Entre folie et raison : comprendre Nietzsche
Rémi Soulié, auteur de Nietzsche ou la sagesse dionysiaque, était l'invité du Cercle Aristote pour un débat autour de Nietzsche.
Tags : Philosophie
4 réactions à cet article
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Deux éléments suffisent à synthétiser la pensée de Nietzsche :
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1/ La volonté de puissance (qui n’est pas à confondre avec cette escroquerie montée par sa soeur, ni avec la volonté d’hégémonie sur les autres) : c’est la recherche de l’acte qui amène vers "plus de vie".
2/ Le renversement des valeurs
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En dépit de ce phénomène de mode qui consiste à se réclamer de Nietzsche, à le citer en le sortant de son contexte ou à venir nous l’expliquer (je pense à ce guignol de Luc Ferry qui viendra après ça soutenir Vincent Peillon), très peu de gens sont en mesure de se réclamer de la pensée nietzschéenne. D’autant qu’il s’est très probablement inspiré de Stirner, qui a produit une philosophie d’une violence inouïe.
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A titre personnel, j’ai une préférence toute particulière pour son analyse du théâtre grec et sa trame dyonisiaque : la vie en tant que phénomène tragique, que le classicisme grec, devenu décadent, cherchera à falsifier en présentant la vie en tant que phénomène optimiste.
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Intéressant. Mais je ne sais pas si l’on peut comprendre Nietzsche en dehors de la psychologie des profondeurs, celle de CG Jung, qui fut fort intéressé par Nietzsche.
Le conférencier nous dit que Nx est rivé sur le chaos. Je ne crois pas, je pense qu’il était axé sur la transformation, la métamorphose et que celle-ci pour être possible implique la destruction de la forme ancienne.
La santé, la Grande Santé, étant précisément le résultat de cette métamorphose. On voit là tout ce qu’il y a de commun avec CG Jung.
Prendre le parti de Dionysos c’est comme chez Jung prendre le parti des forces de Vie inconscientes et accepter un sacrificium intellectus, là aussi l’analogie est frappante. L’intellect, la raison pouvant être un frein. On a la même chose dans les doctrines asiatiques où l’on utilise le terme mental à la place de raison, ce mental étant le principal obstacle à la Vie divine pleine et entière.
J’ai la sensation que le conférencier comprend mal ce que cherche Nx dans la généalogie de la morale. Pour Nx la morale est engendrée par l’homme médiocre avec tous les présupposés inconscients, les non-dits, que cela suppose. Bref, la morale est un masque qui cache une médiocrité. Ça peut se défendre.
Nx contre la logique d’Aristote. Bien évidemment. Prenant le parti des forces inconscientes de la Vie qui fonctionne avec une logique sous-jacente quaternaire comme l’a montré Jung, Nx ne pouvait qu’être contre la logique d’Aristote qui est celle de la raison liée au monde du logos.
Cela ne veut pas dire qu’il a tort. Bien au contraire. Là aussi, en Asie, bien que connaissant la logique binaire, on lui préfère une autre logique, quaternaire, bien plus apte au monde spirituel. Le Taoïsme étant le meilleur exemple.
Le conférencier semble aussi trouver Aristote plus moderne et donc plus évolué que Platon parce que Aristote est uniquement dans le logos alors que Platon est entre le mythos et le logos.
C’est bien évidemment à mon sens l’inverse, Aristote est une régression par rapport à Platon, et est le germe du rationalisme du monde moderne si destructeur. Mais cela était fatal, les mythes ne pouvaient qu’être incompris à terme, cela fait partie de cette obscuration de l’esprit au cours du temps si bien mis en lumière par René Guénon. Un mythe d’ailleurs n’a pas à être compris mais à être intériorisé.
Sur le christianisme il a à la fois tort et raison. Tort dans la mesure où il n’a pas su voir l’aspect profondément divinisant de l’homme et qui est l’essence du christianisme. Et c’est ce qu’il recherchait au fond.
Raison car les disciples comprirent mal leur maître et en firent une doctrine dégradée, de nature démotique, apte à séduire n’importe quelle âme psychopathe en mal de consolation. Suffit de se balader sur certains forums chrétiens dont l’obscurantisme est assez effarant pour le comprendre..
En final, le conférencier nous parle de Thérèse de Lisieux qui nous dit "Tout est grâce" et qui "choisit tout" et qu’il met en confrontation avec Nx et son acceptation du destin.
Effectivement la phrase de Thérèse de Lisieux est d’une grande sagesse, le summum même de la Sagesse. Car elle rejoint ici l’essence même de toute doctrine traditionnelle : le Bien est Absolu et le mal est relatif et en conséquence il n’y a pas de négativité réelle dans le monde, tout est à sa vraie place, tout est justifié car Dieu a placé toute chose depuis les origines à sa juste place. Le Oui au monde, à ce qui est, est donc la conséquence logique et ultime d’une telle doctrine, comme l’Amour de ce qui est fait aussi partie de cette Sagesse.
Évidemment le "Tout est grâce" et Tout choisir s’oppose à la logique d’Aristote qui cherche perpétuellement à dégager des catégories, donc à saucissonner le réel, à le mutiler, et ceci afin de dégager un logos cohérent. Mais cette cohérence se paye.
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J’ai mis Nx pour Nietzsche pour aller vite.
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Folie est juste une déclinaison maladive de la raison.
Nietzsche est important dans le sens qu’il pose la véritable question Qui sommes Nous ?Et la Raison, quoi qu’elle a des lettres de noblesse, est dans l’impossibilité de répondre à cette question.
Pourquoi, la Raison nous en enclot dans le monde des sens et nit la vie de l’Esprit !
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