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Commentaire de maQiavel

sur (Sénateur américain) "Je défie quiconque de me donner un mobile sérieux qu'aurait eu la Syrie à utiliser du gaz toxique sur les rebelles."


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maQiavel maQiavel 11 avril 2017 22:10

@yoananda

Si on se limite uniquement aux causes intérieures, il y’a les conséquences internes de la mondialisation néolibérale.

Assad père a mené à son arrivé au pouvoir une politique économique dites « socialiste » mais plutôt « Etatiste » (réforme agraire, nationalisation des secteurs industriels, financiers, logistiques, réduction des inégalités etc) qui faisait que des pans entier de l’économie Syrienne étaient entre les mains du régime. 

Il y’a ensuite eu plusieurs vagues de libéralisation  commencé après le contre choc pétrolier des années 80, le gouvernement Syrien va y répondre en libéralisant, ce qui va dynamiser des secteurs économiques et faire émerger de nouvelles bourgeoisies  d’affaire mais elles sont le plus souvent constituées par des hommes politiques et la bureaucratie freine les investissements.

Arrivé au pouvoir, Bachar va poursuivre la dynamique et en 2005 décrète la fin de l’Etatisme au profit d’une « économie sociale de marché ». Et Bachar d’impulser dans la foulée une nouvelle libéralisation ? : modernisation du système financier, autorisation des banques privées, ouverture aux investissements étrangers etc. La situation économique de la Syrie s’améliore, de nouvelles entreprises privées émergent, le PIB  double en 5 ans et le taux de croissance est en augmentation.

Mais comme toujours dans les processus de libéralisation, il y’a des gagnants mais aussi des perdants : les inégalités se creusent, avec la fin des subventions agricoles l’exode rural devient massif et a accentué la précarité dans les centres urbains , remise en question progressive de la gratuité des systèmes de santé et d’éducation, ce qui va sévèrement pénalisé les couches les plus défavorisées de la population. Les anciens bénéficiaires de l’économie planifiée vont donc se retrouver hors circuit, dégoûtés par la bourgeoisie d’affaires et la corruption politique et se recroqueviller dans l’identité religieuse.

L’économie Syrienne va ensuite souffrir des retombées de la crise de 2008 d’une explosion de chômage (dans un pays à forte croissance démographique). Le régime va réagir en se tournant vers les pays du Golfe pour attirer leurs investissements mais ce faisant, il ouvre encore davantage la porte aux missionnaires salafistes qui vont orienter le repli religieux vers le takfirisme. Quand l’Etat a arrêté les investissements publics dans les zones rurales où la croissance démographique restait très forte (huit enfants par femmes !), il y a eu une grosse pression sur Alep qui connaissait déjà des faillites dans l’industrie textile liée à la libre circulation des marchandises et la concurrence des produits turcs et chinois provoquant notamment le déclassement d’une certaine bourgeoise commerçante et industrielle.

En résumé : vagues de libéralisation, crise économique, exode rural, explosion démographique, frustration liée au déclassement et replis identitaro-religieux sous l’influence de (télé) évangélistes salafistes. Tout cela va contribuer à la construction d’une contre société que le régime va se prendre dans la gueule dans les manifestations de 2011. Bien évidemment , il ne s’agissait pas de tous les Syriens , Bachar restait populaire et jouissait du soutiens d’une large portion de la population Syrienne mais une large portion de l’opinion populaire s’était résolument retournée contre lui et son régime , ce qui était suffisant pour que des puissances étrangères allument la mèche de la poudrière. 


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