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Commentaire de Baston Labaffe

sur Michel Onfray : "Nous sommes gouvernés par des crétins"


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Baston Labaffe Baston Labaffe 18 février 2019 22:15

@La dissidente
Sa dernière lettre... Est il Gilet ? Est il jaune ? Il est bien rasé donc Gilette assurément, jaune ? Je ne lui connais pas de cirrhose avérée, juste mi figue mi raisin, du Onfray quoi, ménageant la chèvre et le chou, un peu rebelle mais pas trop, un peu système mais pas trop, un peu réac mais pas trop, Onfray, le BHL enraciné, mais pas trop...

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Lors du quatorzième acte de la manifestation des gilets-jaunes, Alain Finkielkraut a été pris à partie dans la rue, puis invectivé de façon clairement antisémite. La presse, la classe politique, un grand nombre d’anonymes, mais également le président de la République, le ministre de l’Intérieur, tous se sont légitimement offusqués et ont manifesté leur soutien au philosophe. Je suis terriblement offusqué moi aussi et je manifeste mon soutien total à l’auteur de "La Défaite de la pensée". En voyant ces images et en entendant la bande son qui l’accompagne, j’ai eu un haut-le-cœur physique, j’ai ressenti un malaise corporel empathique. La vision du corps voûté du philosophe, comme s’il cherchait en vain à se protéger corporellement des insultes, des cris, des vociférations, son visage sidéré, son regard hagard, tout cela m’a immédiatement rappelé ces photographies de juifs à la silhouette abattue, accablée, écrasée en présence de soldats nazis. Je ne suis pas suspect de banaliser le nazisme et d’y renvoyer mal à propos ! Dès lors, l’heure venue, et, hélas, elle est venue, je peux vraiment dire que, cette fois-ci, ces images m’ont fait penser aux juifs du ghetto de Varsovie traqués par la soldatesque national-socialiste. Ma peine pour cet homme est grande.

  Peut-on penser ce qui est advenu ?

   J’ai la faiblesse de croire que oui et la certitude que, pour ce faire, il me faut dire un certain nombre de choses que la presse ne dit pas. Et dire ce que la presse ne dit pas en précisant, justement, qu’elle ne le dit pas, puis dire pourquoi elle ne le dit pas, c’est aller au devant d’un lynchage. Ce n’est pas bien grave, j’ai l’habitude, ce ne sera pas la première fois. Ce ne sera pas la dernière non plus.

   Qu’est-ce que la presse n’a pas dit dans cette affaire ? Que le propos antisémite tenu par un vociférant dont j’espère que Castaner va être actif pour le retrouver afin qu’on connaisse son identité et qu’on établisse son portrait politique et sociologique en bonne et due forme, l’a été par un musulman. Cela ne fait aucun doute. Pourquoi la chose n’a-t-elle pas été dite ? On a stigmatisé le propos antisémite, et on a eu raison, mais pas du tout l’origine islamique de ce propos. Et on a eu tort. Je vais dire pourquoi.

  Établissons les faits : un paquet de gens qui portent le gilet jaune siffle, crie, vocifère, insulte, invective, hurle. Ils semblent une grosse dizaine. On y trouve les habituelles mentions scatologiques –"grosse merde", "enculé".... Ou bien encore le désormais fameux "nique ta mère", une insulte née dans les banlieues, sûrement pas à Saint-Flour dans le Cantal. On y entend surtout "Palestine" à plusieurs reprises. L’un des plus actifs porte le keffieh palestinien enroulé sur sa tête. L’autre arbore une barbe dans l’esprit salafiste –avec la lèvre supérieure rasée.

  Cette fameuse presse qui se tait sur l’origine de cet antisémitisme, notamment celle du service public audiovisuel, ne dira pas que c’est un musulman qui est en cause, pour la bonne et simple raison qu’en pareil cas, elle charge systématiquement ce qu’elle nomme "l’extrême-droite", à savoir Marine Le Pen. Elle est tellement utile pour servir d’attraction au premier tour des présidentielles, puis de répulsion au second, afin que le candidat maastrichtien soit largement élu pour faire barrage à un prétendu fascisme, qu’il faut politiquement, donc médiatement, en user sur le mode attraction-répulsion !

