@ Ceux qui ont les pieds solidement
ancrés sur Terre
J’aurai plusieurs objections en ce qui concerne les propos qui ont été ici
proférés.
1. Si l’on suit le discours scientifique contemporain, la pyramide est un
tombeau royal. Il s’agit donc d’un édifice religieux et, qui plus est, faisant
anciennement l’objet d’un culte. Donc, la géométrie ayant conduit à
l’élaboration des plans de l’édifice est dite "sacrée", car
correspondant à un certain cahier des charges, qui obéit aux croyances de ses
concepteurs, ainsi que du groupe partageant ces mêmes croyances.
Conclusion : Ce n’est pas le nombre mathématique qui est en soi sacré, mais
la valeur que l’on a accordé à un tel nombre, dont les concepteurs ont choisi
de mettre en avant.
2. Définition du sacré (wikipédia) : Le sacré est une notion
d’anthropologie culturelle permettant à une société humaine de créer une
séparation ou une opposition axiologique entre les différents éléments qui
composent, définissent ou représentent son monde : objets, actes, espaces,
parties du corps, valeurs, etc. Le sacré désigne donc ce qui est mis en dehors
des choses ordinaires, banales, communes ; il s’oppose essentiellement au
profane, mais aussi à l’utilitaire.
Conclusion : Si vous considérez la pyramide dite de Khéops, la dernière
des merveilles du monde antique encore debout comme ordinaire, banale, c’est
votre opinion. Mais est-elle utilitaire ? Si l’on considère que c’est un
tombeau royal, en faisant intervenir des éléments tels que les salles
ridiculement petites comparé à l’édifice, le fait qu’il n’y ait aucune
inscription à l’intérieur, etc... Elle n’est certainement pas construite de manière
utilitaire.
D’autre part, le sacré n’est pas forcément lié au "religieux"
(entendons ici, un culte constitué en Église), mais peut-être lié à une
tradition mythologique ou idéologique.
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Nota benne : On ne peut définir le sacré comme un sacrement. (cf. "après
tout toi qui titre"sacré" ce qui ne l’est pas forcément, et surtout
selon quel sacrement ?"). Peut-être que le dictionnaire du CNRTL
a été ici consulté, mais il y a confusion entre le verbe "sacrer" et
le substantif "sacré". D’autre part, la définition de wikipédia,
reprend dans des termes simples, accessible à tous, celle de Mircea Eliade, qui
fait autorité dans le milieu universitaire.
3. rappel : religion = secte qui devient majoritaire
Ici deux rappels s’imposent.
Religion / Culte / Église ne doivent pas être confondus. Une religion c’est un
ensemble de croyances soit propre à un individu, soit partagée par un
groupe d’individus. Un culte, c’est lorsque ces croyances sont organisées
autour de rituels symboliques, effectuées par soit un individu, ou un groupe.
Enfin, une Église désigne un ensemble de croyances, de pratiques cultuelles,
faisant l’objet de dogmes devant être respecté par les fidèles.
2ème Rappel : (toujours wikipédia) Le mot secte a d’abord désigné soit
un ensemble d’individus partageant une même règle de conduite, une même
doctrine philosophique, religieuse etc., soit un groupe plus ou moins important
de fidèles qui se sont détachés de l’enseignement officiel d’une religion
et qui ont créé leur propre doctrine. Une secte peut aussi désigner une branche
d’une religion, une école particulière. En ce sens, ce mot n’a rien de
péjoratif.
Conclusion : N’invoquons pas ici Karl Popper et son épistémologie
évolutionniste, mais on peut dire, en substance, que la science moderne est une
secte, comme n’importe quel groupement de personnes qui ont en commun des
règles de conduites similaires. On peut aller plus loin, et dire que la science
est une religion, voire même une Église, car les dogmes qui sont
les siens (et qu’elle détient comme irréfutable) peuvent, et l’histoire le
démontre, évoluer. Après, il ne faut pas non plus dire qu’il faut accorder plus
de crédit à une quelconque église que dans la science moderne, car ses bases
sont quand même, et ici nous touchons à un consensus quasi-général
(faisant donc acte de foi), plus fiable que d’autres Églises. Dire que la
mathématique est un langage universel, et donc, la qualifier de science dure
(càd parfaite), c’est un fait, mais il ne faut pas oublier que celle que
nous utilisons dans notre vie de tous les jours est une construction humaine, et
donc potentiellement sujette à caution (par exemple, en ce qui concerne la
théorie : la géométrie non-euclidienne).
4. Un bon français, en tant qu’héritier de la pensée de René Descartes, se doit
d’adopter le "doute cartésien" comme mode de raisonnement
scientifique. À savoir, douter de ses préjugés, de ses sens. Ce dont il n’est
clairement pas appliqué ici.
5. Rejeter toute dimension spirituelle comme vous le faites est doublement dangereux.
D’abord, cela s’appelle le "scientisme", et mène à de gros vices (je
vous renvoie sur l’article référant sur Wikipédia).
Deuxièmement, rejeter la part spirituelle de l’homme revient à rejeter ce qui
fait de lui un humain. Non, ce qui "différencie" l’homme des autres
animaux ce n’est pas sa grosse boîte crânienne, sa faculté de penser, notre
conscience (comme on nous l’enseigne en cours de philo en terminal). C’est très
extrêmement péremptoire et prétentieux comme affirmation ; les recherches de ces
dernières dizaines d’années tendent à prouver le contraire, notamment en ce qui
concerne les grands primates et mammifères marins. Ce qui fait de nous des
hommes, c’est notre capacité extraordinaire à relier (religare) des
faits différents entre eux, et à en former un système cohérent. Ce processus
d’apprentissage ne prenant, chez nous, tout simplement pas fin (il continue
jusqu’à...). Cela ne fait pas de nous des êtres "supérieurs", non
certainement pas. C’est juste notre signe distinctif, et cela fait surtout de
nous des êtres qui sont doublement responsables vis-à-vis des autres.
6. Tous les plus grands enseignements spirituels de par le monde disent tous
que l’on ne doit pas manquer de respect, ou dire du mal d’autrui, et surtout le
fait de ne privilégier que la meilleure part en chacun. On a le droit de ne pas
être d’accord, d’avoir des questions, au contraire, il faut ! Mais encore
faut-il savoir faire part intelligemment de son désaccord... autrement que par
des sarcasmes... (par exemple, tenter un semblant d’argumentation logique)
Pour ma part, le sujet est clos quant à ces remarques.