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Commentaire de maQiavel1983

sur Norman Palma : Pourquoi Marx a-t-il échoué ?


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maQiavel maQiavel1983 11 mars 2014 18:33

Sur le fond , en gros , Norman Palma nous explique à quel point Aristote est supérieur à Marx qui a rompu avec lui et qui a échoué , et sous entends qu’ il faudrait réintroduire l’ ordre aristotélicien dans la politique ,le droit et l’ économie pour échapper aux ravages actuels et à venir !

 

1.  Il ne nous parle pas des prés socratiques comme Héraclite et Parménide qui ont beaucoup influencé Marx et qui sont antérieur à Aristote. Les aristotéliciens ne nous parlent jamais d’eux et c’est récurent, si je voulais les caricaturer, je dirai que pour eux, la pensée en général, la Grecque en particulier démarrait avec Aristote ! Je ne les caricaturerais pas. Mais il faudrait un jour aborder cette question (que je connais très peu).

2.  Concernant le matérialisme historique chez Marx, il y’ a effectivement un processus social et historique qui passe par le développement des forces productives, chaque moment est supérieur productivement à celui qui le précède et inférieur productivement à celui vers lequel il tend on est d’ accord là-dessus. Mais il faut faire attention, le sens de l’histoire ne va pas dans le temps du négatif au positif ( parce que le communisme primitif est en quelque sorte le Jardin d’ Eden pour Marx si on devait le caricaturer ), et le dernier stade , celui du communisme qui représente la fin de l’ histoire , n’ est pas supérieur productivement au capitalisme , il faut lire les textes de Marx dans ses échanges avec Podolinsky ( des textes que les Marxistes productivistes et Etatistes détestent et qui pourraient servir de modèle pour les « décroissants »).

3.  Comme l’explique Norman Palma et là-dessus, je suis tout à fait d’ accord, pour Marx, l’économie est le fondement du social, droit et politique font partie de la superstructure, le sens du processus est celui de l’abolition du droit, de l’économie et de la politique. Le processus historique  n’est pas le résultat d’un projet social, d’actions sociales déployées pour orienter l’histoire dans un sens ou dans un autre, c’est le résultat des automatismes de l’histoire : la féodalité devait donner le capitalisme, le capitalisme doit donner le communisme qui  n’est pas un état de choses qu’il convient d’établir mais le mouvement réel qui abolit l’état actuel des choses pour mettre fin aux contradictions du capital et donner un  monde de culture ou l’ homme et la nature ne font qu’ un. Donc le communisme pour Marx n’est pas un projet politique économique et social, à la différence du Marxisme, c’est fondamental à comprendre.

4.  Concernant la théorie de la valeur, je pense que Norman Palma va trop vite. Dans sa critique, il reproche à Marx de ne l’avoir considéré que dans le cadre d’une économie nationale, je ne vois pas ce qui lui fait dire ça ! On peut étendre le raisonnement à une division internationale du travail (« social » ne s’oppose pas à « international » surtout dans un contexte de libre échange international).Du reste, la formule générale du capital (Capital = capital constant + capital variable + plus value ) prend selon moi en compte le transport , la distribution , la publicité ( qui sont dans le capital constant , c’ est une évidence ) , pour les impôts , il faudrait y réfléchir , je crois qu’ il y’ a des analyses néo Marxiste dessus.

5.  La critique de la baisse tendancielle du taux de profit n’est pas abordée pourtant je crois que c’est la plus importante !

6.  Sur les crises du capitalisme avec la radicalisation des crises, le raccourcissement de l’intervalle entre les crises et la crise finale du capitalisme, l’analyse a été prolongée par Rosa Luxembourg : c’est la dialectique de la crise, de la guerre et de la reconstruction c.à.d. qu’à chaque saturation des marchés, il y’ a une guerre qui casse tout et on redémarre. Ce schéma pose problème avec la dissuasion nucléaire mais on ne sait pas encore ce qui va se passer. Pour le moment, on peut dire que la gestion capitaliste contemporaine en temps de crise accélérée c’est la nécessité stratégique du chaos (cfr « gouverner par le chaos  » de Lucien Cerise). Tant que le capitalisme est en ascension, il peut se réguler par l’extension. A partir du moment où il est dans sa domination pleinement réalisée et qu’il bute sur l’impossibilité de se reproduire, sa seule survie possible est l’organisation chaotique de sa reproduction. Cela on le vit actuellement avec toutes les tensions géopolitiques !

 

En gros, nous vivions une période qui, à mon sens, réintroduit Marx au cœur de l’analyse sociale politique, économique alors qu’on le considérait comme dépassé il n’ ya même pas 25 ans !

 

Ça m’étonne que l’on dise que Marx a échoué alors que beaucoup de ses analyses se vérifient aujourd’hui, à l’ère de la mondialisation néolibérale et de la domination de la finance !

 

Mais évidemment j’ai compris qu’il s’agit surtout de recourir à Aristote pour Norman Palma, d’ou le titre de la conférence !


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