  Quand ce qui reste du Parti socialiste prend l’initiative d’un rassemblement public contre l’augmentation vertigineuse des actes antisémites en France, il prend bien soin de ne pas inviter le Rassemblement national puis, en regard de son absence, il conclut… à la preuve de son antisémitisme ! La France insoumise, elle, a été invitée, alors que la preuve qu’il existe une frange islamo-gauchiste active dans la FI est avérée [1]. Or cet islamo-gauchisme est clairement antisémite. Mais cela ne gêne pas le PS qui appelle à manifester certains antisémites contre l’antisémitisme…

   Qu’on se souvienne que, lors des présidentielles de 2012, Mohammed Merah a tué des enfants juifs avec une arme à bout touchant. Sarkozy et Hollande avaient annulé leurs passages à la télévision au nom d’une trêve de décence. A la demande de Marine Le Pen elle-même, une émission de télévision qui devait lui être consacrée sur le service public a été annulée. Mélenchon, quant à lui, a continué sa campagne [2]. Qu’aurait-on dit s’il s’était agi de Marine Le Pen ?

  S’il existe une complaisance à l’endroit de la frange radicale de l’islam, ça n’est pas au RN qu’on la trouvera, mais à gauche, hélas. L’antisémitisme de droite a existé, c’est celui des catholiques pour lesquels les juifs sont le peuple qui a tué Jésus au nom d’une foi dont les fidèles du pape François estiment que leur héraut l’aurait dépassée par la vérité de son message. L’Eglise catholique a fait amende honorable en 1965 avec le Concile Vatican II en abolissant la thèse du peuple déicide. On ne peut faire comme si la chose n’avait pas eu lieu. Quand il existe, cet antisémitisme de droite est résiduel, ponctuel, individuel. 

  L’antisémitisme de gauche a existé lui aussi. On le trouve chez nombre de penseurs socialistes du XIX° siècle, dont Marx qui était lui même juif. Qu’on lise "La Question juive" (1843). A gauche, on estimait alors que le judaïsme, c’était l’argent, les banques, donc le capitalisme. Lutter contre le pouvoir de l’argent et du capital équivalait à lutter contre le pouvoir des juifs. Cet antisémitisme existe toujours, et dans les mêmes formes. Et il n’est, hélas, ni résiduel, ni ponctuel, ni individuel, mais structurel.

   Il prend notamment aujourd’hui la forme de l’antisionisme. Une équation simple qui réjouit les simplistes pose que juifs = argent = capital = capitalisme = Etats-Unis= Israël = sionisme… Cette équation qui désigne l’Ennemi se double d’une figure qui est celle de l’Ami : le "Palestinien". Ce "personnage conceptuel", pour parler le langage de Deleuze, autorise des variations sur des thèmes multiples : l’Arabe, le Maghrébin, le Musulman, le Djihadiste, le Migrant, jadis l’Immigrant ou l’Immigré. Cette série très hétérogène mériterait d’abondantes précisions sémantiques et philosophiques, mais elle devient un bloc homogène chez les antisémites qui posent une autre équation simple qui réjouit elle aussi les simplistes : Arabe = Maghrébin = Musulman = Djihadiste = Migrant, avec un mot pour homogénéiser cette série : "Palestine".

  C’est justement ce mot-là qui a été utilisé contre Alain Finkielkraut par des gilets-jaunes.

   Des photographies circulent sur le net qui montrent une femme de dos portant un foulard islamique et arborant un gilet jaune sur lequel est écrit le texte que voici : "Les banques nous enculent et l’Etat lubrifie. # Rothschild # Sachs # Attali". Puis ceci : "A nos (sic) morts, à nos (sic) mutilés, à nos (sic) prisonniers, à nos (sic) blessés". Enfin : "Ni oubli, ni pardon". Il existe également d’autres moments antisémites chez les gilets-jaunes. C’est incontestable. Les quenelles qui se répandent témoignent.

 


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