• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV Mobile


En réponse à :


1 vote
parachrematistique parachrematistique 27 mars 2012 17:14

@ plusieurs commentaires et commentateurs futurs (j’aurais dû carrément publier un article au lieu de mettre ça dans les commentaires ) :
 
Poster à propos de la dette sur les forums ou dans la blogosphère semble impliquer le passage obligé du positionnement à l’égard des thèses défendues par le documentaire L’argent-dette de Paul Grignon, Etienne Chouard et d’autres. C’est-à-dire positionner sa thèse dans la grille de lecture de l’économie qui fait de la création monétaire privée la clef d’interprétation centrale, et qui accorde une grand importance à la loi de 1973.
Je vais donner quelques éléments pour ce positionnement, sans pouvoir me prononcer définitivement, attendu que 1) je n’ai pas une connaissance précise de ce modèle interprétatif (j’ai vu le docu, j’ai lu et écouté un peu de Chouard), 2) j’ignore tout de la macroéconomie de la monnaie, et de l’histoire de ses mécanismes de création, 3) je n’ai pas vraiment de thèse proposant un modèle explicatif général qui serait susceptible de rentrer en concurrence avec celui de Chouard ou d’autres.
 
 
Je suis moi aussi rentré dans ce débat, comme beaucoup d’entre vous sans doute, par la découverte du doc’ de Grignon, de la vidéo de MrQuelquesMinutes et des conférences de Chouard. Mais en diversifiant les sources, j’ai pris un peu mes distances -attitude qu’encourage d’ailleurs Etienne Chouard- tout en restant dans les problématiques soulevées par ces acteurs du débat.
 
Je me contenterai ici d’affirmer une croyance, étayée mais qui n’a pas la prétention d’être un savoir définitif : la référence à la loi de 1973 et au passage à une création monétaire presque entièrement privée n’est à mon sens pas centrale pour traiter du problème de la dette publique. D’abord pour une raison épistémologique : il me semble que toute explication en science sociale ne peut être que plurifactorielle, et consiste à convoquer plusieurs facteurs dont la conjonction aboutit à l’émergence d’un phénomène, puis à construire à partir de là un scénario, une description, ou une grille de lecture que l’on appellera "explication du phénomène". En ce sens "tout mettre sur le dos" de telle ou telle cause unique me semble être une attitude non scientifique ; partant, incapable de nous livrer une compréhension précise du phénomène. Ce qui ne veut pas dire :
1) que la référence à ces faits soit hors de propos dans nos explications (il va de soi qu’il sont même très importants),
2) que l’on ne puisse pas débuter l’enquête en se donnant comme fil directeur la création monétaire (dans toute recherche il faut bien partir de quelque chose), donc en lui donnant un rôle prépondérant de fait, mais qui n’est qu’heuristique. C’est-à-dire qu’il faut se réserver la possibilité de l’écarter si l’on s’aperçoit que ce rôle n’est pas central, ou de le combiner avec d’autres facteurs explicatifs (comme le fait Chouard avec sa métaphore de la tenaille par exemple).

Mais, à mon avis, cette piste de la loi de 1973 n’est peut-être pas si féconde que cela, du moins si l’on veut focaliser par là le débat sur la création monétaire privée. En revanche, il en va tout autrement sir l’on veut focaliser par là le débat sur le fait que les Etats ont choisi de se contraindre à n’emprunter que sur les marchés financiers, car le niveau des taux d’intérêt, et l’effet "boule de neige" qui ne manquera pas de suivre sont une composante majeure du problème de la dette.
Donnons deux arguments.
 
(1) argument principal : l’argent prêté aux Etats dans le cadre de la constitution de leur dette publique n’est pas le fruit d’une création monétaire directe. En effet, les Etats n’ont alors pas recours à un emprunt bancaire classique (qui donnerait lieu à création monétaire par les banques privées), mais à la vente de titres financiers (des obligations essentiellement). Autrement dit l’argent employé pour les acheter (= "prêter" aux Etats) existe déjà (= a déjà été créé, sans doute par un crédit antérieur, puisqu’il existe bien peu d’argent qui ne soit une dette).
La majeure partie de la dette publique -française par exemple- est dite "négociable", c’est-à-dire repose sur des titres échangeables sur un marché secondaire ; une toute petite partie repose sur des emprunts bancaires classiques (en fait, surtout les dettes des collectivités locales, il me semble, et très peu celles de l’Etat) qui eux donnent lieu à création monétaire par les banques prêteuses.
Pour réfuter (1), il faudrait me montrer que les banques achetant des obligations ou bons du Trésor créent directement l’argent dont elles ont besoin pour le faire.

 
(2) de nombreux pays qui n’ont pas une loi interdisant à la banque centrale de prêter au Trésor sont pourtant très endettés (Etats-Unis par exemple).
 

La dette est avant tout imputable, trivialement, aux déficits publics successifs. Ce n’est qu’ensuite que l’on peut mettre en évidence le rôle de catalyseurs joué par d’autres facteurs. Un article très intéressant qui, nonobstant un certain mépris de Henri Sterdyniak pour MrQuelquesMinutes, livre de nombreux éléments :
http://www.audit-citoyen.org/?p=1367




Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON