Pierre Jovanovic rappelle une information fort inquiétante, dans sa revue de presse internationale du 13 octobre sur la radio Ici et maintenant.
Une
dépêche AFP parue le 6 octobre nous apprend qu’"
en cas de crise majeure, l’armée peut engager 10.000 hommes sur le territoire national, selon une instruction interministérielle rendue publique au moment où sort un livre dont l’auteur assure que "l’Etat prépare la guerre dans les cités françaises"."
La dépêche fait donc référence à deux sources.
1. Le texte, daté du 3 mai 2010, est révélé dans le dernier numéro d’Armées d’aujourd’hui, une des publications officielles du ministère de la Défense. Cette instruction a été rédigée, avec le concours des ministères de l’Intérieur et de la Défense, par le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN). Ce service du Premier ministre a confirmé à l’AFP l’existence de ce texte en précisant qu’il était classifié "confidentiel défense".
Interrogé par Armées d’aujourd’hui, le préfet François Lucas, alors directeur de la protection et de la sécurité de l’Etat au SGDSN, a défini une crise majeure comme "un évènement - pandémie, attaque terroriste, catastrophe, crise d’ordre public - dont la gravité et la portée conduisent les autorités gouvernementales à activer le dispositif interministériel de crise".
2. Le livre, lui, est intitulé
Opérations banlieues, comment l’Etat prépare la guerre urbaine dans les cités françaises et est l’oeuvre de
Hacène Belmessous, journaliste et chercheur indépendant ; collaborateur permanent de la revue
Urbanisme depuis mars 1995, il participe aussi à l’hebdomadaire
Témoignage chrétien, au mensuel
Les idées en mouvement et au
Monde diplomatique.
L’auteur assure que les opérations de rénovation urbaine visent à faciliter les interventions policières, voire militaires, à venir dans les quartiers difficiles. Selon lui, le "contrat 10.000 hommes", dont il dit avoir eu connaissance au mois de juin sans pour autant citer le texte du 3 mai, vise "un seul territoire qui absorbe l’entière attention de Nicolas Sarkozy depuis les émeutes de l’automne 2005 : les +quartiers sensibles+". L’auteur va jusqu’à dénoncer une "inquiétante dérive vers la préparation d’une guerre totale contre les +territoires perdus de la République+".
Belmessous appuie ses dires sur une étude confiée, après les émeutes de 2005, à la société privée Eurocrise par la Délégation aux affaires stratégiques (Das) du ministère de la Défense. Cette étude, qui s’appuie sur l’analyse de la crise des banlieues de 2005, souligne que "l’idée du caractère quasi inéluctable d’un engagement des forces terrestres sur le territoire national dans des circonstances exceptionnelles semble gagner du terrain"."