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Commentaire de Po-houen Wou-jen ????

sur Patrick Rambaud : "Le maître"


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Le fou de T'chou Po-houen Wou-jen ???? 9 mars 2015 19:32

 

   @ gaijin et gollum

 

 

   Très intéressant post gaijin ! Je n’ai cependant "pas beaucoup de temps", je lirai une seconde fois à tête reposée plus tard. 

 

 

  Gollum. Si tu lis ma réponse à ton précédent post, cela devrait être plus clair. Je le reproduit-ci dessus, et cela va me permettre d’esquisser un début de réponse à gaijin.

 

 

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   Oui pour que le divin vienne il faut il faut faire place nette, faire le vide, évacuer tout ce qui est humain.

 

 Je crains que vous ayez une vision un peu biaisée de cette conception du corps. Peut-être pas, mais je n’adhère pas du tout à la fin de votre phrase.

 

 Précision préliminaire quant au terme de divin. Il ne s’agit pas d’un bon dieu extérieur à l’homme, auquel il faudrait réserver une chambre vide pour l’accueillir, mais d’une divinité vivant parmi les hommes. Il s’agit exactement des mêmes dieux grecs. Ils ne vivent pas à l’extérieur du monde, mais parmi les hommes, ou presque. Ils font en tout cas partie d’une même réalité. Mieux, ils sont le monde (Gaïa la Terre, Ouranos le Ciel et la Vie , Ouréa les montagnes, Pontos le flot etc…).

 

 À ce titre, cette conception du corps ne conçoit pas une seule âme à l’intérieur d’un corps humain, mais une multiplicité (les fameux  ?hun/ ?po, terrestres et célestes). 

 

 Précisons qu’en Chine, il ne s’agit « jamais » du corps objet dont il est question, mais du corpspropre. Ce corps, je le perçois par la cénesthésie (impression vague), par un sens premier, immédiat, spontané, permanent que j’ai de ma propre présence. Pour intégrer le divin, il ne faut donc pas « évacuer tout ce qui est humain », mais au contraire l’incarner l’intégrer à la viande. Ce corps, nous pouvons mieux le percevoir à travers l’image (ou prendre 3 pintes et en avoir une image brouillée). Il s’agit donc d’une suggestion d’image où la vision à un rôle central. Comme chez nos amis les grecs, la vision, idéalement, ce n’est pas se regarder le nombril, ne regarder que soi ; la vision ce sont les yeux qui touchent les objets, parce que voir c’est savoir. Et le savoir ne peut se construire que dans le rapport à l’autre, à la relation qui unit deux entités distinctes. 

 

 Pour conclure sur cette question. Si cette conception du corps a eut moins de succès que la seconde, elle a perdurée. C’est à cet égard que nous constatons l’immense richesse du panthéon taoïste. Les pratiques d’alchimie spirituelle visent ainsi à induire par l’imagination une multitude de dieux à l’intérieur du corps.   

 

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  Ce qu’il faut se rendre compte, c’est que les deux conceptions du corps développées sont intrinsèquement liées. 

 

  La première conception suggère que la forme du corps, son image, dépend de la représentation que l’on s’en fait. C’est pourquoi la pratique alchimique a développé toute une ribambelle d’images méditatives, de systèmes de représentations du corps. C’est là que le concept de dieux, au pluriel entre en jeu. Il s’agit de s’approprier les bon dieux : Gaïa, Ouranos, Pontos etc. 

 

   Cette première conception ne peut prend forme, au fond, qu’avec la deuxième conception du corps, qui elle est énergétique. C’est elle qui apporte le flux nécessaire aux systèmes de représentation du corps pour être rendue effective. Je dois me représenter l’hypogastre (dantian) certes, mais je dois l’imaginer d’une certaine manière, et le faire circuler, en passant par la colonne vertébrale jusqu’au cerveau, et qui redescend sur les cinq viscères. Cette représentation n’est pas suffisante, encore faut-il rendre tout ça vraiment en mouvement, par des exercices sur le souffle. 

 

   En très condensé, c’est ça, à peu de choses près. 

 

  Donc, et c’est ma réponse à gaijin  : 

 

   ce simple exposé superficiel permet de constater que l’on ne peut en aucun cas comparer la notion d’esprit occidentale avec la conception que les chinois ont du shen

 

   Je ne le pense pas. Certes les chinois ont historiquement bien plus développés cette conception, mais je pense, au moins à la même époque en Grèce, certains avaient des conceptions similaires. Je dirai même que ce type de conception a justement été sauvegardé par les traditions hermétiques. 

 

   En résumé, pour moi : les chinois, les grecs, et beaucoup d’autres sur la planète, disent que : le monde, les dieux, ne sont pas extérieurs à nous, mais en nous. Et dans le monde. Il ne faut se contenter de regarder son nombril, mais de voir le monde. Le tout, c’est de bien voir. De bien perce-voir, ce qui permet de sa-voir. Et, in fine, d’obtenir le vrai pou-voir. 

 


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