@Norman
Merci pour la vidéo et la présentation !
Quelques informations complémentaires :
Si les responsables politiques, aux États-Unis et au Royaume-Uni
notamment, ont salué ce bond en avant, les scientifiques restent prudents. «
On aurait préféré voir les résultats détaillés dans un article scientifique en
bonne et due forme, souligne Odile Launay, infectiologue à l’hôpital
Cochin. Mais comme pour les vaccins, il
n’y a aucun risque que la communication des laboratoires ne soit pas basée sur
des résultats réels. »
[…] La revue Nature
a détaillé le cheminement du Molnupiravir, ébauché à l’université Emory d’Atlanta (Géorgie). L’objectif était alors de
combattre le virus de l’encéphalomyélite
équine vénézuélienne, un pathogène transmis par les moustiques, responsable
de graves épizooties sur tout le continent américain. En 2015, la molécule est testée contre le coronavirus MERS,
avec des premiers résultats prometteurs. Mais faute d’épidémie en cours, les
études sont mises en sourdine. Avec l’explosion du Covid19, la licence est accordée
à Ridgeback Biotherapeutics.
[…] Merck prévoyait d’en enrôler 1 550, venues de
23 pays, mais au vu des données positives, le comité indépendant de
surveillance de l’essai a réclamé la publication des résultats provisoires, portant
sur 775 patients.
[…] Pfizer, le 5 novembre, a présenté des
chiffres encore plus nets. Parmi les 389
patients qui ont reçu son antiviral dans les trois jours suivant
l’apparition des symptômes, seuls 3 (0,8 %) ont fini à l’hôpital et aucun n’est
décédé. […] Dans un deuxième groupe de 607
personnes ayant reçu le traitement cinq jours après les premiers signes, 6
ont été hospitalisées, sans aucun décès, contre 41 patients admis à l’hôpital
sur les 612 du groupe placebo et 10 morts.
[…] Pour l’heure, les deux laboratoires ont signalé des
effets indésirables très limités… sur des groupes eux-mêmes limités.
[…] les analogues
de nucléosides comme le Molnupiravir font planer quelques inquiétudes. «
D’une part, on prend le risque de créer
des variants », souligne Bruno Canard, même si, en principe, l’antiviral génère trop de mutations pour que le
variant créé soit viable. « Surtout, poursuit-il, cette action mutagène pourrait toucher les
propres cellules du patient, entraînant un risque accru de cancer, par exemple. » Merck a assuré avoir contrôlé ce risque, sans en fournir la preuve.
En attendant, le produit est formellement déconseillé aux femmes enceintes,
pour éviter tout risque de transmission d’une mutation délétère au fœtus.
[…] « J’espère que ces nouveaux traitements ne
vont pas désengager les gens de la vaccination, souligne Etienne Simon-Lorière.
Le vaccin est le seul moyen,
avec les mesures barrières, de réduire notablement la transmission du virus.
»
Covid : les promesses des pilules antivirales
Le Monde, mercredi,
le 10 novembre 2021, p. 7