Cette
émission est un cas d’école à conserver dans les archives et qui doit servir de
contre modèle à une refondation citoyenne des médias. Je recommande le
décryptage qu’a fait Acrimed du dispositif mit en place pour faire croire
que l’invitée hétérodoxe est là pour présenter son dernier livre et en débattre
dans le cadre d’un débat contradictoire pluraliste et équilibré mais qui n’existe
en réalité que pour organiser le lynchage de l’invité par une meute de chiens
de garde et le tout sous la bienveillance d’un animateur très partial.
D’un point
de vue quantitatif, sur une émission de 54 minutes, le sujet dédié au livre de Monique
Pinçon-Charlot en sa présence dure 17 minutes. Son temps de parole aura été de 5
minutes durant lesquelles elle sera interrompue treize fois ( je ne parle même pas
du fait qu’elle soit en plus coupée au montage ). Evidemment, dans un face à face,
ce déséquilibre aurait été trop visible. Alors que fait-on ? On met en
place un plateau qui réunit six personnes autour d’une table. L’invitée se
retrouve ainsi seule face aux des chiens de garde mais l’animateur pourra défendre
le concept de son émission en prétendant que tout le monde a eu le même temps
de parole. A noter que deux de ces invités ont précédemment parlé de leur livre
dans l’émission mais que cette fois, Monique Pinçon-Charlot n’était pas là, elle,
pour leur porter la contradiction.
Evidemment,
le bourgeois qui aura vu cette émission n’y verra que du feu, d’autant plus qu’en
règle générale les opinions qui y sont défendues sont peu ou prou les mêmes que
les siennes (il est même fort probable qu’il ne sache même plus que ce ne sont
que des opinions et non des faits). Et lorsque vous lui direz que les médias ne
sont pas libres, il vous prendra pour un « conspirationniste ». C’est
la grande force du dispositif, dont la perversité saute néanmoins aux yeux du populos
ou du bourgeois capable de faire abstraction de son milieu social.