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gregoslurbain gregoslurbain 13 février 2015 10:51

Ce documentaire gagnerait à être plus connu et diffusé. Goldman-Sachs y est justement traité de banque de voleurs. Comme Inside Job, on ne le verra pas sur Arte.
Quelques extraits d’une interview du réalisateur :
Four Horsemen [Les Quatre Cavaliers, le film n’est pas encore sorti en français – NdT] est un documentaire anglais, sorti en 2012, qui remet en question le système économique mondial et propose des solutions pour le transformer. Le film est un mélange d’images percutantes, de dessins animés et de 23 interviews d’intellectuels réputés (...)

Le réalisateur du film, Ross Ashcroft, est né à Liverpool (G.-B.). Après des études en gestion de la terre au Collège Royal d’Agriculture, il a travaillé comme assistant metteur en scène dans les théâtres de Londres. Il a participé à la création de la société indépendante de production Motherlode dont la première production a été Four Horsemen. Gill Fry a interviewé Ross Ashcroft pour Partage international.

Partage international : Qu’est-ce qui vous a amené à démarrer ce projet ?

Ross Ashcroft : Vers l’année 2006, on a réalisé que quelque chose clochait dans le secteur de la finance. Beaucoup de corruption et des pratiques vraiment intolérables. A partir de là, on avait le choix : rester assis les bras croisés et laisser faire, ou agir. J’ai commencé à lire des livres d’économistes et intellectuels alternatifs et j’ai appris plein de choses.

Jusque là, je pensais : « Laissons faire les économistes, ils vont mettre de l’ordre dans tout ça », mais finalement j’ai compris que l’économie est trop importante pour être laissée entre les mains des économistes. La grande révélation de ce film, c’est que l’économie néo-classique enseignée dans toutes les grandes universités, partout, c’est n’importe quoi, une énorme mystification. (...)

PI. Pourquoi avez-vous appelé le film Les Quatre Cavaliers ?

RA. L’histoire des Quatre Cavaliers se trouve dans le livre de l’Apocalypse et elle est dans la conscience collective depuis longtemps. Nous voulions donner une version moderne des quatre cavaliers : un système financier prédateur, l’escalade de la violence organisée, la pauvreté et la famine pour des milliards d’êtres et l’épuisement des ressources naturelles de la planète. Aujourd’hui, ces « Quatre Cavaliers » entrent en conflit pour la première fois dans l’histoire humaine.

PI. Pourquoi l’économie mondiale est-elle dans un tel pétrin ?

RA. La théorie économique néo-classique a engendré le monde qu’on attendait d’elle. Ce monde est l’expression d’une idéologie qui est la cause de tous nos problèmes. Un de ces problèmes est que les gens confondent argent et richesse. La richesse ce sont les produits, les services, tout ce qui se fait réellement dans les endroits où vous et moi travaillons. L’argent, lui, est créé à partir de rien par les banques, aussi facilement qu’un nombre que l’on inscrit sur un écran d’ordinateur, et il met la pression sur l’économie réelle, parce que cet argent virtuel est utilisé pour acquérir des richesses et des services qui eux sont bien réels. Tout, de la nourriture aux beaux-arts devrait être accessible à tout le monde, mais la création artificielle de monnaie fait augmenter les prix, ce qui rend la vie très dure pour les moins favorisés. Tant que nous n’aurons pas compris que l’argent et la richesse ne sont pas la même chose, nous ferons marcher la planche à billets, ce qui continuera de mettre la pression sur l’économie réelle.

Une masse monétaire stable est la pierre angulaire d’une économie prospère, pas une masse monétaire qui peut être augmentée à tout moment pour financer une ressource – ou la guerre, par exemple. Je ne préconise pas une masse monétaire fixe, mais une masse monétaire stable, en lien avec la croissance démographique et le volume des échanges. L’offre monétaire doit être contrôlée par les gouvernements, pas par des banques privées, et elle doit être soigneusement auditée. On ne peut plus permettre la libre augmentation de la masse monétaire et laisser l’inflation s’envoler, comme aujourd’hui.

PI. Pouvez-vous raconter ce qui s’est passé en 1989 sous la présidence de Bill Clinton ?

RA. Robert Rubin et Larry Summers, deux anciens de la banque Goldman Sachs, ont fait pression sur le président Clinton pour se débarrasser de la loi Glass-Steagall. Ça a été une catastrophe parce que votre banque au coin de la rue peut maintenant prendre votre argent sur votre compte et l’utiliser pour spéculer et s’enrichir. On a vu ce que ça a donné. [La loi Glass-Steagall avait été votée en 1933 pendant la Grande Dépression pour séparer les activités bancaires traditionnelles des opérations d’investissement.] (...)

La spéculation sur les matières premières est devenue la principale source de bénéfices des banques d’investissement. Goldman Sachs, Barclays, JP Morgan, Deutsche Bank et Morgan Stanley font tout – jusqu’à l’absurde – pour s’enrichir de cette manière. Goldman Sachs seule en retire des bénéfices annuels de 5 milliards de dollars. Ces gens et leurs actions ne sont pas dignes d’occuper une place dans une société civilisée. Il faut réformer tout ça, et aider les victimes de cette torture silencieuse.

PI. Pourquoi les grands médias ne parlent-ils pas des souffrances causées par cette crise ?

RA. Les médias traditionnels sont la propriété des grands trusts de la finance, de l’assurance et de l’immobilier, et ils ne veulent pas que les gens connaissent la réalité des choses. Ils gagnent beaucoup d’argent quand les gens ne savent pas vraiment ce qui se passe. Ce n’est pas une théorie du complot, c’est la pure réalité économique. Si j’étais propriétaire d’une grosse entreprise immobilière, d’une compagnie d’assurance, et d’une banque de crédit, la première chose que je ferais, c’est acheter un grand nombre d’entreprises des médias pour continuer à faire passer mon message dans la conscience collective. Et je ne parlerais ni ne programmerais jamais de films comme Les Quatre Cavaliers ! "




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