Larsac2011

Prépare-toi, Spartakus, à une grosse, grosse, grosse, grosse, grosse déception pour le jour où tu découvriras le contenu de la nouvelle constitution islandaise.

C’est d’une banalité   

"Si le peuple, les citoyens lambda qui n’ont jamais leur mot à dire peuvent amender 20% du projet initial, vous savez déjà ce que ça représente ?"

Où allez-vous chercher que les participants à la consultation ont amendé les 20 % restants. Il s’agit principalement de compléments, d’adaptations et d’ajustements prenant en compte des réalités, nationales et internationales, qui n’existaient pas au moment de l’adoption de l’actuelle Constitution.

"Le nouveau contrat social aura une force de légitimité jamais égalée dans aucune de nos grandes "démocratie" contemporaines."

Je vous signale qu’en Suisse qui n’est peut-être pas une grande démocratie, mais un exemple tout de même en matière de "démocratie directe", toute modification de la Constitution doit obligatoirement être soumise au peuple. Dont la participation au vote se se situe généralement entre 30 et 40 %, et pratiquement jamais au-dessus de 65 %.

Quant à la force de légitimité effective, il faudra aller la mesurer, le cas échéant, du côté de ceux qui auront voté NON - surtout s’ils sont entre 45 et 49 % - en estimant que ceux qui ont voté se sont trompés ou ont été trompés.

Par ailleurs, je ne vous parle pas du ridicule de la situation, si la constitution prétendument écrite par le peuple était effectivement rejetée par le peuple.

Pour le reste, je vous rappelle qu’il n’est pas prévu de consulter les Islandais article par article et je vous signale, à titre d’exemple, que l’article 62 - qui ferait un beau b...el en France - stipule "L’Eglise évangélique luthérienne est l’Eglise d’Etat en Islande et, en tant que telle, elle doit être soutenue et protégée par l’Etat.", ce qui fait que si vous êtes résolument contre cette disposition, vous devez soit vous plier en acceptant la Constitution dans, soit rejeter la totalité de la Constitution.

Et cet aspect du processus - la possibilité de rejet -, limite considérablement la marge de manoeuvre des constituants amateurs, en leur intimant de ne rien inscrire dans la constitution qui soit de nature à la faire rejeter par une majorité lors du vote populaire.

Le problème s’est posé dans le canton de Vaud, en Suisse, où une nouvelle constitution a été élaborée, par une assemblée constituante, entre 1999 et 2002. Depuis la création du canton de Vaud en 1815, sa devise est "Liberté et Patrie" ce que les élus de gauche de la constituante trouvaient, évidemment, ringard. Ils proposèrent donc de la remplacer par une ânerie à la mode du temps, genre "Liberté et Solidarité".

Cette modification n’a pas été retenue, et c’est certainement ce qui a sauvé une Constitution qui, au final, n’a été acceptée que par 55.9 % des votants, le 22 septembre 2002.

Je ne voudrais pas doucher les enthousiasmes de certains, mais le résultat est d’une affligeante banalité. La nouvelle mouture reprend plus de 80 % de l’ancienne - et comment pourrait-il en être autrement ? Il s’agit d’une constitution, non d’un réglement sur les heures d’ouverture des débits de boisson - et on chercherait en vain, dans les 20 % restants, quelque chose de révolutionnaire, voire simplement d’audacieux*.

En outre, je pressens une embrouille finale. Comme je peux voir les choses, les citoyen(ne)s ne pourront pas se prononcer article par article (env. 80), mais en bloc, ce qui fait qu’ils auront le choix entre accepter des dispositions qui ne leur conviennent pas, ou rejeter des dispositions qu’ils approuvaient totalement.

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