Quand je parlais de la France, je parlais de l’oligarchie, Kery James

Je diffuse ici deux parties d’une interview de Kery James, le meilleur rappeur français selon moi, qui vaut la peine d’être écoutée.

Kery James est connu pour aborder dans ses textes des problèmes de société telle que l’argent, la violence et les valeurs morales et dans on engagement pour l’émancipation et la réussite des jeunes des quartiers populaires.

Plusieurs thèmes sont abordés dans cette interview :

-La polémique qu’a suscitée son rap lettre à la république :

 Sur « la France islamophobe » il explique : Quand je parlais de la France, je parlais de l’oligarchie, je ne parlais pas de chaque français. Déjà je ne connais pas chaque français. Je visais ceux qui dirigent la France.

La stigmatisation des musulmans émane d’une volonté .Les médias et le pouvoir ont décidé que pour cacher la crise économique il fallait un coupable et que le coupable serait le musulman. Malheureusement une grande partie de la population croit ce que disent les médias (...). Mets toi à la place d’un français de souche, toute la journée on te dit que les musulmans sont un danger, les musulmans vont envahir la France, les musulmans ne veulent pas pratiquer leur religion de manière discrète mais veulent mettre des minarets et après on te dit et en plus le Qatar rachète le PSG …

Dans lettre à la république, je m’adresse à ceux qui prétendent nous diriger et qui ont choisi de faire comme si les noirs et les arabes sont venus en France par hasard alors que c’est eux mêmes qui ont voulu qu’elle existe et qui ont fait que cette immigration ne soit pas réussie. Ils n’ont rien fait pour que la jeunesse immigré se sente française ! C’est trop facile de dire « ces méchants noirs et arabes qui nous ont envahit » alors qu’on les a fait venir ».

Concernant le FN Kery James affirme : « Bien sur que la poussée du FN est lié à ce que les médias ont propagé comme image des musulmans, des noirs des arabes, des banlieusards. Mais moi très sincèrement je ne suis plus à l’étape ou l’on considère que le front national serait l’ennemi absolu. Parce que quand tu regardes bien, le FN n’a jamais dirigé la France. Toute la souffrance qu’on prétend avoir subit, ce n’est pas le front national qui nous l’a fait subir ».

Tous les jours en France les médias nous parlent du danger de l’Islam et pourtant la France a de très bon rapport avec le Qatar ou avec l’Arabie Saoudite ou des gens se font couper la main parce qu’ils ont volé. Il y’ a de bons et de mauvais Musulmans parce qu’il y’ a des musulmans riches et des musulmans pauvres ».

-La révolte des Banlieues et la politique.

« On est arrivé à un point ou la rupture est trop grande entre ceux qui dirigent la France et ceux qui sont dirigés. À quoi consiste les émeutes si ce n’est bruler nos propres infrastructures. Comment ils osent dans les émeutes, bruler des écoles ? Nous à l’époque quand on était sur le terrain, jamais on aurait acceptés. Bruler l’école ou va mon petit frère ? Bruler nos écoles à nous, ca ne vas jamais faire avancer les choses. Ils brulent à coté de chez eux parce qu’ils n’ont pas le courage d’aller aux champs Elysée. Parce que si tu vas sur les champs Elysée tu vas en prison, c’est tout ».

Au propos de Max Tyer qui parle de mal être Kery répond « si c’est ma voiture que tu brules, ton mal être je vais te le faire ravaler… tu vas le rembourser ton mal être ».

« Le problème de la banlieue ne se règlera pas par des manifestations, il se règlera par nous-mêmes. C’est aux banlieusards de se prendre en main, de monter des entreprises, d’avoir un pouvoir économique et d’aider les gens qui sont autour d’eux.

La politique se fait avec de l’argent. Pas la politique politicienne, il faut influer sur la politique et ça se fait avec de l’argent. Pour moi, le respect dans cette société qui est une société capitaliste, tu l’obtiens par l’argent  ».

Un intervenant pose la question de cette deuxième France qui investit dans les pays d’origine et conte à terme s’y installer.

Kery James réponds : « le problème est qu’on ne pourra pas tous partir de France(…). Il y’ aura forcément des gens qui vont rester ici et il faudra s’organiser ».

-L’illicite

« Aller en prison pour quelqu’un qui est dans l’illicite c’est une fatalité. Sauf si c’est une balance mais nécessairement il ira en prison, même si c’est le plus intelligent, le plus organisé, le plus paranoïaque ».

Sur l’impact de ce discours sur les jeunes il dit : « on n’est pas tous prêt à entendre un certain discours à un certain moment de sa vie. Mais le discours que je tiens, un jour ou l’autre tu finis par le comprendre. Même si tu me dis « me raconte pas ta vie », un jour tu comprendras ce que veux dire « quand sonne le fusil à pompe tout le monde se couche  ».Un jour tu comprendras ce que ça veut dire de perdre quelqu’un. Un jour il comprendra que ce que j’ai dit est vrai, c’est une question de moment dans sa vie, on a tous le temps de murir ».

-Sur les médias

« Dans le morceau qui s’appelle vent d’Etat, je dis : « Entre les médias et le pouvoir je ne parle plus de relation, je dis que les médias sont le pouvoir, je parle plutôt de fusion. »

Les médias sont détenus par les gens qui ont le pouvoir, ils ne disent que ceux que le pouvoir veut qu’ils disent.

Concernant ses passages dans les médias : « Le problème à la télévision, c’est que le format est court et ils ont besoin de te mettre dans une case. Ils n’ont pas le temps d’expliquer aux gens des choses complexes, ils ont besoin de dire : c’est un musulman extrémiste, c’est un jeune repentit, c’est un rappeur sage. Tu ne peux pas entrer dans les nuances parce que tu n’as que 10 minutes et que tu es sur leur terrain ».

Ici « vent d’Etat », un rap contre les manipulations médiatiques en live avec quelques punch line

Les médias n’se contentent plus de cacher l’information
Ils sont carrément passés maîtres dans la désinformation
Dans la désinformation, ils font passer pour une victime celui qui commet l’agression
Entre les médias et le pouvoir, je n’parle plus de relation
J’dis qu’les médias sont le pouvoir, je parle plus que de fusion

Les médias pyromanes nous poussent vers l’autodestruction
En opposant le peuple, ils espèrent la collision
Manipulent nos sentiments, jouent de nos appréhensions
Tu veux reprendre ta liberté : éteins ta télévision

Source : RapeliteChannel

 Yoni Jekyll

Tags : Société