« Dans
un État de droit, on n’interdit pas ce qui nous déplaît individuellement »
------> Et
pourtant, c’est bien la voie que notre société prend. On n’aime pas les blagues
d’un humoriste ? On essaie d’interdire ses spectacles. Le signe de la
quenelle de ses fans nous déplait ? On essaie de l’interdire. Un chercheur
publie des travaux qui vont à l’encontre des conclusions d’un tribunal militaire et
qui heurtent des sensibilités ? On interdit l’expression de ces conclusions. On est « choqué » parce que des gens
se colorent la tête en noir ( et on appelle ça « blackface »), on essaie
de l’interdire. On n’aime pas que des femmes portent des tissus sur la tête ?
Evidemment, on tente de l’interdire.
Au rythme où
vont les choses, notre régime sera de plus en plus régis par cette pulsion qui
consiste à expurger de la société tout ce qui déplait, qui heurte les sensibilités,
que l’on trouve répugnant, et donnera naissance à la tyrannie des ressentis et
des émotions. Et je ne défends pas l’idée rationaliste naïve qui consiste à évacuer totalement
les affects de l’ordre politique mais lorsqu’ils deviennent la principale source
de production normative, c’est autre chose …