Victimes.
Revenir à la simplicité, à
l’évidence. Tom a parlé juste. Si on tombait à la rue et que l’on pouvait en
sortir aussi vite, ce serait trop simple.
En fait le traquenard commence au
moment ou on y tombe, c’est le point de non retour et un autre point de non
retour vous y attend : l’alcoolisme ou la drogue, celui-là :
définitif..
L’exclusion vous entraîne dans un
phénomène à caractère exponentiel : plus on s’enfonce, plus on s’enfonce.
Il pourrait y avoir rémission si on n’entretenait pas cette exclusion par une
assistance dans le plus mauvais sens de la « charité ».
On passe devant le sdf ; on
lui donne une pièce et mieux, on lui parle et on lui dit : « bon
courage ! », sous entendu : « je ne peux rien pour
vous ».
On ne veut pas éradiquer
l’exclusion, elle semble rassurer ceux qui ne sont pas encore tombés et les
plus nantis, en particulier. La banalisation de l’exécrable s’est installée
dans notre démocratie.
Je peux en parler en connaissance
de cause, ayant travaillé six ans auprès des personnes sans domicile, payé par
la DDASS. J’ai pris un F4 pour les recevoir et « vivre avec ». Je
vais vous dire une chose indécente : je partageais mon salaire avec eux.
Tout cela m’a coûté ma place et
je m’en réjouis. Non, je ne suis pas maso : pas d’angélisme ! Vouloir
le partage est une lutte qui, si elle ne nous apporte que des satisfactions,
n’est qu’une gestion du malaise, de la misère.
Et mon travail a consisté pour
beaucoup à de l’assistance aux mourants : sacré travail décapant, travail
dans l’urgence.
Tom a parlé juste, je ne peux
mieux dire et il nous interpelle tous.
Si vous saviez l’aventure d’aller
vers ceux qui souffrent ! Ceux qui connaissent cette aventure en l’homme
savent comme on y est forgé et comme la vie reprend sens.
Respect à mes camarades morts à
la rue, ils ont plus de place dans ma considération que les politiques.
Pourtant le commissariat au plan a fait une analyse très pertinente de
l’exclusion, mais sur le terrain : on laisse mourir.
Je n’ai pas de conseil à
donner ; je les aimais, c’est tout !