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ffi 10 août 2014 11:17

Liens vers les personnalités citées :
Emile Boutmy, fondateur de Science-Po. Boutmy était membre du Cercle Saint-Simon, un club de réflexion adepte de la doctrine Saint-Simonienne, développée par Saint-Simon. Saint-Simon voulait fonder une nouvelle religion d’État, "un nouveau christianisme" selon son expression, dont le clergé devaient être des scientifiques et des artistes. C’est la religion laïque "à la Peillon". Les réseaux saint-simoniens furent très puissants sous la troisième république, et même sous le second Empire.
 
Saint-Simon, dans une conception évolutionniste "à la Marx", qui était très en vogue à l’époque, avait considéré la Révolution française comme le passage pour la société d’un âge théologique et féodal à un âge positif et industriel. A sa suite, les Saint-simoniens s’organisèrent en un réseau d’industriels et de financiers pour orchestrer l’industrialisation de la France, ce qui se traduisit par l’accroissement du salariat et un important exode rural. Parmi leurs réalisations, on y trouve le développement du ferroviaire, le canal de Suez et la tentative ratée du canal de Panama.
 
L’action d’Emile Boutmy, la fondation de science-po, s’inscrit dans ce projet de créer une élite Saint-Simonnienne pour la France. Note : Aujourd’hui les réseaux Saint-Simoniens restent puissants, et le parti-socialiste s’en réclame, puisqu’il y a deux ou trois ans l’hebdo des socialistes la revue du parti a fait un numéro spécial sur Saint-Simon en le qualifiant de premier des socialistes.
 
Lazare Hippolyte Carnot participa également du Saint-Simonisme. Je dirais donc que son action participe du même mouvement de création d’un "clergé" Républicain que celle d’Emile Boutmy.
 
La réflexion ici me semble donc viciée.
Science-po est fondée en 1872 comme une école indépendante de l’état par une jonction entre les cercles Saint-Simoniens et les orléanistes suite à la défaite de 1870, c’est une école privée. La tentative des Saint-Simoniens, via Lazare Hippolyte Carnot en 1876, de créer une école publique pour former l’élite se soldera par un échec, les Saint-Simoniens n’étant pas majoritaires politiquement et n’ayant pas réussi à s’attacher les orléanistes. Si Jacques Siegfried (ou plutôt Jules Siegfried, en fait) est en effet impliqué dans la fondation de Science-Po, il n’est pas Saint-Simonien pour sa part. Alfred André, et Léon Say sont conservateurs et libéraux (donc orléanistes) et sont tous deux membres du cercle des chemins de fer (notices ici et ). Quant à Paul Janet, il goutait visiblement peu le Saint-Simonisme (voir ici).
 
Bref, l’analyse sociologique me montre que Science-Po fut fondée en 1872 dans un contexte d’unité nationale, suite à la défaite de 1870, par une jonction entre Saint-Simoniens et orléanistes, l’idée venant des Saint-Simoniens. Mais les Saint-Simoniens, voulant fonder une école d’état pour l’administration républicaine en 1876, ne purent renouveler leur alliance politique de 1872, et la tentative se solda donc par un échec.
 
La vidéo prétend exactement le contraire : c’est donc du roman. L’alliance politique composite à l’origine de Science-Po avait tout simplement cédée.
 
La vidéo n’évoque d’ailleurs nullement Saint-Simon, mais seulement en de ses continuateur, Auguste Comte, fondateur du positivisme. Elle manque ainsi un des grands mouvement intellectuel qui a forgé la France actuelle (dont le crédit Lyonnais,...). Saint-Simon se voulait le "Newton" de la politique, de même que Comte ou encore Charles Fourrier, le fondateur du socialisme utopique (c’était la mode à l’époque).
 
Chacun de ces scientistes en politiques partagent la même erreur philosophique : ne pas réussir à distinguer la différence fondamentale entre les sciences physiques, où l’objet d’étude est conçu comme inerte, donc déterminé par une cause externe, et les sciences politiques, dont le sujet d’étude, l’homme en société, est vivant, donc déterminant ses causes en interne.
 
Cette erreur philosophique mise en application aboutit ainsi nécessairement en la construction par l’élite d’une société-système, c’est les temps modernes, où l’homme est tel un objet pris dans un engrenage, car sa volonté propre est niée du fait du modèle "objet inerte" importé des sciences physiques.
 
Cela dit, je doute que Jaurès n’apporte de bonnes solutions à cet endroit. Puisque l’homme se détermine librement sa volonté, la société doit réguler les volontés. C’est la raison même de l’existence des lois : toutes les volontés ne sont pas licites. Certaines sont des crimes.
 
Le laisser-vouloir de Jaurès n’est pas plus valide que le récuser-tout-vouloir de Ferry. Il faut laisser le Bon vouloir et récuser le Mauvais vouloir. Il faut des temps de liberté, mais encore des temps de discipline.
 
On se met les choses en mémoire par la discipline. Les chiffres et les lettres, cela ne s’invente pas, ça s’apprend par coeur ! Si chacun développait son propre alphabet, l’écriture n’aurait aucun intérêt. L’intérêt de l’écriture vient quand chacun partage la même.




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