@Conférençovore
Les faits
divers renseignent sur l’état d’une société mais ils renseignent très mal. La surexposition
médiatique aux faits divers mène à ce que qu’on appelle « le biais de
disponibilité » qui est la tendance à évaluer la probabilité associée à un
évènement en fonction de la facilité avec laquelle des exemples nous viennent à
l’esprit. Il s’explique par le fait que notre système cognitif utilise des
informations enregistrées dans notre mémoire notamment lorsque celles-ci sont saillantes,
et c’est précisément, l’effet des faits divers : les rendre saillant. C’est
ainsi que, par exemple, dans les sondages, les gens déclarent qu’un voyage en voiture
est moins dangereux qu’un voyage en avion alors que les statistiques montrent
que les accidents de voitures sont bien plus fréquents et font incomparablement
plus de victimes. Seulement, ce sont les accidents d’avion qui sont les plus
spectaculaires et les images, relayées par les médias se transforment en
souvenirs facilement et rapidement disponibles, c’est ainsi que notre mental va
surpondérer ce risque.
Je ne dis
pas qu’il ne faut pas lire des faits divers mais il faut tenir compte de ce fait
surtout dans un contexte le nombre de faits divers dans les JT a augmenté de
plus de 70 % en une dizaine d’année, sans même parler de la montée en puissance
des réseaux sociaux aujourd’hui ou certains sites sont spécialisés dans l’empilement
des faits divers de manière cumulative et qui renforce d’autant plus le
sentiment qu’on a affaire à une situation de quotidienneté constante. Et il
suffit que ces faits divers correspondent à un vécu personnel pour qu’on se
construise une réalité qu’on jugera incontestable, le fameux « LE réel »,
pour reprendre mon exemple d’accident d’avion, une personne qui a perdu un
proche dans un accident d’avion ou qui a survécu à une catastrophe aérienne mais
qui prend la voiture tous les jours aura la très forte impression que les
avions sont plus dangereux que les voitures, une impression tellement forte qu’elle
en deviendra une conviction et il y’a de forte chance qu’elle accuse de déni
pathologique ceux qui la contredisent.
C’est pareil
pour la sécurité et c’est pourquoi il y’a une différence entre l’insécurité en
tant que telle et le sentiment d’insécurité qui est un affect reposant sur le
vécu et/ou la surexposition médiatique aux faits de violence et qui peut
donner l’impression que notre société est de plus en plus violente alors qu’il
n’en est rien, voir cette
excellente vidéo de Dataguele sur le sujet. En conclusion, à la compilation de faits
divers qui ne parlent des trains que lorsqu’ils sont en retard , je préfère l’analyse
transversale d’un phénomène qui permet, elle, de distinguer sa visibilité et sa
fréquence.
Quant aux théories
sur le QI des populations qui s’appuient sur le travail de Richard Flynn, je
vois depuis des années énormément de choses qui sont dites à ce sujet comme si
c’était une causalité absolue mais combien ont réellement lu Flynn ? Et
plus encore, combien de gens ont lu les critiques de ces travaux et connaissent
les erreurs méthodologiques qui ont été notées ? C’est un très vaste sujet dont
il serait difficile de parler sur ce site de façon intelligible mais je dirai
simplement n’adhère pas à cette théorie. Par ailleurs, je suis persuadé qu’en
cherchant bien, on trouvera un fait divers d’un prof tabassé par un élève dans
les années 60.