LES FORÊTS
SACRÉES
Les Dryades
(1) étaient logées à portée des forêts sacrées. Le nom de munster que portaient les chefs-lieux de leur résidence est un
terme qui signifie lieux consacrés aux
Mystères ou à l’observation des astres. Mun-Sterren
(ou Mu-Sterren) signifie étoile
monitoire, constellation, réunion des Déesses monitoires.
De ce mot on
a fait My-stère, qui doit être écrit Mu-stère, et qui signifie « secret des
Déesses », c’est-à-dire un secret qui commandait la vénération (Mot qui vient de Vénus) des peuples, mais qu’il ne
convenait pas d’approfondir, si bien que Mystère signifia choses occultes, ou
choses sexuelles, cachées, et, peu à peu, Mun-stère
signifia Ecole secrète où on enseigne des choses cachées.
En
latinisant le mot munstère, les prêtres ont fait munsterium ou monastère.
« Les auteurs qui ont traité de l’usage des
Forêts sacrées ont bien remarqué que ce culte a été universel et qu’il date des
temps les plus reculés », dit de Grave.
On sait
qu’on rendait des oracles dans la forêt de Dodone et dans celle de Daphné.
Voici en
Angleterre une forêt (munster) appelée West-Minster.
Minster,
comme munster, indique que sur cet emplacement il y avait une maison religieuse
consacrée aux Mystères, et cette maison était un mona-stère, c’est-à-dire
qu’elle abritait un seul sexe. Le local, ou le sanctuaire, où il fut bâti,
portait le nom de Thorney, qui venait sans doute de Thorah (la Loi). Ce lieu
était jadis une forêt sacrée (lucus sacer), d’où le mot LHWN, origine du mot
Londres (d’après Gambden), qu’on fait signifier ville construite d’arbres et de
bois.
Londres
(London) est nommée par les Cambro-bretons, habitants originaires du pays,
Lundain, et par Ammien Marcellin Lundinum ; le mot lund signifie lucus (forêt).
Lunder
signifie une forêt en langue islandaise.
Rappelons
que West-Minster est devenu le Palais du Parlement britannique.
Mais
l’usurpation masculine a eu des étapes.
Sous le
régime mythologique grec, cette maison fut consacrée au culte d’Apollon.
Sulcardus,
cité par Cambden, assure qu’il se trouvait là un temple delubrum Apollinis. C’est de ce chef que l’Angleterre porte encore
dans ses armoiries la lyre ou la harpe d’Apollon, et que les Eaux de Bath sont
appelées, dans l’itinéraire d’Antonin, Aquae
Solis, eaux consacrées au soleil.
L’ancienne
signification du mot mun-stère était avertir, faire ressouvenir, c’est-à-dire
instruire. Men signifiait conduire, et mener a fait Mentor.
(Voyez de Grave, La République des Champs Élysées, t. III, p. 218.)
Quel était
donc ce mystère qu’on enseignait si secrètement ? Tout simplement la Loi des
sexes ; c’est cette Loi, ce dualisme qui est représenté dans les Mystères par
deux colonnes, et que l’on retrouve dans une multitude de symboles qui ont été
altérés, et dont la forme ultime seule a persisté, telles la Toison d’or, la
Pierre philosophale, la transmutation des métaux.
La Grande
Déesse Vénus, qui vint rétablir la Vérité après le déluge du grand perturbateur
Ram, le déluge du péché (les disciples
de Ram étaient appelés Ramsès en
Égypte), fut considérée comme une Némésis vengeresse, et ce n’est que dans le
Mystère qu’elle put rétablir l’enseignement de la Vérité.
(1) Il s’est formé, chez les Celtes, une catégorie
de Maîtresses d’Ecole qui a porté différents noms. On les appelle souvent des Normes
(d’où normale), et on nous représente trois Normes fondant un collège chez les
Germains et les Scandinaves ; de là le mot Dryade (dry, trois).
Mais le nom qui a surtout été conservé est Druidesse, féminin de Druide.