Même en cédant à l’approche communautaire, la « communauté »
des agnostiques a le droit aussi à ses exigences. Elle souhaite que l’animal
souffre le moins possible : l’assommer ou le tuer directement le fait
moins souffrir que l’égorger. On peut ajouter que la prescription religieuse de
l’égorgement n’avance aucune justification, hormis que c’est un dogme. Donc si
un religieux ne veut pas avoir à justifier son souhait d’égorger, il n’a pas à
demander à l’agnostique de justifier son souhait d’assommer l’animal. Cette
inégalité de traitement entre communautés n’est évidemment pas saine et ne peut
qu’alimenter un contentieux contre celle favorisée.
Je note aussi avec ces auditions l’évocation récurrente de la
peur. C’est un prétexte, évidemment, pour contourner les demandes d’informations
réelles de consommateurs. Mais la décision législative ne porte pas
seulement sur des peurs qui seraient notoirement avérées, comme l’hygiène, les composants
alimentaires, les conditions de conservation, mais aussi sur une peur imaginaire : ici trop d’information qui créérait de la peur. Puisque est déjà
dans une société en –phobies, inventons ici l’informatiophobie.
On est donc bien dans une société qui construit ses
comportements, ici législatifs, sur les peurs, qu’elles soient réelles, fantasmées, voire inventées.
Comme si avoir peur de tout devenait un besoin.