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Commentaire de Joe Chip

sur Michel Drac : Les Blancs, les Juifs et nous (Houria Bouteldja)


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Joe Chip Joe Chip 15 juillet 2017 22:40

Il faut prendre en compte le fait que le patriarcat "africain" et "arabe" se voient attribués certaines concessions dans la version la plus avancée (ou extrémiste, selon le point de vue) du marxisme culturel et en particulier dans sa déclinaison néoféministe "black" aux USA (tendance encore embryonnaire en France mais qui devrait s’amplifier dans les années à venir). Pour ces militantes féministes (de couleur), le patriarcat noir (ou arabe), essentiellement prolétaire, est à la fois perçu comme une oppression inférieure à celle du patriarcat blanc et comme une manifestation concrète de la résistance des hommes de couleur à l’ordre bourgeois blanc, justifiant la violence de ces derniers, y-compris quand celle-ci s’exerce contre des femmes de couleur dans le cadre domestique... ce qui explique pourquoi Houria Bouteldja conseille aux femmes (algériennes) frappées par leur mari d’endurer cette violence au nom du combat anticolonialiste contre l’homme blanc... En cherchant à tempérer cette violence domestique au nom du féminisme (des femmes blanches des bourgeois blancs, donc des mâles blancs dominants), la femme - arabe, noire - jouerait en fin de compte le jeu subtil des hommes blancs dont la domination s’exerce toujours de manière horizontale grâce à des intermédiaires (ici, des intermédiaires féministes, notamment dans l’université), et qui a donc tout intérêt à promouvoir le féminisme auprès des femmes de couleur dans le but de domestiquer l’homme de couleur. 

Il est donc nécessaire, au moins dans un premier temps, de créer un féminisme de couleur qui refuse l’immixtion des féministes blanches. Dans certaines universités américains, les étudiants issus de minorité commencent à exiger des cours réservés aux membres issus de leur propre communauté, arguant que le fait de se retrouver dans un milieu "blanc" est déstabilisant, sinon intimidant, et constitue donc un facteur d’inégalité supplémentaire par rapport aux étudiants blancs. 

Ce qui est effectivement paradoxal et troublant dans cette conception du monde, c’est que la "virilité noire" et la "virilité arabe" y sont typiquement perçus selon les poncifs de la pensée coloniale : dangereuse, subversive, débordante, propre à remettre l’ordre social en question. L’homme de couleur ne saurait construire, il ne peut que détruire. Loin de devoir abandonner cette violence, il doit s’en saisir pour renverser la domination de l’homme blanc afin de faire advenir l’égalité réelle en abolissant toutes les frontières sexuelles, raciales et sociales créées au travers de l’histoire par l’homme blanc... on retrouve ici la dimension messianique du marxisme.

Il y a des oppositions de plus en plus profondes au sein de la mouvance féministe à ce sujet. Les féministes noires estiment ainsi que seul le "machisme blanc" constitue un réel problème, notamment en raison des "privilèges" dont le mâle blanc bénéficierait par rapport au mâle noir. S’attaquer au machisme des prolos noirs ne pourra donc avoir de sens qu’après avoir abattu le patriarcat blanc. Ce schisme à l’intérieur du féminisme a été importé en France au cours des deux dernières années. On en a vu les premières manifestations dans les polémiques autour de l’affaire du burkini australien.

Boutledja recrache effectivement - de manière assez grossière en plus - ce néoféminisme américain qui est promu en France par l’ambassade américaine et les médias libéraux comme le New York Times. A voir si cela va continuer sous Trump. 


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