https://www.senscritique.com/film/Free_Guy/critique/255380810
Une nouvelle idée de ce que pourrait étre la liberté.
On est plongé dans l’univers virtuel des avatars d’un jeu
interactif et connecté, un jeu violent basé sur des intelligences
artificielles paramétrées pour remplir certains rôles. Une de ces I.A
(un figurant employé de banque) se libère de son code et désire inventer
sa vie. C’est donc l’avènement d’une première I.A digne de ce nom, vu
depuis la vraie vie !
Voilà le cadre dans lequel on nous plante une action plutôt convenue : La
carte "Truman show" pour ouvrir avec la routine de notre héros qui est
petit-à-petit mise à mal et la découverte de sa singularité, puis un
four tout qui mêle "Tron" et "Matrix" à du "Marvel", à "They live ou
Invasion Los Angeles" pour refermer sur la même carte "Truman show".
Un méchant veut détruire cet univers sans aucune empathie pour tous
ses "habitants" (des I.A). Heureusement, il y a "la fille", pilotée par
une gameuse qui dans la vraie vie n’est autre que la créatrice de l’I.A
rebelle mais qui s’est fait arnaquer et reste sans reconnaissance ni
deniers au profit de ...de qui ? Du méchant, ça alors !
Notre employé de banque va s’allier à la fille, tomber amoureux et
ensemble ils vont sauver et même upgrader l’univers virtuel de ce
...jeu. Et la fille a des lunettes et tous les personnages à lunettes
sont des as. Les lunettes offrent évidemment la réalité augmentée du
gamer et un choix d’outils non-accessible aux quidams. Les lunettes,
l’I.A, google n’est sans doute pas étranger à la prod !
Le film table donc sur l’empathie qu’on peut ressentir pour des
avatars et des univers virtuels. Ça peut sembler banal et anodin mais ça
reste assez pervers comme concept à se faire enfoncer dans le crane
comme un clou : Pour nous préparer à notre future condition (ce à quoi
Hollywood est voué sous prétexte de nous divertir), il semble falloir
installer la confusion entre l’homme et la machine avant de lancer la
fusion. C’est une indéniable promotion du transhumanisme, comme une
promesse faite aux jeunes. Ainsi, on tente de briser toute empathie avec
l’humain au profit de son pendant virtuel, au profit de machines et de
simulations.
On commence par nous signifier que dans cet univers, tous ces gens ne
sont que des pions, des figurants à-moitié conscient de l’être mais ce
n’est pas grave, la routine leur va très bien comme ça. Mème en
s"émancipant, notre héros n’aspire en matière de liberté, qu’à faire un
petit pas de coté, à commander un cappuccino au lieu de son café-crème
habituel, à changer sa chemise pour un tee-shirt, à suivre la fille et
ainsi, mettre la main dans l’engrenage de tous les possibles...
Ces individus virtuels, heureux dans leur rôle de pion et tout l’univers
du jeu qui risque de prendre fin pour laisser place à la version 2.0
avec ses nouveaux personnages, tout cela n’a que très très peu
d’intérêt, de consistance, d’impact. C’est du rien en somme. Voilà
pourquoi il aura fallu mêler une affaire de fraude commerciale réelle et
trouver de quoi faire interagir les deux univers. Notre héros,
soi-disant libre, passe de la condition de robot répétant inlassablement
la même journée, à celle d’agent spécial pour le compte d’en haut. Son
job consiste à dérober des informations dans un système et à les
expédier au dehors, un job de hacker et toutes ses actions ont généré du
code qui est récupéré comme preuve de ...sa liberté. Cette liberté
commandée au sein d’un microcosme aux frontières infranchissables est
donc très étroitement surveillée !
Le film se termine par la consécration de l’œuvre de la créatrice et
son décor initial, une île foisonnante de verdure, sauvage mais
paradisiaque, sans technologie , ni route, sans toilettes, sans rien,
juste des figurants ! Ouais chouette ! Happy end.
Un film geek qui n’a d’original que son traitement de pointe et qui accumule les poncifs abrutissants !
(Il faut préciser que même si je raffolais des jeux d’arcade à
l’adolescence, je n’ai pas du tout l’âme d’un gamer et n’ai jamais joué
sur console ou sur PC, les subtiles (?) allusions du film à tout cet
univers n’ont pas mitigé mon avis)