@yoananda2
Au sujet de ton long post en deux parties.
Très intéressante ta
vision des choses. Certaines de tes idées me semblent pertinentes et
j’ai tendance à y adhérer, notamment la notion d’égrégore,
l’importance accordée à l’information et
à l’idée que
l’humain est un récepteur,
ainsi que la
notion de non-séparation (notion de séparation illusoire). Mais
j’aboutis à des conclusions opposées. Ce qui me chiffonne dans
ton paradigme, c’est qu’il est parfait pour justifier le
fascisme. Ce n’est pas une accusation, on fait ce qu’on peut, toi
comme moi, pour comprendre, et
c’est déjà énorme. C’est juste que
je me demande si tu t’en rends compte ou pas.
Ce que je te « reproche » c’est
d’être séduit par
les connaissances que tu as acquises et que tu assembles
en un tout cohérent pour en constituer un paradigme. L’impression
qu’on en retire c’est que tu avais une thèse qui s’est formée
petit à petit au cours de tes lectures et que le processus
d’acquisition des connaissances s’est transformé en recherche de
confirmation de l’hypothèse de départ (le fameux biais de confirmation). C’est flagrant, notamment, quand tu expédies la Genèse en décrétant que c’est un mythe. Genre « Bon, ça c’est fait. » Ce
n’est pas une mauvaise chose en soi (il y a aussi des confirmations valides),
sauf que ça a tendance, si on n’y prend
pas garde,
à réduire notre
champ de perception intellectuel, concrètement à éviter ou à ne
pas voir des explications alternatives.
La cohérence ne suffit
pas : tu peux construire une théorie parfaitement cohérente
mais fausse. Un peu comme une géométrie non-euclidienne :
aussi cohérente soit-elle sur le papier, cela ne nous dit rien de sa
pertinence en tant que modèle s’appliquant à la réalité. Une
somme d’idées justes ne fait pas un tout qui est juste.
Le point de divergence entre nous c’est ton
hyper-déterminisme. Pour faire court, tout
ce que tu dis au sujet de nos déterminations est vrai, mais cela ne
s’applique qu’à l’ego. L’originalité de ta démarche, c’est
que tu mélanges des éléments matérialistes (les gènes),
scientifiques et mathématiques (les
fractales) avec des éléments pour le
moment considérés comme spiritualistes, comme la notion de pensée
indépendante de la matière et donc du cerveau. De ce mariage
bizarre entre matérialisme et platonisme, tu es heureux d’en
déduire l’absence d’individualité, et
donc l’absence de conscience individuelle, et
donc l’absence de libre arbitre. L’humanité
se réduit à un ensemble d’égrégores en concurrence sur le
marché des pensées et des désirs, et
chaque être humain n’est que le jouet
des forces qui le traversent.
As-tu déjà pratiqué la méditation ? Dans
l’état méditatif, les déterminations ne sont pas supprimées,
elles cessent de nous déterminer. L’individu comprend que la
notion de séparation est illusoire, mais l’individualité n’est
pas pour autant abolie. Tous les mystiques
ont recherché l’unité avec un principe supérieur, qu’ils
sentent au fond d’eux-mêmes et auquel ils veulent se relier. C’est
dans ce choix de l’unité avec le
principe divin qui gouverne l’univers, ou dans le choix inverse de
l’ignorer et de rester à jouer dans le bac à sable qu’est le
monde matériel, que réside notre liberté. Et le libre-arbitre est
la possibilité, en théorie possible à tout instant, de suspendre
les déterminismes en se connectant à la Source.
L’homme est une créature qui fait le détour
par l’individualité et par la séparation pour expérimenter
l’unité qui ignore ce qu’elle est tant qu’elle
n’a pas expérimenté son contraire, de même que le poisson ne
sait pas ce qu’est l’eau tant qu’il n’en est pas sorti.