Il y a une fascination morbide pour le mot "lucifer" rien que dans l’image de garde. Besoin de frisson, quand tu nous tiens ... et il faudrait croire la psychologie de la repentance, comme si elle n’était pas une façon de se faire remarquer, vanité de vanités ... On sait bien qu’il n’y a de satanisme qu’après avoir jugé bon
d’évaluer tout à l’aune du monothéisme. C’est un délire manichéen qui ne
peut s’empêcher de se craindre soi-même, par crainte d’être trompé par
la qualité d’un signal lumineux (luciférien ou divin ?). Bref, c’est de
la paranoïa. Les polythéistes étaient bien mieux lotis, qui disposaient
d’un dieu de la tromperie (Apatée chez les Grecs, Loki chez les Vikings,
etc.) sans lui accorder de valeur paranoïaque de l’avoir placé en
tête-à-tête avec un seul autre principe rédempteur focal (Dieu, dans une
unique perspective de rédemption-salvation de l’anti-principe !). Au
contraire, la pluralité des dieux, qui effraiera tout "bon" monothéiste
de mobiliser des styles et des esthétiques pseudo-sataniques, est
finalement bien plus riches (puisque ne mettant pas un principe et un
anti-principe en lice, à définir le principe rapport à l’anti-principe
seulement) et finalement bien plus enjouante à vivre (plus enjouante à
vivre que la quête angoissée d’une grâce dont on ne peut espérer être
touché qu’en se faisant sage comme une image angélique ... tout en
craignant paranoïaquement que cet ange ne soit luciférien !). Le
monothéisme devant Satan, c’est comme le féminisme devant "le Mâle" : un
délire