Il n’y a pas de parti qui n’aspire au pouvoir,
il n’y a pas de pouvoir qui ne soit l’ennemi du Peuple.
Il n’y a pas de parti qui n’aspire au pouvoir,
car un parti est essentiellement politique et se forme, par conséquent, de
l’essence même du pouvoir, source de toute politique. Que si un parti Cessait
d’être politique, il cesserait d’être un parti et rentrerait dans le peuple
Il n’y a pas de pouvoir qui ne soit l’ennemi du
peuple, car quelles que soient les conditions dans lesquelles il se trouve
placé, quel que soit l’homme qui en est investi, de quelque nom qu’on
l’appelle, le pouvoir est toujours le pouvoir, c’est-à-dire le signe
irréfragable de l’abdication de la souveraineté du peuple ; la consécration
d’une maîtrise suprême.
Tous ces partis que vous voyez se mouvoir à la
surface du pays, comme flotte l’écume sur une matière en ébullition, ne se sont
pas déclarée la guerre à cause de leurs dissidences doctrinales ou de
sentiment, mais bien à cause de leurs communes aspirations au pouvoir ;
Mais, en définitive, le peuple dans ce jeu
brutal et cruel, ne fait que perdre son temps et aggraver sa situation ; il
s’appauvrit et souffre. Il n’avance pas d’une semelle.
Si les partis ne sentaient pas le peuple sur
leurs derrières, les paris, tout à coup isolés, ils cesseraient de s’agiter ; le
sentiment de leur impuissance glacerait leur audace ; ils sécheraient sur pied,
s’égraineraient peu à peu dans le sein du peuple, s’évanouiraient.
Le
peuple n’a rien à attendre d’aucun gouvernement ni d’aucun parti.
Je veux dire par là que l’exercice du suffrage
universel, loin d’être la garantie, n’est que la cession pure et simple de la
souveraineté.
Je
m’obstine à croire que les électeurs ne savent pas qu’ils se suicident
civilement et socialement en allant voter ;
Anselme Bellegarrigue (L’anarchie,
Journal de l’Ordre - n°1, Avril 1850)