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Commentaire de Joe Chip

sur Nasser répond aux islamistes sur le socialisme


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Joe Chip Joe Chip 13 décembre 2017 11:54
Cette opposition entre socialisme et islamisme ne fonctionne qu’à un niveau très superficiel, car il existe une continuité entre la période des années 60-70, marquée par les revendications sociales et nationalistes, et la période des années 80-90 où l’islamisme se déploie d’abord à travers le monde chiite (79, révolution iranienne) puis sunnite (90, première guerre d’Irak).   

Les "barbus" ont en réalité très bien compris l’impact du socialisme sur la jeunesse arabe et le profit qu’ils pouvaient en tirer à partir de la fin des années 70. A l’idéal marxiste révolutionnaire et nationaliste, ils ont substitué la révolution islamique et conservatrice, en lui assignant des objectifs politiques et non plus seulement religieux. La Oumma est venue naturellement répondre aux aspirations déçues (ou trahies) de l’internationalisme et du panarabisme qui dégénérait dans tout le monde arabe en autoritarisme dictatorial. 

Dans ce cas de figure, il faut toujours se demander si ce qui a été "instrumentalisé" n’était pas dans une large mesure "instrumentalisable", et si des figures comme Nasser n’ont pas été en fin de compte les victimes naïves ou les "idiots utiles" des dérives religieuses qu’ils ont voulu combattre.
Peut-être que s’ils avaient cherché davantage à libéraliser la rue arabe au lieu d’entretenir dans l’esprit des jeunes des idéaux abstraits - et donc dangereux - d’égalité parfaite, de "santé offerte à tous", "d’éradication de la société de classes" - j’en passe et des meilleurs - , les fondamentalistes n’auraient pas eu la partie aussi facile ensuite, car il ne leur restait plus qu’à exploiter les frustrations et le ressentiment engendré par l’échec du socialisme. Quelle meilleure réponse, en effet, à cet espoir de "société sans classes" que la grande communauté des croyants ? Les Islamistes ont pu jouer sur du velours grâces aux déceptions créés par le socialisme, comme d’autres, d’ailleurs, ont pu le faire en Europe (notamment des nationalistes et des militants régionalistes). 

Donc il n’est pas juste d’opposer dialectiquement socialisme et islamisme, dans la mesure où l’idéologie marxiste qui imprégnait les groupes terroristes à vocation révolutionnaire des années 70 (type septembre noir) a au contraire préparé le terrain aux islamistes qui on pu récupérer cette radicalité politique à leur profit en lui donnant un nouvel exutoire : le djihad. La décomposition du monde communiste au cours des années 80 et les succès obtenus par le Hezbollah au Liban et par les moudjahidines en Afghanistan n’ont fait que renforcer le prestige des islamistes auprès de l’opinion arabe, et accéléré cette évolution de l’Islam. 

C’est l’origine de ce que l’on appelle aujourd’hui avec plus ou moins de justesse l’islamo-gauchisme (en le caricaturant souvent). 

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