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Commentaire de Étirév

sur Qu'est-ce que le taoïsme ?


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Étirév 7 juillet 2018 12:26

Examinons le Taoïsme, ou seconde « religion » chinoise après le confucianisme.
Rappelons d’abord que la doctrine du Taoïsme a pour auteur Lào-Tseu, qui était contemporain de Confucius, mais plus âgé de cinquante ans. Il était, comme lui, un « réformateur » de l’ancienne religion naturelle. On présente sa doctrine comme étant en contradiction avec celle de Confucius ; en effet, elle est plus rationnelle, plus près de l’« éternelle raison » que celle de Confucius, et par cela même plus idéale, moins positive, ou plutôt moins sceptique. L’objet de son culte est le Tao, mot qui a une signification très étendue ; il signifie raison primordiale, intelligence, esprit, puissance morale qui régit le monde, Etre suprême, ses partisans se disent Tao Ssé, sectateurs de la raison, et Tao Kia.
Leur enseignement s’appelle Tao Tao, loi du Tao, doctrine de la raison : leur religion Tao Kiao, religion du Tao.
Le livre sacré des Tao Ssè porte le titre de Tao-Te-King (le livre de la raison et de la vertu - 600 à 560 av notre ère). Suivant les anciens dictionnaires chinois, tao signifie un chemin, le moyen de communiquer d’un lieu à un autre ; ce chemin n’est-il pas le lien moral qui relie l’homme à la femme, et qui est bien, en effet, basé sur la raison ? De Tao on fait aussi : direction, marche des choses et condition de leur existence ; c’est bien de ce lien que tout cela dépend.
Enfin, Tao signifie « la raison se manifestant », c’est-à-dire la parole.
Le Tao-Te-King a pour auteur Lao-Tseu, qu’on appelle aussi Lao-Kiun. Son ouvrage n’a qu’une trentaine de pages. Il contient deux parties : Tao-King (livre du Tao) et Te-King (livre de la vertu). C’est de ces mots, qui sont les premiers de chacune des deux parties, qu’on a fait le titre général,Tao-Te-King.
M. Abel de Rémusat a, le premier, essayé de traduire en français le Tao-Te-King, mais sa traduction est incomplète ; M. Stanislas Julien en a fait une meilleure.
Deux traductions de ce livre ont été faites en Allemagne, l’une par M. Victor de Strauss, l’autre par M, Reinhold de Plænckner.
Voici, d’après Stanislas Julien, la traduction du premier chapitre :
« La voie (Tao) qui peut être exprimée par la parole n’est pas la voie éternelle ; le nom qui peut être nommé n’est pas le nom éternel.
« L’Etre sans nom est l’origine du ciel et de la terre ; avec un nom, il est la Mère de toutes choses.
« C’est pourquoi, lorsqu’on est constamment exempt de passions, on voit son essence spirituelle ; lorsqu’on a constamment des passions, on le voit sous une forme bornée.
« Ces deux choses ont une même origine et reçoivent des noms différents. On les appelle toutes deux profondes. Elles sont profondes, doublement profondes. C’est la porte de toutes les choses spirituelles.  »
Que de choses dans ces lignes !.... D’abord, dans le premier paragraphe, la distinction à faire entre le principe cosmique, l’Etre sans nom, et le principe moral, la Mère, l’Être suprême avec un nom.
L’Etre sans nom crée le ciel et la terre, puisqu’il est la force cosmique (voyez l’article du blog intitulé COSMOGONIE dans lequel ce principe cosmique est défini ).
L’Etre nommé, la Mère, crée toutes les choses d’ordre moral.
Puis la nécessité pour l’homme d’être exempt de passions pour comprendre ces choses, également profondes l’une et l’autre, puisque l’une est toute la science physique, l’autre est toute la science morale.
Un des principes fondamentaux attribués à Lao-Tseu est le non-agir.
« Le saint homme fait son occupation du non-agir. » Ceci est très vrai, car c’est seulement dans le repos des muscles que la pensée s’exerce. L’homme qui agit beaucoup pense peu.
Chap. III, il est dit : « Lorsque l’homme gouverne, il vide son coeur (il s’adonne à la débauche), il remplit son ventre (il s’adonne à l’intempérance), il affaiblit sa volonté (se livre à ses caprices), et il fortifie ses os (résultat physiologique de la débauche). »
Quelle science profonde dans ces quelques mots !...
« Il s’étudie constamment à rendre le peuple ignorant (jalousie : abêtir pour dominer), il fait en sorte que ceux qui ont dû savoir n’osent pas agir (persécution des intellectuels). »
Voilà ce que fait l’homme quand il agit, c’est-à-dire quand il gouverne !
« Il pratique le non-agir et alors il n’y a rien qui ne soit bien gouverné.  »
C’est alors qu’il laisse les autres se développer intellectuellement et se manifester librement, et, quand je dis les autres, je dis surtout les femmes, qui, alors, font leur oeuvre d’ordre et de progrès.
La doctrine de Lao-Tseu a été altérée à l’époque de l’empereur Wen-Tï des Han (179-155 avant notre ère).
Depuis ce moment, l’esprit n’en a plus été compris ; on y a mêlé du surnaturel.
Un savant lettré, Ma-Touan-Lin (1245-1325 de notre ère), dit de ces écrits : « On en a de plus en plus méconnu le véritable esprit, à mesure que l’on s’éloignait de l’époque de leur rédaction. Des thaumaturges et des charlatans ont emprunté le nom de Lao-Tseu pour se donner de l’importance, mais sans rien comprendre à ce qu’il avait dit.
« Toute idée supérieure a disparu de ce culte livré à tous les préjugés, à toutes les idolâtries ; à peu d’exceptions près, on se borne aujourd’hui, dans les pagodes, à réciter des prières et à brûler de l’encens devant des statuettes plus ou moins hideuses ».
C’est-à-dire que les sectateurs de cette doctrine en sont arrivés au même point dans l’évolution morale que les Occidentaux qui prient devant des statuettes et brûlent de l’encens sans savoir pourquoi.
Cependant, les Tao Ssé comptent dans leurs rangs des hommes distingués, des philosophes, des médecins, des historiens, des savants, ce qui prouve que ces gens sentent qu’il y a quelque chose de profond caché dans cette doctrine incomprise et dégénérée ; ils préfèrent ce reste d’idéal au positivisme des sectateurs de Confucius.
C’est que, tout au fond du Taoïsme, se trouve la pensée féminine, dans toute sa profondeur primitive, et dont les lueurs brillent encore, à travers les altérations que les hommes lui ont fait subir.

Voyons quelques citations pour le démontrer…
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