Attention,
Machiavel ne dit pas que ce sont les pires qui prennent le pouvoir. Chez lui, la
vie politique est une sphère à part entière qui a ses propres règles. Il fait
ainsi une distinction entre les vertus morales et les vertus politiques et
constate que les deux ne se superposent pas forcément : un vice moral peut
être une vertu politique et inversement. Il peut donc arriver qu’un scélérat sur
le plan moral parvienne au pouvoir. Mais n’est pas une règle. Machiavel
distingue plusieurs types de princes et ceux qui le sont devenus par des
scélératesses sont une catégorie parmi d’autres.
Il
faut aussi déconstruire l’affirmation selon laquelle « les gens
donneraient le pouvoir ». Certes, il existe des cas où la collectivité
donne le pouvoir à un individu. Et quand cela arrive, il est évident que la
collectivité le lui a confié pour ses qualités morales entre autres.
Mais
ce n’est pas non plus la règle, ce pouvoir peut avoir d’autres sources que le
consentement éclairé de la collectivité. C’est un biais que de considérer que
les groupes humains donnent le pouvoir, à mon avis les exemples étudiés étaient
trop restrictifs (un lieu, une époque etc.).
Le
pouvoir est quelque chose de très mystérieux, c’est très difficile de saisir ce
qu’il est exactement et la façon dont il se déploie mais je trouve que ceux qui
en ont la meilleure compréhension, ce sont ceux qui s’inscrivent dans le courant
institutionnaliste. Et surtout, pour étudier cette question, il faut se défaire
de ses propres idées préconçues de ce que serait la nature humaine, ce qui est loin
d’être facile.