A
l’époque reculée où l’homme n’avait encore pour mœurs que ses instincts, on
avait remarqué combien sa nature le portait à l’opposition, à la contradiction,
à la domination.
C’est pour enrayer ses mauvais instincts que les Mères instituèrent une
discipline élémentaire qui est toujours restée depuis dans la société, et qu’on
désigne encore par les mots « éducation », « convenance », « savoir-vivre », «
manières comme il faut ».
C’est cette retenue des mauvais instincts qui fut d’abord la Religion.
La connaissance que l’on avait des lois qui régissent la nature humaine avait
fait comprendre que l’homme doit être discipliné, « apprivoisé »,
pourrait-on dire, afin de pouvoir vivre dans la société des femmes, des enfants
et même des autres hommes.
Une lutte entre son instinct et sa raison :
L’homme
qui veut marcher droit dans la vie est condamné à lutter avec lui-même pour
vaincre l’instinct du Mal, qui sans cela l’envahirait. Il a, pour le guider
dans cette lutte, la conscience, qui l’avertit très clairement qu’il fait mal
quand il obéit aux impulsions provoquées en lui par la régression cérébrale.
Il
sent, tout aussi sûrement, qu’il fait bien lorsqu’il obéit aux impulsions
primitives qui le ramènent à la droiture, à la vérité, à la raison. La
satisfaction qu’il en éprouve l’avertit qu’il a bien fait.
Mais
pour obéir à cette impulsion première, il faut vaincre la sexualité. L’homme
doit donc être en lutte continuelle avec lui-même et, suivant l’expression d’un
philosophe, « faire remonter tout son sexe dans son cerveau ».
C’est
pour atteindre ce résultat que, dans une antiquité lointaine, on avait formulé
un code de morale qui fut la véritable base des grandes religions primitives.
Ainsi on avait su appliquer à la vie pratique les conclusions de la science.
Nous
retrouvons, du reste, tout ce fonds antique disséminé dans les prescriptions
des moralistes de tous les temps et de tous les pays, qui n’ont fait que les
propager sans y rien ajouter, si ce ne sont quelques altérations, quelques
erreurs.
L’homme
lui-même comprit qu’il fallait lutter, sa raison, quand elle reprenait son
empire, lui dictait des lois qui devaient le maintenir dans la droiture
primitive, ou l’y ramener.
Victor
Hugo, qui comprenait la nature, a dît, très justement : « Ceux qui vivent cesont ceux qui luttent. »