Partie 4
La vérité officielle n’est plus
contestable et les crimes perpétrés principalement contre les Juifs –
mais aussi les Tsiganes (les Roms), prisonniers de guerre Soviétiques et civils
Tchèques, Yougoslaves, Français, Allemands et Autrichiens – sont élevés au rang
de génocide absolu (Shoah), tout contrevenant est désormais passible du pénal (un
an ferme). Tout
historien qui effectuerait des travaux de recherche aboutissant à une interprétation
et des résultats différents du Tribunal militaire de Nuremberg et ce qui en est
dit depuis est passible de prison et voué à la mort sociale. La liberté
d’expression est non seulement mise à mal, mais cela restreint également la liberté
de recherche de l’historien. L’historien est guidé dans son travail sur ce
qu’il doit rechercher et trouver, sans dépasser les limites prescrites par la
loi (nombre de victimes, circonstances et moyens techniques
dans le cadre de la « loi Gayssot »), sous peine de sanctions. Max Gallo, historien et ancien
ministre socialiste, s’était exprimé sur ces lois mémorielles : « Pour l’historien, il n’est pas admissible que
la représentation nationale dicte « l’histoire correcte, celle qui doit
être enseignée ». Trop de lois déjà, bien intentionnées, ont caractérisé
tel ou tel événement historique. Et ce sont les tribunaux qui tranchent. Le
juge est ainsi conduit à dire l’histoire en fonction de la loi. Mais l’historien,
lui, a pour mission de dire l’histoire en fonction des faits »
Le Figaro, 30 novembre 2005. L’adage, « Quand la politique entre dans le prétoire, la justice en sort »,
était plus que jamais d’actualité. La
loi Gayssot avait transgressé le principe de séparation des pouvoirs. Le pouvoir
législatif avait non seulement amputé l’autorité judiciaire de sa prérogative
la plus normale, mais avait dépossédé les juges de leur maîtrise dans la constatation
et l’appréciation du fait. Lois naturellement déplorées par une majorité
d’historiens et de juristes, même si certains magistrats zélés n’hésitaient pas
à condamner les accusés avec sévérité par stricte application de la loi, ou
cédaient à une certaine terreur révérencieuse envers le pouvoir politique,
voire à la pression médiatique. La peine encourue pour le délit
d’opinion appelé « négationnisme » reste cependant symbolique à côté
des amendes et « dommages et intérêts » versés
aux associations de lutte contre le racisme ou l’antisémitisme. En effet, un
deuxième dispositif de la loi Gayssot concerne le transfert de l’opportunité de
poursuites judiciaires en tous domaines couverts par le texte de loi, naguère
l’apanage du Parquet, aux associations de défense et sentinelles de la République
du « vivre tous ensemble ». Plus généralement, le révisionnisme historique
est une démarche classique chez les scientifiques et historiens, consistant à réviser en permanence le savoir
historique, réexaminant une interprétation antérieure de faits. Une incessante confrontation des faits tenus pour
acquis avec les découvertes de la science historique, une remise en
perspective de faits historiques en accord avec les données objectives
(nouveaux éléments, découvertes, témoignages, réexamen des sources et des
archives, documents déclassifiés…). Une démarche qui privilégie la science
historique à la « religion » ou la mythologie, et rectifie parfois
l’histoire écrite par les vainqueurs, les dictateurs et les nantis. Le terme a
été, à l’origine, employé par la gauche « révisionniste » pour la
remise en cause des conclusions rendues au sujet de l’affaire Dreyfus et demander la révision du procès en 1898
(à nouveau président de l’Assemblée nationale en janvier 1998, Laurent Fabius imposa que le Palais Bourbon soit recouvert
de l’éditorial de Zola dans « L’Aurore » relançant l’affaire
Dreyfus). De nos jours, le révisionnisme désigne, à tort, une tendance à
remettre en question les atrocités du nazisme dans les camps de concentration. Par
souci de clarté, le terme « négationnisme »
apparaît pour la première fois en 1987 dans le livre « Le syndrome de Vichy » de
l’’historien Henry Rousso (un spécialiste de la Seconde Guerre mondiale, classé
à gauche) afin d’éviter l’ambiguïté avec l’utilisation inadéquate du mot « révisionnisme »
par ceux qui remettaient en cause les études et conclusions d’un épisode précis
de l’histoire : le génocide des Juifs durant le Seconde Guerre mondiale.