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Commentaire de Jean-Pierre Llabrés

sur Jean Ziegler, figure emblématique de l'anticapitalisme et de la lutte contre la faim, a choisi son camp : "Retournez les fusils !" - Octobre 2014


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Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 22 octobre 2014 20:06


Camarade Ziegler,

Comme communiste, vous êtes absolument incompétent en économie de même que tous les dirigeants soviétiques et russes peu avant 1989 et peu après 1991.

En effet, vous avez manqué un virage historique pour la transformation de l’économie russe.

Vous avez laissé l’économie centralisée soviétique se transformer en une économie libérale capitaliste et oligarchique.

Puisque tout le "capital social" des entreprises était depuis longtemps la possession de l’État et, donc, du peuple russe, il aurait pu (dû) être créé un « Conseil Économique et Social », totalement indépendant de l’État, constitué d’une représentation démocratique de toute la population russe, qui aurait reçu (sans bourse délier pour le peuple russe) tout le patrimoine économique de l’ex-URSS pour être géré de manière capitaliste par ladite représentation démocratique de toute la population russe, avec les qualités mais sans les défauts dudit système capitaliste.

Dans ce cas, le monde socio-économique russe serait devenu le premier pays au monde authentiquement socialiste !

Et les sacrifices de 74 ans de dictature soviétique n’auraient pas été vains.
Lire :
Pauvre peuple russe : Spolié en 1917 et en 1991 !

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 ?
1. Russie tsariste.

De nos jours, une uchronie nous autorise à supputer quel sort aurait été celui de la Russie tsariste si elle avait pu poursuivre son processus de démocratisation politique et de modernisation économique jusqu’à aujourd’hui.

Il est fort probable que le régime tsariste se serait démocratisé sur le modèle des monarchies constitutionnelles ouest-européennes et que son modèle économique se serait orienté, avec ses défauts et ses qualités, vers le capitalisme des pays européens.

Aujourd’hui, la Russie se situerait dans la moyenne des pays européens.

L’Histoire ne l’a pas permis.

2. Révolution de 1917.

Rendu impatient par les perspectives offertes par le Marxisme, qui lui promettait une vallée de miel, le prolétariat russe remporta la Révolution d’octobre 1917 et abattit le régime tsariste.

À partir de là s’enclencha un processus de nationalisations dans les secteurs primaire, secondaire et tertiaire de l’économie.

En plus des millions d’assassinats perpétrés contre la population russe et du régime totalitaire qu’ils imposèrent, les Soviétiques ont spolié le peuple russe et fait disparaître les classes moyennes afin de parvenir à deux classes : le Prolétariat (ne possédant rien) et les Apparatchiks de la Nomemklatura (possédant tout par État interposé).

Et cela dura 74 ans !...

3. 1991 : Libéralisation.

Suite à la Glasnost et à la Perestroïka de Mikhaïl Gorbatchev, le régime soviétique entreprit de se libéraliser et de se démocratiser politiquement et économiquement.

Sans être parfaite, la démocratisation a fait des progrès mais dispose encore d’une grande capacité de progression.

On peut avoir le même jugement sur la libéralisation économique.

En effet, le pauvre peuple russe a été victime de privatisations massives au bénéfice des ex-Apparatchiks de la Nomemklatura (Ioukos, par exemple, avec Mikhaïl Khodorkovski ou/et Sibneft avec Roman Abramovitch ?, ?et cætera ?)...

Sur le sujet des privatisations, lire en particulier :
« Les privatisations en Russie et la naissance d’un capitalisme oligarchique », Recherches internationales, volume 74, juillet-septembre 2005, pages 33 à 50. Cédric Durand – CEMI-EHESS.
http://hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/16/68/97/PDF/CDURAND_-_privatisations_russie.pdf

4. Alternative 1991 : l’occasion perdue à jamais...

Une uchronie a ouvert cet article. Une deuxième le clora.

À partir de 1989, le pouvoir économique étant intégralement dans les mains de l’État, celui-ci aurait pu (dû) créer un « Conseil Économique et Social », totalement indépendant de l’État, constitué d’une représentation démocratique de toute la population russe, qui aurait reçu (sans bourse délier pour le peuple russe) tout le patrimoine économique de l’ex-URSS pour être géré de manière capitaliste par ladite représentation démocratique de toute la population russe, avec les qualités mais sans les défauts dudit système capitaliste.

De cette façon, cela aurait constitué une authentique privatisation populaire capitaliste et l’ensemble du peuple russe serait devenu « collectivement » le véritable actionnaire unique de 100 % de l’économie « ex-nationalisée », recevant en partage équitable les dividendes (Dividende Universel) des secteurs primaire, secondaire et tertiaire y compris la rente des ressources naturelles (minerais, gaz, pétrole, et cætera).

Le peuple russe étant devenu l’actionnaire unique et le rentier unique de son économie capitaliste, chacun percevrait, de la naissance à la mort, un Dividende Universel proportionnel aux résultats économiques.

Compte tenu de cette conditionnalité entre résultats (cause) et dividendes (effet), le peuple russe ne saurait rester composé que de rentiers.

D’une part, des ressources humaines demeureraient nécessaires pour faire fonctionner l’économie et, d’autre part, nombre de citoyens devraient pouvoir souhaiter percevoir des revenus supérieurs aux seuls revenus des dividendes de la « rente économique ».

Cela aurait été parfaitement possible sans faire appel au statut de « salarié », vestige du passé, mais en ayant recours au statut de « travailleur indépendant », « profession libérale », qui réaliserait des prestations dûment déterminées, définies, pour le compte des entreprises.

Bénéficiant du Dividende Universel, le prestataire de services négocierait alors d’égal à égal avec les entreprises qui devraient intégrer ce Dividende Universel dans leurs références en matière de calcul des honoraires qu’elles pourraient payer.

Dans ces conditions, aujourd’hui, la Russie serait à l’avant-garde socio-économique du monde en étant parvenue à une Refondation du Capitalisme et à l’instauration d’un Dividende Universel par le moyen des dividendes issus d’une économie réelle marchande capitaliste et « collective ».

Elle en aurait aussi fini avec l’interminable opposition « patrons-salariés », le concept même de chômage et le problème de la « Lutte des Classes ».

Malheureusement, l’Histoire ne repasse jamais les plats...
 ?





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