Là où nous déployons encore beaucoup d’énergie
dans des débats passionnés sur la manière de réformer le système monétaire et les institutions bancaires, certains chercheurs sortent leur balais et envoient le tout directement aux
oubliettes de l’Histoire : pour eux, le système monétaire est structurellement dysfonctionnel et
constitue en lui-même la cause fondamentale de toutes les dérives du système
actuel.Bien que cette thèse puisse
paraître choquante, elle vaut tout de même la peine d’être étudiée, car elle
repose sur un raisonnement à la fois simple et robuste.
1.La
monnaie est un instrument inventé par les humains pour échanger des
marchandises et des services.
Au moment où la monnaie a été inventée, elle a sans doute répondu à un besoin
dans la façon dont les hommes voulaient s’organiser, et a donc sans doute rendu
service pendant un temps déterminé. Le monde actuel, globalisé, avec la
quantité de connaissances et de découvertes acquises depuis des générations, a
changé, et ce système ne remplit plus la fonction pour laquelle il a été
inventé : il est donc obsolète.
2.La monnaie, qu’elle soit matérielle (billets,
pièces, or, etc.) ou virtuelle (données informatiques) n’a en elle-même aucune
valeur réelle : on ne peut pas se nourrir avec des billets, ni produire de
l’énergie, ni fabriquer une maison ou quoi que ce soit ; ce n’est pas la monnaie qui produit des richesses, ce sont les ressources qui constituent la
véritable richesse.
3.La
valeur que l’on attribue à la monnaie est subjective et dépend de la confiance qu’on accorde à ces
signes (nb. voir aussi le point 7 à ce sujet), mais également de la quantité de
signes en circulation (inflation / déflation).
4.Par contre, la valeur des biens et des services va dépendre essentiellement de leur
rareté : un produit, un bien ou un service abondant aura un faible prix ;
un produit, un service ou une ressource quelconque se trouvant en faible
quantité ou en pénurie aura un prix élevé (principe de la "loi de l’offre
et de la demande").
5.Par conséquent, l’ensemble du système économique basé
sur la monnaie est fondé sur la (gestion de la) pénurie : pour qu’un
produit, une ressource ou un service ait une valeur, il doit être plus ou moins
rare. Le suprême paradoxe étant que, pour maintenir sa valeur, la monnaie
elle-même doit être rare !
6.Comme la quantité de signes (de monnaie) en
circulation doit elle-même être en situation de pénurie, il en résulte que de
manière générale, il doit ne
jamais y en avoir assez pour tout le monde ... !
7.Ce
système d’économie basée sur la monnaie doit reposer sur un ensemble de lois contraignantes, sans lesquelles l’ensemble
des populations ne joueraient pas le jeu. Ces lois sont le ciment du système et ne peuvent être discutées, à la
façon d’un credo religieux au sein d’une église.
8.Comme
l’argent devient nécessaire pour se procurer les produits et les services nécessaires
à vivre et prospérer, et comme il n’y en a pas assez pour tout le monde, il
s’ensuit logiquement qu’il va y avoir concurrence et compétition.
9.De façon générale, l’ensemble des ressources (donc des richesses de la planète) vont
aboutir entre les mains d’un très, très petit nombre de personnes (en
proportion au 7 milliards d’individus), et ces personnes, contrôlant de (très) grandes
portions des ressources, déterminent elles-mêmes la rareté et les prix, quitte
à détruire (ou dissimuler) les ressources excédentaires (il faut maintenir
artificiellement ! - les prix, donc la rareté et la pénurie).
10.Donc, tout système économique basé sur la
monnaie revient in fine à organiser
et pérenniser la pénurie et la compétition, plutôt que gérer de façon commune
les ressources dans le but de générer l’abondance pour tous.
Si pareille analyse nous choque, nous pourrions
déjà nous demander si cela correspond à la réalité observable ou non. A la
lumière de cette analyse, il semble bien que - au delà d’un mauvais système de
gouvernement qui rend les peuples structurellement impuissants - critique très
pertinente et éminemment nécessaire - ce soit le principe même de l’économie
basée sur la monnaie que nous devrions balayer de nos conceptions, afin de
repenser un système entièrement neuf.
Tu sais, juluch, dans le registre marionnette, on pourrait tout aussi bien ranger JMLP ou MLP que Mélenchon ou Eva Joly. Par exemple, le FN n’a-t-il pas été, depuis toujours, l’épouvantail que l’UMPS a brandit à chaque élection présidentiel pour s’assurer la victoire, en diabolisant celui-ci ? Certes, certaines provocations de JMLP n’ont fait que faciliter la tâche des diabolisateurs, au point que l’on se demande parfois s’ils ne sont pas de connivence.
Pourtant, je suis convaincu que la véritable discussion - si nous voulons parler de démocratie - n’est pas là. MLP, comme Mélenchon, ont un programme politique, constitué de propositions qui forment un projet. Pouvons-nous parler de ces programmes ? Pouvons-nous débattre de ces propositions ? Pouvons-nous chercher, avec discernement, à évaluer le pour et le contre de chacune de ces propositions ? Sans diabolisation de part et d’autre ? Sans simplification à outrance ? Sans caricature ? Avec des arguements plutôt que des invectives ?
Je reconnais que JLM, dans son attitude face à MLP, s’est lui-même disqualifié sur ce terrain. Je ne sais pas pourquoi il agit de la sorte. Je condamne cette attitude. Mais je ne suis pas obligé de faire comme lui. Vous non plus, d’ailleurs. Nous sommes parfaitement libre de nous élever, vous comme moi, au dessus du côté obscure de l’une et de l’autre.
Je suis entièrement d’accord, il faut être capable de faire la part des choses entre actes et paroles, entre actions et écrits.
Certaines personnes ont écrit des choses pleines de vertus, mais ont pu commettre des actes de vices : les écrits - pour ce qu’ils sont - n’en demeurent pas moins vertueux.
De façon générale, je condamne - et je m’efforce de me garder moi-même - de juger œuvre et auteur de façon monolithique.
De la même façon, un auteur peut écrire une chose remarquable à un moment, et en d’autres temps écrire des choses navrantes.
C’est pour cela que je ne condamne pas Onfray de manière absolue. Bien que je le trouve sur ce terrain absolument médiocre, il n’en reste pas moins que beaucoup de son œuvre reste remarquable.
Autre remarque dans la même logique : le grand piège politique que sont les partis et leur PROGRAMME... Avez-vous jamais remarqué que ce qui caractérise n’importe quel programme politique, c’est que l’on peut être en accord avec tel ou tel point, et être en désaccord - parfois radicalement - sur tel et tels autres ?
Et avez-vous remarqué que, souvent, le fait d’avoir un point de profond désaccord avec UN point particulier d’un programme peut nous faire rejeter en bloc tout le programme, souvent sans même nous y intéresser ?
Mais c’est le propre des programmes politiques : c’est tout ou rien. Impossible de choisir (choisir = élire = voter) pour tel et tel point, et contre tel et tel autre ... C’est là que nous nous faisons voler la démocratie ET LE SUFFRAGE UNIVERSEL !
Le Suffrage Universel consiste dans l’acte de voter nous-mêmes nos lois, nos budgets nationaux, régionaux, communaux, nos mesures et méthode de défense, nos politiques, ...