« C’est bien à nous, humains du XXIe siècle, que s’adresse
Rousseau… »
On peut certes écrire cela,
mais les propos de Rousseau me paraissent intemporels dans la mesure où je ne
vois pas d’exemple historique se rapportant à la cité idéale qu’il entrevoit.
« Sitôt que le service public cesse d’être la principale
affaire des citoyen, et qu’ils aiment mieux servir leur bourse que leur
personne, l’Etat est déjà près de sa ruine. »
A Athènes, le pouvoir était aux
mains d’une aristocratie de citoyens (30’000 sur 150’000 habitants sauf erreur)
et le quorum de l’Ecclesia était fixé à 20 % d’entre eux, ce qui fait qu’on
reconnaissait implicitement le droit aux 80 % reszants le droit de n’avoir pas le
service public pour principale affaire.
« Dans un Etat vraiment libre les
citoyens font tout avec leurs bras et rien avec de l’argent. Loin de payer pour
s’exempter de leurs devoirs, ils payeront pour les remplir eux-mêmes. »
Son Etat vraiment libre semble
tirer du même tonneau fantasmatique que son bon sauvage.
« N’est-on pas là au cœur des enjeux de notre époque ?
Rousseau souligne comme une évidence qu’il ne saurait y avoir de souveraineté
et de liberté politique sans l’intervention consciente et active de l’ensemble
des citoyens. »
Où allez-vous chercher que
l’ensemble des citoyens est intéressé par la gestion de la cité ? C’est
toujours le fait d’une minorité. En Suisse, il est très rare que les
référendums et les initiatives déplacent
50 % et plus des électeurs inscrits, et cela en dépit de la
généralisation du vote par correspondance qui n’oblige même plus à se déplacer
justement. En règle générale, la participation se tient entre 35 et 45 %. Et
ici, nous parlons de vote, pas de gestion proprement dite.
« Cela suppose que la
volonté d’un peuple ne puisse jamais être représentée. »
Pour que la volonté du peuple,
comme le bien commun, puisse être représentée, il faudrait que le peuple et le
bien commun existassent. Or, ce n’est pas le cas. Il y a des volontés de segments
du peuple, tout comme il y a des perceptions très différentes, voire antagonistes,
du bien commun.
Ainsi, les végétaliens et –riens
démontrent, statistiques à l’appui, que l’élevage d’animaux de boucherie et la
consommation de viande sont aussi néfastes pour l’environnement que pour la
santé publique. Par conséquent, leur vision du bien commun est étayée de solides
raisons de préconiser l’interdiction de l’un et de l’autre. Aux Etats-Unis, c’est
une certaine conception du bien commun qui incite à publier sur Internet, les
noms, adresses et photos des délinquants sexuels http://www.icrimewatch.net/offenderdetails.php?OfndrID=1571841&AgencyID=55149
D’autres encore vous diront que
le bien commun exige que la mère de famille reste à la maison pour s’occuper de
ses enfants et pour accomplir toute une série de travaux permettant de se
passer de produits fabriqués industriellement en matière d’alimentation et d’habillement,
par exemple
« Le peuple ne peut être représenté. »
Cela ne veut pas dire que le
peuple est apte à gouverner dans la cohérence et la constance. La violence en
même temps que la brièveté de ses réactions émotionnelles inclinent à répondre
par la négative. Et le web n’arrange rien. Dois-je vous rappeler les deux millions
de « like » recueilli, en quelques jours,par le bijoutier de Nice qui
a abattu un de ses agresseurs en lui tirant dans le dos ? Sur la page
Facebook que « Liébration » lui a consacrée pour cause de banane,
Taubira en a obtenu 40’000 en un mois.
A suivre