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Commentaire de maQiavel1983

sur Le marché, histoire et usages d'une conquête sociale par Laurence Fontaine


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maQiavel maQiavel1983 19 mars 2014 11:10

@Micnet

-Concernant la définition de l’individualisme.

 L’individualisme, si je devais prolonger la description, je dirai que c’est le fait de se considérer soi même comme une unité, une totalité à part entière, en relation avec d’autres unités (ce n’est pas un état sclérosé, il y’ a plusieurs stade d’individualisme, la dynamique individualiste va de l’altruisme à l’égoïsme).

A l’individualisme s’oppose l’holisme, les personnes ne sont pas des unités et des totalités à part entière, ils appartiennent à un tout englobant, la communauté ( la question de l’ altruisme ne se pose donc même pas car pour être altruiste, il faut donner à des unités différente de soi, hors dans l’holisme, les personnes ne sont que des parties du tout, elles ne sont pas altruiste elles remplissent simplement leur fonction organique , lorsque l’ on gratte sa main gauche avec sa main droite ,elle ne lui fait pas un don ).

Par don, je ne parle pas spécifiquement de biens matériels, mais aussi d’action sociale (un militaire qui meurt à la guerre fait un don de sa vie).

On peut être individualiste et être charitable, envers les autres et envers sa communauté d’appartenance (d’ ou le fait qu’on puisse être individualiste et  patriote). Etre individualiste ne veut pas dire être forcément égoïste, l’égoïsme, c’est en quelque sorte le stade ultime de l’individualisme (on peut par contre difficilement être égoïste et patriote).

L’un des premiers symptômes de la dynamique individualiste, c’est l’apparition de la propriété privée (pour être propriétaire individuellement, il faut déjà, se considérer soi même comme une totalité à part entière).

Voilà comment je prolongerai l’explication !

-les "libéraux classiques" s’inscrivent dans une époque où leur nation respective était libre et autonome et ils n’étaient alors pas confrontés à ce mondialisme auquel nous sommes nous-mêmes aujourd’hui confrontés. Ils ne concevaient le libéralisme que sous le prisme national ! Là est la grande différence !

R / Même en supposant que ce soit vrai, cela ne contredit en rien ce que je dis plus haut ! La philosophie libérale veut que les vices privés créent la vertu publique, si chacun ne se préoccupe que de ses intérêts individuels, l’intérêt général serait garanti ! L’intérêt général n’est que le produit de la combinaison des intérêts particuliers.

L’individu est au centre du libéralisme. La liberté individuelle étant aux yeux des libéraux la norme fondamentale et le fondement de la société humaine autour de laquelle l’État, l’ordre politique et économique doivent être structurés.

Libéralisme et individualisme sont indissociable, d’ ailleurs ce qui horrifierait les libéraux classiques aujourd’hui, c’est le retournement du marché et de l’Etat contre l’individu, ce que consacre précisément le néolibéralisme !

- je doute fort que les américains se laissent aussi facilement entraîner à abandonner une partie de leur souveraineté au profit d’une entité supra-nationale telle que la France l’a fait au profit de l’Union Européenne...

R / En fait si ! Je m’explique : pour les américains constitutionalistes (donc ceux qui se réclament des pères fondateurs) , la puissance impérialiste , c’ est le gouvernement fédéral comme en France c’ est ‘l UE.

 

Pour les constitutionalistes américains, l’impérialisme américain est vu comme une stratégie visant, en entraînant les USA vers l’aventure extérieure et la ruine économique, à détruire la constitution des Etats-Unis, pour rendre possible un coup d’Etat, et la confiscation du pouvoir par une oligarchie. En face de cette menace, ils proposent aux Américains de se retrancher dans leur ultime forteresse : la Constitution.

Aux USA, la Constitution est une autorité symbolique, dont la fonction rappelle le principe protestant d’autorité de l’écriture. Par exemple, le patriot act est une atteinte à la constitution pour ces gens là qui demandent sa dissolution.

 

Il suffit de voir que les libértariens américain (dont le leader est Ron Paul et qui s’étend jusqu’ au Tea party) qui sont selon moi les véritables héritiers de ce libéralisme originel.

Les libertariens sont partisan de l’individualisme, mais sont aussi de fervents patriotes.

 

Dans les catégories françaises, c’est très difficile à comprendre mais il faut se rappeler que les USA ne sont pas un Etat-nation, en tout cas pas au sens européen du terme. I La tradition américaine est très différent de la nôtre : là-bas, l’Etat est vu non comme le protecteur des citoyens, mais comme une menace sur les libertés. Les Américains, pour des raisons culturelles très profondes, ne vont donc pas opposer au mondialisme économique et financier le même type de résistance que les européens. Leur mode de résistance, c’est la défense des autonomies locales par le droit constitutionnel et dans le cadre de la Constitution, contre le centralisme qui sert de base à l’impérialisme.

Aux USA, la force qui dissout veut le centralisme et l’éclatement, et la contre-force qui refuse la dissolution veut la déconcentration et la Constitution. Les catégories françaises ne permettent pas de penser de manière adéquate ce courant libéral fidèle au libéralisme originel.

-Par ailleurs, je suis également persuadé que si un américain doit choisir entre l’intérêt de sa patrie et les intérêts particuliers, sur certaines questions sensibles, il privilégiera toujours sa patrie. 

R /C’est le principal problème du dogme libéral selon lequel en se préoccupant de ses intérêts privés on sert forcément l’intérêt général. Parce que dans les faits, les deux peuvent s’opposer !

Le fait est que l’Amérique est prise en otage par des oligarchies, qui instrumentalise leur pays pour garantir leurs intérêts privés. L’Amérique n’est plus que le jouet de corporations qui se battent entre elles pour contrôler le pays !

 Leur foi dans l’individualisme est le terreau de ce retournement, lui-même terreau du totalitarisme. Ils ne voient pas que le retournement de leur projet collectif contre son expression idéale provient d’un vice inscrit dès l’origine dans sa matrice et non par la perversion de ce projet par les oligarques de Washington et de Wall street !

-Dans le langage commun, c’est vrai que la plupart des gens amalgament les deux termes de "libéral" et "d’individualisme". Or, je constate que, sur ce point là, vous tenez EXACTEMENT le même raisonnement que Jean Robin 

R / Pour le coup, je trouve Jean Robnin cohérent quand il se dit libéral, patriote et individualiste, pour pousser la cohérence jusqu’ au bout, il devrait s’inspirer des libertariens américains qui n’hésitent pas à attaquer Wall street et la mondialisation financière que lui défend !

Par contre se dire libéral et anti -individualiste, je ne sais pas ce que ça veut dire, pour moi, ça n’a absolument aucun sens !

-Le mot anglais individualism n’a pas tout à fait la même signification que le mot français 

R / Mais déjà, il faudrait être d’ accord sur la signification de ce terme en Français ! Mais quand les américains se disent individualiste, c’est dans le sens que je décris plus haut, c’est une référence aux pères fondateurs et à l’esprit de la constitution !

 

 


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