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Commentaire de Étirév

sur Eva Marchal chante contre les féminicides avec Au bout du couloir


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Étirév 16 janvier 2021 18:37

« Ce qui me terrifie, dans les violences conjugales, c’est le « par amour ». Cette faculté qu’ont les femmes à supporter, à pardonner, à espérer, au nom de l’amour. »
Rappelons que l’état de servitude qu’on commençait à imposer à la Femme dans la deuxième moitié du 1er siècle avant notre ère et qu’on allait bientôt appeler « con-jugal » (avec joug) est l’origine de l’institution mariage, c’est-à-dire de l’asservissement de la femme dans une union monogame (ou plutôt monoandre) qu’on veut opposer à l’hétaïrisme, c’est-à-dire au régime de liberté de la Femme.
À la source des violences conjugales.
Le premier fait à enregistrer, c’est la révolte de l’homme contre les lois de la Nature.
Ce fut dans la jeunesse de l’humanité que l’homme s’aperçut, peu à peu, de la différence qui commençait à se dessiner entre lui et la femme.
D’abord il traversa une période d’étonnement et de tristesse quand il aperçut l’état qui résultait de la nouvelle fonction qui s’était imposée à lui. Il s’y était livré sans frein, si bien qu’il avait vu, en peu de temps, s’accentuer, en lui, les caractères du mal qui en sont les résultats, il était devenu brutal, batailleur, irritable et sensuel jusqu’à l’excès. A ses heures de réflexion il eut honte de cet état, il voulut le cacher, l’effacer. Pour cela il y avait un moyen : arrêter la cause de sa déchéance pour en arrêter les effets. II l’intenta, mais l’instinct devint plus fort que lui, il ne put le vaincre.
Alors, s’adonnant tout à fait à la passion qui le sollicitait, il se révolta contre la Nature même qui lui imposait ce sacrifice de son Âme.
La perversion, naissant en lui, lui enseigna le mensonge, il nia ce qui était, condamna la Nature, nia ses lois, nia tout ce qu’il avait cru jusque-là, tout ce qui le gênait : ce fut le premier pas en arrière.
Le voilà donc divisé en deux êtres : l’un qui s’affirme et se révolte dans la vie sexuelle, l’autre qui le retient dans la vie intellectuelle, et la lutte qui va s’établir dans l’homme lui-même est le prélude de la lutte qu’il va soutenir contre la femme qui sera comme un reflet de sa propre conscience.
La femme... il la veut, pourtant, pour son amour mais non pour ses reproches. Il la poursuit assidûment d’un désir, d’abord idéal, mais bientôt, bestial.
Quant à elle, comme, elle ne sait pas que l’homme est un être autrement constitué qu’elle, elle croit trouver en lui tout ce qu’il y a en elle : l’amour cérébral qui élève l’esprit, qui l’invite à la contemplation de l’univers, au rêve cosmique, à l’abstraction.
Et, dans les premières heures de rapprochement, c’est de la Nature qu’elle lui parle, du Cosmos ou d’elle-même, chef-d’œuvre de la création qu’elle veut lui dévoiler.
Mais il ne la comprend pas, ce n’est pas cela qu’il veut.
Cependant, dans ces premières relations, elle triomphe et fait naître en lui une ombre de sa pensée, il traduit, en rêve, ce qui est en elle, le réel, il donne une forme concrète à l’idée abstraite, mais la poétise ; sa vérité, à elle, était nue, austère, il l’habille de belles phrases, la rend embellie et comme une conception née en lui. Elle lui a beaucoup parlé d’elle. Lui, qui s’ignore, écoute ses idées révélatrices, se les assimile, fait du moi féminin son moi à lui et ainsi s’attribue si bien son âme qu’il se croit elle.
C’est ainsi que naît sa première erreur psychologique qui grandira et s’affermira à travers les générations. Cette empreinte cérébrale, née avec le premier amour, ne s’effacera jamais en lui.
C’est un curieux phénomène psychique que ce reflètement d’un être sur l’autre, ce miroir que tient la femme et dans lequel l’homme croit se voir !
Mais ce prélude de l’amour ne lui suffît pas, il demande autre chose, et, alors, commencent, pour elle, les terreurs. Elle ne voulait que l’union des esprits, et les désirs qu’il exprime l’inquiètent, elle invente, pour s’y soustraire, une diplomatie savante. Mais elle est bonne, elle a pitié, elle ne veut pas le contrarier, elle l’aime trop pour cela, et elle cède elle se résigne, sans plaisir aucun, au sacrifice de sa personne.
Lui, satisfait son besoin bestial et aussitôt la scène change.
Il devient méchant. Il devient jaloux.
Sa méchanceté commence par la taquinerie, les petites contradictions, les caprices imposés avec entêtement. Il substitue sa volonté à celle de la femme. En même temps sa force grandit, il va l’affirmer.
Puis la jalousie de sexe survient.
Tourmenté de sa déchéance, dont il sent les amertumes, dont il suit les progrès, il va concevoir, pour elle, la haine sourde de l’envie, et la tourmenter pour lui faire expier sa supériorité morale.
La femme, qui le croit fait dans le même moule qu’elle, ne comprend pas. Elle croit ses reproches justifiés et cherche, en elle, des défauts à corriger pour éviter ses critiques. Mais plus elle cède, plus il l’accable, son but est de la faire souffrir, de la vexer, et plus elle croit à sa parole, plus il s’enfonce dans le mensonge, dans son mensonge que la crédulité de la femme fait triomphant.
Il fut timide, d’abord, cependant ; c’est timidement qu’il osa le premier reproche, la première injure ; mais au lieu d’une réaction violente de celle qu’il outrageait, il la trouva intimidée et crédule. Elle crut, comme une vérité, ce qui était une ruse, elle prit pour une justice ce qui était une jalousie. Cela l’encouragea et il recommença.
Ces moments de fausseté manifestés, par des outrages qui expriment sa révolte contre elle, ne sont interrompus que par des poussées de nouveaux désirs ; il fait trêve à ses brutalités quand il veut la reprendre, il redevient alors subitement et momentanément soumis et aimant.
Elle, heureuse du changement, heureuse de l’avoir retrouvé comme elle le désire, croyant le retenir par sa soumission, cède de nouveau et, de nouveau recommence la réaction brutale et ainsi se passe la vie. Chaque rapprochement est suivi d’une chute qu’il fait dans l’abîme du Mal, et chaque fois il tombe un peu plus bas, jusqu’au moment où la folie qui le guette, le prendra tout à fait.
La femme, complice ignorante de ce drame, en est la première victime. L’homme devient le tourment de sa vie.

L’AMOUR


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