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Commentaire de Éric Guéguen

sur Rousseau et Ibn Khaldoun se prêtent leur langue


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Éric Guéguen Éric Guéguen 14 mars 2014 14:31

Vous faites erreur. L’idée de finalité, ou plus simplement de causalité, a été théorisée essentiellement pas Aristote. Quand il analyse la communauté en terme de finalité, il jette ni plus ni moins sur elle que le premier regard "scientifique", au sens d’un aller retour empirisme-rationalisme qui lui est propre dans toutes les catégories du savoir.
 
Exemple important : je constate que j’ai un œil, et que cet œil me permet de voir. Conclusion empirique : l’œil permet la vue et l’organe engendre la fonction.
Mais cette constatation empirique est elle-même incluse dans un développement métaphysique : si l’œil permet bel et bien la vue, c’est au préalable parce que la vue permet à l’homme de se diriger, et donc de vivre dans son environnement. Par conséquent, voici une nouvelle conclusion, finaliste cette fois : la vue nécessite l’œil et, en définitive, c’est bien la fonction qui engendre l’organe.

 

Mais je ne dis absolument pas que Parménide, Empédocle, Héraclite ou Démocrite raisonnent systématiquement en terme de finalité. La concaténation des faits est néanmoins le réflexe logique et scientifique par excellence. Il faut dire aussi que les présocratiques n’ont que peu étudié l’homme social en tant que tel. L’ontologie et l’éthique, on les doit à Socrate.

 

Pour ce qui est des autres types de communautés ancestrales (ou en passe de l’être grâce au rouleau-compresseur du Progrès), je ne fais pas appel à la finalité, je ne me suis même pas posé cette question. Ce que je dis, c’est qu’elles considèrent toutes les êtres comme possessions de la communauté. À partir de là, le vocabulaire des "droits" leur est tout simplement étranger. Le devoir à l’égard de la communauté, lui, est implicite. Dans ces conditions, je pense que vous en déduirez aisément ceci : non seulement l’idée d’un bien commun est possible (au égard à la sauvegarde du tout aux dépens des parties), bien plus qu’à notre époque (et avec toutes les dérives que cela suppose), mais les formes qu’elle peut prendre importent finalement peu (finalisme ou autres). La finalité m’intéresse précisément pour dépasser l’holisme.

 

Donc : d’un côté je nie l’individu antécédent pour remédier à la déliaison actuelle, de l’autre je fais de vrais individus la finalité de la communauté pour ne pas retomber dans l’holisme. Mon schéma de pensée est rigoureusement inversé par rapport à notre époque.


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