@Zatara
Je ne prend pas tout perso ( commence pas ) , je précisais le contexte de mon commentaire.
Pour te répondre : d’après ce que j’en sais,
les Russes ont effectivement été mit au courant des heures avant cette attaque (ce
qui est une procédure tout à fait normale, il ne fallait pas que ces attaques
tuent des soldats Russes, Washington devait absolument prévenir Moscou pour
éviter ce type d’incident). Ce qui ne veut pas dire, comme certains l’ont
interprété que les Russes ont donné leur accord à ces bombardements (c’est une
hypothèse qui me semble absurde). De ce coté là, je ne vois aucun mystère.
Pour ce qui est de la
politique intérieure, c’est plus complexe. Ce qu’il y’a à Washington, c’est un jeu de go administratif
: on essaie de conquérir des territoires pour pouvoir impulser la politique de
l’empire américain dans un sens ou dans un autre. C’est un jeu qui existe
depuis longtemps entre les Etats parallèles (terme qui convient mieux qu’Etat
profond car ces groupes ne sont pas homogènes, ce sont des centres de pouvoir
quasi autonomes qui se décomposent et se recomposent, passant de postions d’alliances
à des positions de concurrences. En principe, le rôle du président est de faire
une synthèse des intérêts de ces différents Etats parallèles, ce qui permettait
d’assurer la pérennité des institutions de la République. Mais depuis la
période Obama, à peu près aux alentours de 2013 et peut être encore une fois
depuis la dernière affaires des armes chimiques, ces Etats parallèles sont
passés d’un stade de concurrence à un stade de franche hostilité , qui a fait
que la politique étrangère américaine n’existe plus de façon cohérente).
Dans ce bordel, tu rajoutes
le phénomène Trump qui est profondément déstructurant et qui déstructure encore
plus ce qui était déjà en voie de déstructuration et tu imagines un peu le
chaos qu’il y’a à Washinton. Pour le moment, ces Etats parallèles ont au moins
une chose en commun : la haine de Trump. Pour le reste, ils s’affrontent
dans une bataille des institutions et Trump est en quelque sorte le pion central,
le but du jeu est de réussir à l’encercler
de tous les cotés pour le ramener dans
un courant et le pousser (voir le protéger contre les autres Etats parallèles)
pour qu’il applique un programme.
De son coté Trump est un
pion mais comme on dit , le pion peut aussi instrumentaliser les joueurs en les
opposant les uns autres. En observant les nominations, on voit que Trump a
commencé par chercher à faire consensus entre ces différents Etats parallèles (
ce que tout président doit faire en principe ) , ça se voyait car il nommait
des gens de différents réseaux mais il ne s’était pas rendu compte qu’ils étaient
en guerre et qu’aucun compromis entre eux n’était possible. Comme c’est un
pragmatique , il doit en ce moment se dire qu’il vaut mieux courber l’échine momentanément
face à un de ces Etats parallèles pour pouvoir commencer à mener sa politique
intérieure. Ca se traduit du point de vue institutionnel par un alignement sur
les élites du parti républicain très hostile à Moscou. Il fallait leur donner une
preuve de bonne foi, lui qui est accusé d’être complaisant avec la Russie, voir
carrément d’être une marionnette de Poutine : par ses déclarations sur la
Russie et en bombardant la Syrie il espère mettre les choses au clair. A mon avis,
ça ne suffira pas , s’il continue dans cette voie , il va se retrouver à être obligé
de déclarer la guerre à la Russie pour prouver que Poutine n’est pas son pote.
Je plaisante, mais voilà,
il est poussé à avoir une attitude de plus en plus hostile envers la Russie. Je
ne sais pas ou ça va mener et je ne sais pas ce que ça pourra avoir comme
conséquence sur le pouvoir Russe lui-même car Poutine pourrait aussi se laisser
déborder par ses propres chiens de guerre qu’il a réussit à calmer sur l’Ukraine
en expliquant que c’est un remake du piège Afghan et que se lancer dans une
opération militaire à grande échelle là bas serait catastrophique. Si des
soldats Russes sont tués par des bombardements américains, il ne pourra plus
tenir ses chiens.
C’est une situation
dangereuse et instable mais elle est tellement imprévisible que des relations
cordiales peuvent aussi rapidement se rétablir entre Washington et Moscou et
ensuite se dégrader de nouveau. Il faudra attendre l’an prochain pour dire ou cette
relation de façon stable si cette stabilité est possible et si on est encore
vivant jusque là.