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Commentaire de Joe Chip

sur Il faut un acte de volonté


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Joe Chip Joe Chip 12 avril 2016 20:19

Je suis d’accord en partie sur le constat (cf. mon propos ci-dessous) mais il est illusoire de penser pouvoir tout résoudre en faisant appel, façon pensée magique, à l’initiative individuelle et à la volonté d’entreprendre.

L’Etat-Providence a commencé parce que près de deux millions de Français étaient restés sur le carreau en 14-18, et qu’il fallait bien prendre en charge toutes les souffrances et toute la misère engendrées par ce désastreux conflit, sachant qu’il n’existait rien à l’époque pour se substituer aux carences de la société civile. Et autant le dire tout net, cette prise en charge fut particulièrement médiocre en France, ce qui favorisa l’émergence du parti communiste. C’est d’ailleurs une des raisons de la débâcle "morale" de 40, les familles s’étaient senties abandonnées par l’Etat français après la guerre. Les blessés ne retrouvaient pas de travail, les familles étaient complètement impuissantes face aux symptômes de stress post-traumatiques alors incompris (les progrès de la chirurgie et de l’hygiène avaient permis de sauver les blessés qui mourraient autrefois sur le champ de bataille). Les divorces explosèrent dans les années suivant la guerre, aggravant le déficit démographique et détruisant les solidarités familiales. La France, oublieuse, se plongea corps et âme dans les années folles. Puis le pacifisme socialiste sembla émerger comme une solution aux nouvelles menaces. Tout cela fit qu’en 40 le "plus jamais ça" se convertit en "tout mais pas ça". Tout cela explique aussi la politique "étatiste" qui fut poursuivie après la guerre de 45, et l’attention accrue portée au bien-être de la population. 

Evidemment, je ne cherche pas à justifier les dévoiements de cette politique à partir des années 60-70 mais il me semble important de ne pas tout réduire à des enjeux purement idéologiques. Les gens qui ont construit les systèmes de sécurité sociale ne pensaient pas que l’Etat-Providence serait de plus en plus mobilisé pour pallier aux dysfonctionnements des politiques économiques, ce qui n’était pas son objet.

Pour revenir à l’aspect économique, la liberté d’entreprendre ne va pas tout résoudre à elle seule. Il faut aussi des changements structurels profonds du mode de production, avec une implication décisive de l’Etat partout où cela est nécessaire, et où c’est son rôle.


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