Mais je
vois bien d’ ou cet aveuglement vient. Il vient d’une certaine perception de l’humanisme
socialiste qui considère que les identités ethno- culturelles sont en gros des variables d’ajustement
(l’homme étant construit socialement), seule l’infrastructure économique est
déterminante.
Ainsi, les
crispations identitaires ne seraient que des constructions l’infrastructure
économique.
C’est pour cela
que pour beaucoup de socialistes sincères, résoudre les difficultés économiques
et changer les rapports de force dans l’infrastructure de production suffit
pour résoudre les problèmes identitaires.
Malheureusement
pour eux, les identités ne sont pas seulement des constructions artificielles.
Les internationalistes
occidentaux pendant la guerre froide se sont retrouvés avec ce problème :
les internationalistes des pays du tiers monde ont toujours tenus à conserver leurs identités
ethnoculturelles.
« Un
fait à mes yeux capital est celui-ci : que nous, hommes de couleur, en ce
moment précis de l’évolution historique, avons, dans notre conscience, pris
possession de tout le champ de notre singularité et que nous sommes prêts à
assumer sur tous les plans et dans tous les domaines les responsabilités qui
découlent de cette prise de conscience. Singularité
de notre« situation dans le monde » qui ne se confond avec nulle autre.
Singularité de nos problèmes qui ne se
ramènent à nul autre problème. Singularité de notre histoire coupée de
terribles avatars qui n’appartiennent qu’à elle. Singularité de notre culture
que nous voulons vivre de manière de plus en plus réelle ». Lettre
de rupture d’Aimé Césaire à Maurice Thorez.