Légumes d’antan, retour gagnant. Oui, mais pour qui ?
Voilà une vidéo qui m’avait fait sursauter. L’illustration parfaite du serpent qui se mord la queue.
Légumes d’antan, retour gagnant : un titre perfide qui met en évidence 50 ans d’agriculture intensive et de commercialisation en supermarché depuis les années 70-80.
Ces légumes oubliés sont aujourd’hui vendus hors de prix en tête de gondole.
- Oubliés justement parce qu’ils ne supportent pas les critères de vente de notre monde normalisé et standardisé. Ils n’ont pas la même forme ni la même taille de l’un à l’autre, donc ne conviennent pas à la transformation industrielle
- Hors de prix, car la topinambour présenté à 5euros au supermarché se vend sur les marchés locaux 2euros50 à 2euros80. Idem pour la tomate.
Titre perfide car les semences de légumes oubliés sont interdites à la commercialisation car non-inscrites au catalogue officiel. Se conférer au long combat perdu de Kokopelli contre la société Baumaux.
La notion de terroir n’a telle pas disparue avec l’appartition de l’agriculture intensive, des fruits et légumes calibrés et leur commercialisation en supermarché puis hypermarché ?
Maraicher de profession, je me retrouvre comme tant d’autres dans l’illégalité lorsque je sème, produit et commercialise entre autres des graines de tomates achetées chez Kokopelli.
Légumes oubliés aujourd’hui, se traduit par hybrides de laboratoire inscrit au catalogue officiel, donc ces légumes ne sont pas anciens mais nouveaux.
Avec pour exemple, la culture de tomates de 20 hectares produites sous serre en Bretagne. Qui dit légumes oubliés, dit saisonalité. Une tomate plein champ produit de juin à octobre-novembre. On se doit d’en consommer fraîche pendant cette saison, en dehors de cette période nous devrions consommer des coulis ou des tomates au jus. En cette saison hivernale, les salades devraient être composées à partir d’endives, de mache, de carottes, de betteraves, de radis noir, de salades vertes résistantes au froid.
Mais non dans ce reportage, on nous montre la tomate à coût de production élevé( chauffer 20 hectares de serre en hiver est contre-productif) et une tomate qui peut tenir 500 à 1000 km de trajet (pour refourguer cette camelote produite en bretagne dans toute la france). Alors qu’une tomate fraîche se consomme sous 4 jours, rythme inadapté aux centrales de supermarchés.
Donc hyprocrisie et production contre-nature sont les mamelles de l’alimentaion du 21eme siècle. Des maraichers travaillent d’arrache-pied pour produire des semences réellement oubliés, dans l’illégalité puisque non-inscrites au catalogue officiel et les vendent à des prix raisonnables pour voir ce travail dans un premier temps pillé par l’agro-industrie pour le dénaturer puis dans un deuxième temps interdit à coups de milliers d’euros en inscrivant des hybrides au catologue officiel et rendant caduque l’utilisation de semences anciennes appartenant au patrimoine public.
Avec pour résultat des coeurs de boeuf vendues non-bio à 4euros50, sachant que sur les marchés bio ces tomates se vendent entre 2euros à 3euros50.
Evidemment pour conclure je suis en accord avec le cuisinier et sa dernière intervention, "la coeur de boeur en intensif c’est de la merde".
En consommateurs avérés vous saurez où acheter des légumes, faites des heureux auprès de vos proches et soutenez les petits maraîchers qui proposent sur les marchés tout au long de l’année des produits de saison, gouteux et riches en éléments nutritifs contrairement aux légumes sans saisonnalités, sans saveurs et riches en eau.
Et dernière hypocrisie, le marché de la semence hydride beaucoup plus "juteux", beaucoup plus rentable que le marché de la semence traditionnelle/ancienne sélectionnée. Sachant que le grand capital n’admet pas la concurrence, même infime soit-elle, ses sbires mettent tout en oeuvre pour faire disparaitre à coups de millions d’euros les dernières traces de patrimoine pour inscrire dans la tête de l’humainité un nouveau patrimoine,celui des plantes hybrides( consanguines puisque croisées et recroisées et encore recroisées à partir d’une même souche).
Crosne, panais, pâtisson, rutabaga : ces légumes aux noms curieux, longtemps laissés à l’abandon, sont de retour sur les étals de nos maraîchers, mais aussi dans la grande distribution. Tombés en désuétude peu après la Seconde Guerre mondiale au profit d’une agriculture intensive, leurs noms sont associés à des périodes de malheur ou de disette. Pourtant, ces légumes ont désormais le vent en poupe. Ce succès ne traduit-il pas un réel besoin d’un retour à l’authentique ? Ces racines rustiques aux formes bizarres incarnent apportent une certaine diversité dans les assiettes. Les chefs étoilés sont à l’origine de cet engouement et aujourd’hui, après les marchés, la grande distribution suit la tendance.
Tags : Agro-alimentaire Agriculture
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