@ gaijin et gollum
Très intéressant post gaijin !
Je n’ai cependant "pas beaucoup de temps", je lirai une seconde fois
à tête reposée plus tard.
Gollum. Si tu lis ma réponse à ton
précédent post, cela devrait être plus clair. Je le reproduit-ci dessus, et
cela va me permettre d’esquisser un début de réponse à gaijin.
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Oui
pour que le divin vienne il faut il faut faire place nette, faire le vide,
évacuer tout ce qui est humain.
Je crains que vous ayez une vision un peu
biaisée de cette conception du corps. Peut-être pas, mais je n’adhère pas du
tout à la fin de votre phrase.
Précision préliminaire quant au terme de
divin. Il ne s’agit pas d’un bon dieu extérieur à l’homme, auquel il faudrait
réserver une chambre vide pour l’accueillir, mais d’une
divinité vivant parmi les hommes. Il s’agit exactement des mêmes dieux grecs.
Ils ne vivent pas à l’extérieur du monde, mais parmi les hommes, ou presque. Ils
font en tout cas partie d’une même réalité. Mieux, ils sont le
monde (Gaïa la Terre, Ouranos le Ciel et la Vie , Ouréa les montagnes, Pontos
le flot etc…).
À ce titre, cette conception du corps ne
conçoit pas une seule âme à l’intérieur d’un corps humain, mais une
multiplicité (les fameux ?hun/ ?po,
terrestres et célestes).
Précisons qu’en Chine, il ne s’agit
« jamais » du corps objet dont il est question, mais
du corpspropre. Ce corps, je le perçois par la cénesthésie
(impression vague), par un sens premier, immédiat, spontané, permanent que j’ai
de ma propre présence. Pour intégrer le divin, il ne faut donc pas
« évacuer tout ce qui est humain », mais au contraire l’incarner, l’intégrer
à la viande. Ce corps, nous pouvons mieux le percevoir à travers l’image
(ou prendre 3 pintes et en avoir une image brouillée). Il s’agit donc d’une
suggestion d’image où la vision à un rôle central. Comme chez nos amis les
grecs, la vision, idéalement, ce n’est pas se regarder le nombril, ne regarder
que soi ; la vision ce sont les yeux qui touchent les objets, parce que
voir c’est savoir. Et le savoir ne peut se construire que dans le rapport à
l’autre, à la relation qui unit deux entités distinctes.
Pour conclure sur cette question. Si
cette conception du corps a eut moins de succès que la seconde, elle a
perdurée. C’est à cet égard que nous constatons l’immense richesse du panthéon
taoïste. Les pratiques d’alchimie spirituelle visent ainsi à induire par
l’imagination une multitude de dieux à l’intérieur du corps.
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Ce qu’il faut se rendre compte, c’est
que les deux conceptions du corps développées sont intrinsèquement liées.
La première conception suggère que la
forme du corps, son image, dépend de la représentation que
l’on s’en fait. C’est pourquoi la pratique alchimique a développé toute une
ribambelle d’images méditatives, de systèmes de représentations du corps. C’est
là que le concept de dieux, au pluriel entre en jeu. Il s’agit de s’approprier
les bon dieux : Gaïa, Ouranos, Pontos etc.
Cette première conception ne
peut prend forme, au fond, qu’avec la deuxième conception du corps, qui elle
est énergétique. C’est elle qui apporte le flux nécessaire aux systèmes de
représentation du corps pour être rendue effective. Je dois me
représenter l’hypogastre (dantian) certes, mais je dois l’imaginer d’une
certaine manière, et le faire circuler, en passant par la colonne vertébrale
jusqu’au cerveau, et qui redescend sur les cinq viscères. Cette représentation
n’est pas suffisante, encore faut-il rendre tout ça vraiment en
mouvement, par des exercices sur le souffle.
En très condensé, c’est ça, à
peu de choses près.
Donc, et c’est ma réponse à gaijin
:
ce simple exposé
superficiel permet de constater que l’on ne peut en aucun cas comparer la
notion d’esprit occidentale avec la conception que les chinois ont du shen
Je
ne le pense pas. Certes les chinois ont historiquement bien plus développés
cette conception, mais je pense, au moins à la même époque en Grèce, certains
avaient des conceptions similaires. Je dirai même que ce type de conception a
justement été sauvegardé par les traditions hermétiques.
En résumé, pour moi : les
chinois, les grecs, et beaucoup d’autres sur la planète, disent que : le monde,
les dieux, ne sont pas extérieurs à nous, mais en nous. Et dans le
monde. Il ne faut se contenter de regarder son nombril, mais de voir le
monde. Le tout, c’est de bien voir. De bien perce-voir, ce qui permet de
sa-voir. Et, in fine, d’obtenir le vrai pou-voir.