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Commentaire de Étirév

sur La chambre des Diablesses par Franck Abed


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Étirév 29 juin 2023 07:59

On constate que le système consistant à utiliser tous les moyens pour cacher à la postérité les œuvres géniales des grandes femmes du passé est toujours d’actualité. Que l’on songe que de nos jours, où les moyens d’information sont si répandus et si rapides, où le Féminisme a partout des sociétés et des publications, les œuvres les plus remarquables des femmes sont ignorées, systématiquement entourées de silence et d’ombre par les hommes qui entraînent avec eux, dans ce système, les femmes faibles dont ils font leurs complices pour étouffer le génie féminin.
L’affaire des poisons et de « la Voisin » eurent lieu durant le règne de Louis XIV.
Rappelons que la vie de Louis XIV fut partagée en deux parties : l’une ténébreuse et misérable pendant laquelle il fait des sottises, telle la révocation de l’Édit de Nantes (en 1685), l’autre choisie et brillante, celle pendant laquelle il écoute les conseils de la raison froide d’Une femme intelligente.
Ce roi n’avait ni but, ni plan, ni connaissances étendues. Pas non plus un ministre capable de le seconder. Il faisait la guerre par goût et ses conquêtes par vanité. Il avait des ministres adulateurs ou faibles de conceptions : Louvois, Colbert, qu’on cite, étaient des médiocres.
Mme de Maintenon domina son âme, fit naître une atmosphère de moralité, et des formes élégantes dans une cour voluptueuse. Le roi suivait ses inspirations parce qu’il les savait solides et prudentes.
Après la mort de Mme de Maintenon, qui pendant sa vie avait comprimé les abus, empêché les excès, forcé la cour et la ville à s’envelopper d’une haute moralité, tout cela s’évanouit et le monde fut envahi par une licence audacieuse qui bientôt ne connut plus de bornes. Le duc d’Orléans, régent de France, pressé par des besoins de finance, adopta le système de Law sur le papier-monnaie ; les billets de banque se multiplièrent au delà de toute imagination, ce fut un bouleversement financier et des ruines formidables.
XVIIème siècle : Les persécutions de l’Église et histoire des sorcières d’Herbipolis : Le Père Frédéric Spée était un des rares ecclésiastiques chez qui la conscience se révoltait contre les horribles crimes de l’Église, et qui essaya, mais sans succès, de les empêcher. Son cas est intéressant.
Il était évêque d’Herbipolis ou Wurzbourg, où, avec une fréquence déplorable, se présentaient les causes criminelles concernant les sorcières, causes toujours suivies de supplices. Cet évêque était très renommé pour ses études théologiques et sa grande piété. C’est lui qui était chargé d’exhorter les hérétiques à la pénitence, de les confesser et de les accompagner au lieu du supplice, où sa mission l’obligeait encore à leur offrir de pieuses exhortations, jusqu’au moment où ces misérables victimes rendaient le dernier soupir.
On savait que ce savant évêque était plus jeune qu’il ne paraissait ; ses cheveux blanchis prématurément lui donnaient un air vénérable qui trompait sur son âge réel. Un jour, un chanoine de son diocèse, le Père Jean-Philippe Schœnborn, lui demanda la cause de cette anomalie. L’évêque répondit que ce qui l’avait fait blanchir ainsi, c’était le supplice des sorcières qu’il avait dû assister. Ces malheureuses, condamnées pour crime de magie, étaient toutes innocentes du délit qu’on leur imputait, mais, cédant à la force des tourments, elles confessaient le crime dont elles étaient faussement accusées, et persistaient dans l’aveu pour ne pas être renvoyées à la torture. Mais dans le secret de la confession, qui leur assurait la sécurité des aveux, leur terreur tombait et elles disaient leur innocence ; toutes mouraient en accusant l’ignorance et la malice de leurs juges, en gémissant douloureusement dans les supplices et en appelant la Justice Divine, celle qui ne se trompe pas. L’évêque ajouta que la vue de ces malheureuses, qui mouraient ignominieusement, lui causait une profonde tristesse, et que c’est ce terrible spectacle, si souvent répété, qui l’avait blanchi avant l’âge. (Ce récit est extrait d’une lettre de Leibnitz.)
Toutes les expéditions des hommes, toutes leurs entreprises sont des occasions de meurtres.
L’Amérique est découverte ; on en tue les habitants.
Luther, Calvin, veulent réformer la religion ; on se tue à cette occasion.
De Thou disait : « On peut par extraordinaire sortir absous du Saint Tribunal, mais on en sort toujours ruiné. »
L’Inquisition arracha par la terreur plus de 3 milliards de valeurs (Equivalent de 11 milliards d’€uros aujourd’hui). Joachim Piéron, qui vivait au XVème siècle, calcula que, dans le cours de la croisade contre les Cathares, un million d’êtres humains fut tué, toute l’élite intellectuelle.
La Vraie Sorcière : La Sorcière, sublime Prêtresse qui chantait le cantique de la Nature, l’inspiratrice des hommes, la grande consolatrice, Celle qui était la promesse et la miséricorde, Celle qui était la science et guérissait toutes les blessures, a été chassée du temple. L’ignorance a pris sa place et s’est faite orthodoxie. Alors, que va-t-elle devenir ? Qu’elle le veuille ou non, la voilà destinée à l’œuvre sourde des conspirations et au massacre.
Après ce massacre de la Femme, qu’allait-il rester de la société humaine ?
Il restait la Nature avec ses éternelles lois. Il restait la Femme… Déesse sans autels, Reine sans royaume, qui n’ose avouer sa royauté,… mais la prend quand même ! Mais toutes n’étaient pas des femmes fortes, des sorcières. Il y avait aussi les femmes faibles et amoureuses de l’homme perverti. Celles-là vont au prêtre, et ce sont les riches, les joyeuses, les heureuses, celles qui plaisent aux séducteurs par leurs complaisances.
Mais les femmes fortes allaient à l’homme maudit, à celui que, par un paradoxe fréquent, le prêtre appelait « Satan », c’est-à-dire à l’homme vrai, grand et droit. Elles allaient donc au diable, elles se donnaient au diable, modeste, pauvre, déshérité comme elles. Ce sont eux qu’on appelle les bons hommes, on les prend en pitié parce qu’ils n’ont pas l’astuce et l’hypocrisie des grands seigneurs de l’Église. Ces naïfs sont restés fidèles à l’antique loi morale ; aussi, comme ils sont ridiculisés, avilis, meurtris, les pauvres grands bons hommes, et hués par le peuple abruti ! Mais qu’importe à ces hommes ce qu’on dit d’eux ? il leur reste la vraie femme, la grande, c’est-à-dire tout, et c’est cela qui, finalement, les fera triompher.
Le Moyen Âge


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