L’impératif
stratégique de la Russie était d’éviter un effondrement de l’appareil d’Etat
syrien. Cependant, les objectifs de Moscou ne se marient pas totalement avec
ceux de Damas : le gouvernement syrien entend restaurer son autorité par la
force militaire si nécessaire alors que Moscou considère que la guerre ne peut être
gagnée militairement et ne veut pas s’enliser dans un conflit couteux dans le contexte
de guerre économique que lui livre le bloc américano-occidental. Il s’en suit
que Moscou, craignant une
réédition du piège
afghan, cherche une sortie diplomatique au conflit, pousse à la négociation et
s’accommoderait d’un schéma institutionnel constitué d’ un appareil d’Etat
solide mais exerçant sa souveraineté sur un territoire limité, et à sa
périphérie, des zones autonomes organisées selon les principes d’ une constitution
fédérale, alors que Damas rechigne à ce genre de compromis et cherche avant
tout à reprendre possession de l’ensemble du territoire national en écrasant
les dissidents. Il y’a à ce niveau-là des tensions entre Moscou et Damas, ce
dernier n’hésitant pas à se servir de Téhéran pour réduire l’influence russe
dans la résolution du conflit.
Dans ce jeu complexe et paradoxal qui
se joue sur l’échiquier syrien, d’un côté la Russie occupe la position médiane
qui est la seule susceptible de faire consentir à tous les acteurs une solution
négociée, mais de l’autre elle n’est pas en mesure d’imposer une verticale
disciplinaire à ces acteurs, une sorte d’empêtrement règne dans cette guerre et
la diplomatie russe reconnaît ouvertement qu’elle ne peut pas proposer un
règlement du conflit qui satisfasse tout le monde. En fonction des développements
sur le terrain, la position de Moscou pourrait devenir intenable.