Quand le journalisme s’effondre sur la Syrie
Il est dit que la moitié de la population syrienne soutient Bachar Al-Assad. Or, seuls les rebelles ont la parole ; et seule cette parole retient l’attention des journalistes occidentaux.
Indépendamment de ce qu’on peut penser de la nature du régime syrien, comment peut-on accepter un tel parti-pris qui, à coup sûr, nous éloigne d’une quelconque compréhension d’une réalité forcément composite ?
Comment les médias peuvent-ils preuve d’un tel parti-pris semaine après semaine ?
Qu’est-ce à dire ?
S’agit-il d’incompétence ? Ou bien... ce parti-pris cacherait des allégeances que nous lecteurs n’avons aucune raison d’encourager ?
Est-ce que tous les journalistes de toutes les rédactions sont unis derrière ce qu’il faut bien nommer un "fiasco journalistique" ?
Car, notre compréhension de la Syrie d’ici cinq ans, n’est-ce pas aujourd’hui qu’elle trouve et prend sa source ?
Mais alors... comment nous lecteurs pouvons-nous accepter un tel parti-pris ? Alors que rien ne nous y oblige ! Car enfin... n’est-ce pas tout un pan du métier de journaliste qui s’effondre sur la Syrie ?
Comment à l’avenir faire confiance à tous ces médias ? Sur quels sujets ?
Conférence à Genève, sous haute surveillance : une journaliste russe entourée de Syriens francophones qui exigent le départ de toutes les troupes étrangères du sol syrien, désespérés à l’idée de voir leur Pays détruit tel l’Irak ou la Libye.
P. S.
Syrie... guerre civile et chaos...
En Irak, pour ne mentionner que ce pays, dix ans après... on n’a toujours pas reconstruit. Il y avait de l’eau et de l’électricité... il n’y en a plus. Car il se pourrait bien qu’avec l’Irak, la Syrie et la Libye on soit confronté à une nouvelle stratégie : celle du chaos ad vitam æternam pour ces trois pays ( 4 avec l’Afghanistan) que l’Occident ne peut décidément pas contrôler… contrairement à la Tunisie et à l’Egypte ; en ce qui concerne ces deux pays, les populations n’ont plus voulu des laïcs affairistes… soit ! On leur sert des religieux (sans doute tout aussi affairistes !) ; l’important étant que les Occidentaux continuent d’assurer les transitions et les changements de régimes.
Le sujet de ce billet c’est la démission du journalisme devant les événements de Syrie ; même RFI n’est plus vraiment capable de faire "le job", hormis une émission sur l’eau dans le contexte du conflit syrien, avec le Liban et Israël... ICI
N’oublions pas le Golan ! Le château d’eau de la région. Une Syrie à genoux (inopérante) pour les 20 prochaines années... ça arrange bien du monde.
L’erreur, bien sûr, c’est de ne raisonner qu’en termes de soulèvement populaire.... parce que là, il n’y plus de questions à se poser car enfin... n’a-t-on pas toujours raison de se révolter ?
C’est l’option la plus confortable car la moins risquée : elle arrange tout le monde. D’où l’absence d’expertise et d’analyses aussi globales que dérangeantes dans les médias dominants… même s’il y a de fortes chances pour que personne ne croie à la seule thèse du « soulèvement populaire spontané » ; tout le monde soupçonne des stratégies globales qui ont déjà 20 ans ; néanmoins, exposer ces stratégies c’est prêter le flanc à tous les chantages : antisioniste, antiaméricain, complotiste, antisémite…
Quel média peut s’offrir une telle prise de risque ?
Le piège s’est refermé. Quiconque souhaitera en sortir n’en tirera aucun profit (et les Syriens, pas davantage)... excepté la vérité sur laquelle tous les médias dominants se sont assis il y a longtemps déjà.
Aussi, ils auraient sans doute tort de se gêner.
__________________________
Pour prolonger, cliquez : http://blogs.mediapart.fr/blog/serge-uleski/230313/rfi-pour-ne-pas-mourir-idiot-la-seule-lecture-de-mediapart
Tags : Journalisme Syrie
9 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON