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Commentaire de Anthony Michel

sur Le travailleur social et l'importance de l'ascèse selon Proudhon


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Anthony Michel Anthony Michel 24 juillet 2015 16:46

@Mao-Tsé-Toung

Karl Marx nous dit, il est vrai, que le point de vue est déterminé par l’origine de classe et je souscris à cela. Mais le point de vue n’est pas déterminé exclusivement par elle et il y a eu des exceptions individuelles historiques. D’où l’intérêt, selon moi, pour des éléments philosophiques anarchistes permettant notamment de ne pas condamner — au nom de la reconnaissance de l’individualité — un homme selon son appartenance de classe. Autrement dit, il n’y a pas seulement l’origine de classe qui influence le point de vue mais aussi les éléments particuliers de notre éducation (avec l’ambiance familiale) ainsi que nos capacités mentales et motrices fournies par la nature et qui façonnent notre rapport avec autrui.

Par ailleurs, je tiens à préciser que mon choix de vidéo pour cet article ne doit pas être compris comme un soutien personnel et particulier à Michel Serres. Je trouve simplement que son propos va dans le sens des interrogations philosophiques suivantes et reprises dans mon article : qu’est-ce que la pauvreté ? devons-nous considérer que nous sommes trop riches arrivés à un certain stade d’accumulation économique et matérielle ? Des sujets évidemment cruciaux pour les gens pourvus d’une certaine conscience sociale. Or, nous savons bien qu’il existe aussi ceux qui se moquent bien d’un quelconque sens des limites en matière économique ou bien qui — phénomène d’endogénéité oblige compte tenu de l’anthropologie libérale actuelle — ne se posent même pas la question de savoir si, par exemple, un salaire maximal doit exister.

Une dernière remarque concernant Michel Onfray. Je dis parfois que je suis d’accord « une fois sur deux » avec lui... Son post-anarchisme relève, pour moi, de l’imposture dès lors qu’entre autres il soutient l’économie de marché tout en condamnant la société de marché — en allusion à une célèbre citation du premier ministre social-traître de la dernière « cohabitation » française. Car nous pouvons aussi considérer, dans une posture plus radicale — à condition bien sûr qu’elle nous intéresse et que nous l’assumons —, qu’il est bien difficile d’avoir l’économie de marché sans la société de marché. Nous pouvons même considérer qu’au fond il n’y a pas d’économie de marché sans société de marché dès que la première a besoin d’être validée par la seconde, avec ses législations et ses justifications pseudo-éthiques, afin de subsister. Les règles socialement violentes de l’économie de marché – en bref, la Loi du Marché – dépendent de la société de marché – en bref, le Droit libéral – pour une mise en application plus efficace en étant vendues comme nécessaires et incontournables par l’opinion publique. 
Analogiquement, nous pouvons dire qu’il n’y a pas de libéralisme économique sans libéralisme culturel... ou encore (pour reprendre des concepts de Jean-Claude Michéa), de droite économique correcte sans gauche politiquement correcte. 


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