... Cela ne vous rappel rien ? "Si tu est gentil et que tu prie tous les jours, tu ira au paradis" J’aimerais vous présenter en guise de source ce petit bout de conférence de Mr Henri Guillemin  ; avancez à la 22ème minutes.
            Cela pour vous dire qu’être citoyen n’est pas quelque chose d’inné, mais cela s’apprend ; et oui, ça risque de prendre plusieurs dizaines d’années, donc autant commencer maintenant. Mais si les gens cultivé comme vous ni crois pas... ça risque d’être difficile...


            Vous dites que tout est plus compliqué maintenant, mais nous avons des outil bien plus performant, peut-être que Rousseau aurait était moins pessimiste si il avait connu internet ^^. Nous n’exploitons qu’un millième des capacité de cette outil... Vous voyez, dans l’accélération des transports et des informations, un frein, j’y voit un gain... 

            Vous savez "democratie", ce mot est une boite vide on n’y met bien ce que l’on souhaite. Je ne sais pas ce que vous imaginez comme régime pour dire que c’est impossible, mais sachez que ce que j’imagine ne me le parait pas. La complexité des textes est voulu afin de n’être accessible qu’à une petite élite. 

            Vous dite qu’Athènes était une Aristocratie de citoyen... Un citoyen est celui qui vote les lois. Combien y a-t-il de citoyen en France actuellement ? Pour prendre un chiffre bas à Athènes il y avait 10% de la population qui pouvait potentiellement voter les lois. En France cela représente environ 0,00007%, allez si on compte les maire et leur liste ça donne environ 1%, bien que ces gens là ne vote pas les lois... Au final difficile de comparer deux régime dont la nature est différente...

            Qu’est-ce-qui nous empêchent de voter le budget dans nos villes j’aimerais bien savoir. Au niveau local il ni a aucun raison de nous refuser la démocratie. Pour le niveau national, j’en conviens c’est plus compliqué, moi je serais pour un gouvernement aristocratique - mais vraiment aristocratique, c’est à dire les meilleurs et pas les meilleurs à être élut, les meilleur pour gouverner - contrôlé par des décideurs démocratiques. Car les choix de société ne peuvent être légitime que si il sont décidés par le peuple (exemple du mariage gai). Un autre exemple est celui de savoir ce que l’on fait des gain de productivité. Soit on produit plus, soit on travail moins, vous imaginez bien le choix du peuple et le choix des élites... 

            "Et quoi qu’on en pense, le citoyen est mieux représenté par quelqu’un de sa sensibilité politique qu’il a élu, que par un tiré au sort dont les idées politiques et les valeurs sont aux antipodes des siennes." Cette phrase me fait douter du fait que vous ayez correctement écouté Mr Chouard. Déjà il faut que l’on s’entende sur la définition du mot citoyen et surtout sur les droits inhérent à ce statut. Pour moi être citoyen français ne veut pas uniquement dire que j’appartiens à la nation française, mais cela voudrais dire que j’ai également un droit quant-à régir la cité. Il y a une guerre des mots et si j’utilise le mot citoyen pour me désigner je pense qu’en quelque sorte je me fais hara-kiri ^^. Je ne voie aucune personnalités politique qui pourrait me représenter mieux que moi même et c’est vous insulter que de croire qu’un de ces oligarques vous représenterais mieux que vous même... Mais votre plus grande erreur est de croire que les tirés au sort décide, non c’est l’assemblé qui décide. Il ne faut pas transposer le tirage au sort dans le contexte de l’élection, ça n’a rien à voir... Je ne sais pas si vous avez vus cette conférence de Chouard uniquement axée sur le tirage au sort ?

            Et pour finir j’aimerais dire que comme ce sont les bonne institutions politiques qui font les bon citoyens - en les rendant responsable et actifs - ce sont les bonnes institution économique qui font les entreprise vertueuse, en axant la croissance vers le respect de l’homme et de la nature. Et, selon-moi, ces institutions économique ne verrons le jours qu’à travers des instances de contrôle démocratique, car seul le peuple peut porter le bon sens au niveau politique. 

            C’est ma conviction ; analyse peut-être subjective, mais qui a le mérite de me porter à réfléchir... Et c’est ce pourquoi j’aime Rousseau, car il nous force à réfléchir et à remettre en question la base de notre société...
             

          • vote
            Schweizer.ch 3 février 2014 10:15

            Comme nous divergeons sur beaucoup de choses, nos échanges n’en sont que plus intéressants. Malheureusement, de mon côté aussi, le temps manque. Je ne retiendrai donc – rapidement – que deux points de votre dernier message, l’un au début – que vous reprenez en partie à la fin - , l’autre à la fin.

            Vous écrivez « J’aimerais tout de même vous dire que je pense que ce sont les bonnes institutions politiques qui font le bon citoyen. »

             

            Gustave Le Bon, que je pratique beaucoup, estimait, à l’inverse, que ce sont les « bons peuples » qui se dotent de bonnes institutions. Dans les «  Lois psychologiques de l’évolution des peuples » - téléchargeables en ligne -, il écrit :

             

            « L’Amérique du Sud est, au point de vue de ses productions naturelles, une des plus riches contrées du globe. Deux fois grande comme l’Europe et dix fois moins peuplée, la terre n’y manque pas et est, pour ainsi dire, à la disposition de tous. Sa population dominante, d’origine espagnole, est divisée en nombreuses républiques : Argentine, Brésilienne, Chilienne, Péruvienne, etc. Toutes ont adopté la constitution politique des États-Unis, et vivent par conséquent sous des lois identiques. Eh bien, par ce fait seul que la race est différente et manque des qualités fondamentales que possède celle qui peuple les États-Unis, toutes ces républiques, sans une seule exception, sont perpétuellement en proie à la plus sanglante anarchie, et, malgré les richesses étonnantes de leur sol, sombrent les unes après les autres dans les dilapidations de toute sorte, la faillite et le despotisme. »

             

            Dans le même ouvrage, il écrit encore _ : « Rien assurément, si l’on ne s’en tient qu’aux apparences, n’est plus différent de l’ancien régime que celui créé par notre grande Révolution. En réalité pourtant, et sans s’en douter certes, elle n’a fait que continuer la tradition royale, en achevant l’œuvre de centralisation commencée par la monarchie depuis quelques siècles. » avant d’expliciter son affirmation dans un développement (pp. 87-88)qu’il serait un peu long de reproduire ici.

             

            J’ajouterai simplement qu’à mon avis, et dans le prolongement de Le Bon, l’élection du président de la République au suffrage universel correspond au monarchisme foncier des Français. Et je m’étonnerai encore du fait que certains de ceux qui prétendent restituer au peuple un pouvoir qu’il n’a jamais eu, envisage de supprimer cette institution en se gardant bien de dire qu’il soumettrait ce changement au peuple. Pour cette raison toute simple que tout leur projet implique la suppression de l’élection présidentielle. Ce n’est pas la moindre contradiction de leur projet.

             

            «  …seul le peuple peut porter le bon sens au niveau politique. »

             

            Je ne vous étonnerai pas en disant que je ne crois pas plus au bon sens du peuple, qu’à celui des élites.

             

            En mars 1936, Hitler décidait de remilitariser la Rhénanie. Il était tellement peu sûr de son affaire qu’il n’y a risqué que trois bataillons de soldats (environ 2000 hommes) dont les armes n’étaient pas chargées et qui avaient ordre de se replier vite fait bien fait, si la France réagissait militairement.


            La France n’a pas bougé, mais il n’est pas interdit d’imaginer qu’un Parlement de demeurés aurait peut-être décidé de répondre à la force par la force, changeant sans doute ainsi complètement l’histoire non seulement de l’Europe mais aussi de la planète tout entière, en réduisant Hitler à une image de grande gueule velléitaire, qui ne se serait certainement jamais remise de ce camouflet. Lui-même pensait qu’un échec aurait mis un terme à sa carrière d’homme d’Etat et d’homme politique.


            Au lieu de cela, le parlement était formé de notables, universitaires pour la plupart, intelligents, cultivés, « raisonnables », de bon sens… On connait la suite. Et ce sera tout pour aujourd’hui.


          • 2 votes
            Avlula 31 janvier 2014 22:48

            Merci La Catalyse, cet article contient un condensé des éléments les plus importants du sujet, je suis d’ailleurs content d’apprendre la véritable définition du mot "populisme", mot très utile du coup dans son vrai sens (comme le mot "démocratie"). Pas vu la vidéo encore.



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